Cinoche:
Upside Down: à première vue, on pourrait croire que c'est un film de science-fiction raté comme tant d'autres. Grossière erreur!
Upside down est en fait un film d'amour raté! Comme je descends pas mal de grosses productions, et que je ne veux pas passer pour un lecteur de Télérama qui enfonce des films à gros budget par principe, je vais souligner les points positifs du film!
Points positifs du film: Les paysages sont magnifiques.
Passons à tout ce qui déconne sérieusement:
Le générique de début qui révèle toute l'intrigue:
Le film aurait pu être original s'il avait pris le parti de se placer dans un monde onirique-fantastique, sans faire intervenir la SF. Mais pour une obscure raison, la voix off du générique de début nous explique de pseudo-lois scientifiques sur la double-gravité, et prétend nous installer dans un monde de science-fiction cohérent avec un discours chiant. Ok, sinon on aurait aussi pu couper ce monologue lourdingue et faire confiance au spectateur pour qu'il découvre l'univers petit à petit... Mais non, il fallait rajouter un explication pseudo-scientifique pour prendre les gens pour des cons. Sinon, c'est pas vraiment l'esprit Hollywood. Le principe est que ce monde contient deux planètes opposées, presque collées l'une à l'autre, et que tout cela obéit à une double-gravité. Donc, quand on regarde le ciel, on voit le monde du dessus.
Ce monologue chiant, qui flingue le rythme du récit dès le début, nous énonce pompeusement les 3 lois de la double-gravité:
1) Chaque élément, du plus gros objet au simple atome, obéit à la gravité de son monde d'origine. Les objets du dessus tombent sur le monde du dessus, et vice-versa.
2) Si on attache ensemble deux objets de masse équivalente, un de chaque monde, ils font contre-poids l'un à l'autre et tiennent en équilibre. Super, donc l'antigravité existe? Non, parce que...
3) Si deux objets issus des deux mondes restent en contact trop longtemps, ils brûlent.
Vous avez bien tout retenu? Alors préparez-vous, ce film va contenir plus d'incohérences à la minute que les deux
Expandables réunis (moi non plus, je ne pensais pas que c'était possible).
Le monologue continue en disant que le grand amour, c'est deux être jumeaux comme séparés à la naissance, et qui se ressembleraient autant qu'un modèle et son reflet dans le miroir... Ce discours se termine en disant que "l'amour est plus fort que la gravité". Comme ça, si vous n'aviez pas déjà compris que les film allait se terminer par un happy-end où le héros d'en-bas et l'héroïne d'au-dessus vont être heureux et changer le monde, on vous le dit tout de suite. C'est quand même sympa quand le scénariste révèle la fin ultra-cliché dès le début, ça évite les déceptions! Et pour
Upside down, ce n'est pas du luxe.
Le conte de fée ambiance grand-mère:
Tout commence avec un petit garçon qui se fait servir des crêpes par sa mère-grand. La vieille bougre utilise un savoir ancestral transmis dans sa famille de génération en génération: le pollen des abeilles roses permet de créer une antigravité stable, parce qu'elles butinent des fleurs des deux mondes (et aussi parce que les abeilles semblent produire du pollen, au lieu de le récolter pour en faire du miel... passons). Sauf que les pollens des fleurs contraires devraient brûler le corps des abeilles, en fait. Je regarde le chrono: une minute et vingt secondes après le monologue de départ, première infraction aux lois expliquées. Mais admettons! Mamie détient le secret de l'antigravité stable dans son pollen rose, ok. Et cette potentielle révolution scientifique est consignée dans son livre de cuisine familial... Histoire que personne ne puisse jamais profiter des évolutions sociales et scientifiques qu'apporterait au monde la découverte des abeilles roses, et que seuls notre héros et sa famille puissent faire des crêpes au pollen antigravité! Oui, c'est nul, mais passons. Donc mamie détient le secret de l'antigravité avec son pollen, et elle s'en sert pour... En saupoudrer les crêpes, qui peuvent ainsi voler jusqu'à l'assiette de son petit-fils chéri. C'est complètement con! Le film a commencé depuis 5 minutes, les contradictions fusent comme des balles, l'intrigue a l'air sortie d'un cerveau de candidat télé-réalité, la cohérence du film meurt par terre, noyée dans son propre sang, tout va bien!
On voit donc que mamie, après avoir servi des crêpes, demande à son petit-fils d'aller lui chercher du pollen rose, parce qu'il n'y en a plus. Il part donc en vélo sous la neige, entrer par effraction dans une zone interdite: la montagne du Sage, où vivent les abeilles roses... que vous ne verrez pas du film! Comme ça on économise des effets spéciaux, non mais! Vous croyez qu'on est une super-production hollywoodienne ou quoi? Nos 50 millions d'US$ de budget suffisaient à peine à couvrir la coloration de Kirsten Dunst! Et accessoirement, ça évitera au spectateur de réaliser que des abeilles sous la neige, c'est encore plus naze que des abeilles roses.
Notre héros va donc gravir le mont du Sage, qui culmine tellement haut qu'il se rapproche du monde du dessus. Sur le chemin, il lance une maquette d'avion en carton, qui vole tellement bien qu'elle atterrit sur le sol du monde du dessus (infraction aux lois de la double-gravité, cet avion devrait retomber sur le sol de son monde d'origine, et non sur le sol du monde d'au-dessus. Mais ce n'est pas grave, il s'est déjà écoulé presque 10mins depuis l'énoncé des lois, tout le monde a déjà sûrement oublié). Dans le monde du dessus, une petite blonde aux yeux bleus ramasse l'avion, et regarde le monde d'en-bas: un petit garçon! Evidemment, ils finissent par tomber amoureux.
Devenus adolescent, notre héros n'a toujours pas compris que son pollen rose pouvait le rendre richissime, il continue donc de manger des crêpes au pollen antigravité, et va voir sur le mont du Sage sa petite copine du monde d'au-dessus. Il lance une corde pour qu'elle vienne dans son monde d'en-bas, et l'embrasse pendant qu'elle est collée au plafond d'une paroi rocheuse. C'est chiant comme la pluie. Puis, elle monte sur ses épaules, et comme leurs poids se compensent à peu près, ils flottent dans la forêt (et les cheveux blonds respectent étrangement la gravité d'en-bas... on n'est plus à une incohérence près). En parlant d'incohérence, il lui montre le pollen rose, qui devrait donc flotter en antigravité parfaite, mais qui est une poudre parfaitement soumise à la gravité d'en-dessous... Et il lui fait goûter du miel rose, dans une scène aux dialogues épiques: "Ca vient de nos deux mondes réunis? Mais comment est-ce possible? -Je ne sais pas, t'a qu'à demander aux abeilles!"
Mais leur amour a une fin tragique, des chasseurs (WTF?) arpentent la forêt à flanc de montagne, et commencent à tirer sans AUCUNE justification de l'intrigue sur le couple, qui a l'air de comprendre pourquoi (tant mieux pour eux... A ce stade, deux spectateurs sont sortis de la salle... les veinards!) Pendant que notre héros redescend sa copine sur son monde du dessus grâce à la corde, il se fait tirer dessus au fusil de chasse. La corde lui échappe des mains, et Kirsten Dunst se fracasse la gueule sur le monde d'en-haut.
Pendant ce temps-là, la grand-mère est emmenée de force par des espèces d'agents de la Gestapo, la maison familiale est brûlée, et le héros emporté dans un camion de soldat... Encore une fois, pas d'explication. Le scénariste croit sans doute que le spectateur n'est pas capable de raisonnement, puisqu'il précise des lois physiques qu'il ne respecte plus la minute d'après, mais qu'il considère comme allant de soi que des amoureux soient persécutés par un système cruel et anonyme... Ou alors c'est le vieux cliché de l'amour impossible réchauffé au micro-ondes, je ne sais pas.
10 ans plus tard... ou l'inévitable ellipse temporelle foireuse:
On nous explique que le monde d'au-dessus est riche, celui d'en-bas franchement pauvre, et que c'est la faute à la grosse multinationale Transworld, qui détient une grosse tour qui connecte les deux mondes. Alors deux secondes... Dans le générique de début, y'avait des planètes, avec des super schémas de leur trajectoire autour du soleil... Mais les deux mondes sont juste collés de façon stable? C'est pas des planètes, du coup, c'est deux surfaces planes qu'on peut connecter sans que ça bouge... Ok! Donc le monde ne peut pas être sphérique, ni tourner sur lui-même, et on aurait pu éviter une incohérence qui flingue complètement la maigre crédibilité du thème S.-F. en supprimant les schémas planétaires du générique? D'accord, d'accord. C'est vrai qu'avec un budget de 50 millions de dollars, si on ne paye pas les incohérences, ça fait snob. Donc Transworld achète le pétrole d'en-bas à bas-prix, et revend l'électricité d'en-haut à prix d'or, c'est pour ça qu'en-bas, on est pauvre, et qu'en-haut, c'est riche. Sauf que le pétrole d'en-bas est inutilisable en haut, puisqu'il devrait brûler dans les pipelines et les cuves faites en matière du dessus, provoquant l'explosion de la tour Transworld... Mais c'est pas grave, c'est juste un des lieux-clef du film, n'allons pas chercher à le rendre crédible, voyons.
Le héros n'a toujours pas compris que son pollen antigravité pouvait le rendre riche à millions, puisqu'il bosse pour une espèce de casse / entreprise de récupération, tenue par LE noir du film (y'en a qu'un... n'oubliez pas que l'héroïne est blonde aux yeux bleus, même qu'on a payé une teinture à Kirsten Dunst pour ça).
Et comme il bosse dans une casse pour un ferrailleur sympa, il passe logiquement ses journées sur un kit de petit chimiste en manipulant le pollen rose. Enfin, il l'étudie! Peut-être a-t-il compris que cet élément pouvait changer son univers! Et quelle invention audacieuse et géniale va-t-il entreprendre avec son secret ancestral de l'antigravité que lui seul détient? Une crème antirides effet lifting! C'est nul? Vous n'avez pas tout vu!
Par un hasard miraculeux, la télé passe à ce moment l'image de Kirsten Dunst, qui bosse chez Transwolrd, et représente cette entreprise dans une émission de télé-réalité. Les candidats du dessous peuvent gagner un poste dans la tour Transworld. Ni une, ni deux, au lieu de faire breveter sa technologie de crème pour lifting antigravité pour devenir riche, notre héros propose le projet à Transworld (et doit gagner le projet, donc, en tout cas à la scène d'après il bosse chez Transworld). Une fois recruté, il a droit à un speach du DRH à tête de méchant, qui le prévient qu'il sera pesé à chaque entrée-sortie de la tour, pour éviter qu'il ne fasse un trafique de matière en provenance du monde du dessus. Mais ce détail est aussitôt oublié dans le scénar, puis le héros passera la moitié de son temps de loisir à faire de la contrebande de matière inversée, et à fabriquer des vêtement bourrés de contre-poids en métal inversé, pour marcher la tête à l'envers dans le monde du dessus, et que personne ne s'apercevra de rien. A partir de ce moment, ses fringues bardées de matière inversée devraient prendre feu... Ce qu'elles feront, après une durée totalement aléatoire et imprévisible, à chaque fois que l'intrigue trouvera ça utile... ou amusant. Utilisant ce stratagème, il arrive enfin à contacter son amour perdu... Qui ne le reconnait pas. Il s'explique avec la collègue de Kirsten Dunst, lui disant qu'il la connaissait avant et qu'il ne comprend pas pourquoi elle l'ignore. Ravie de révéler les secrets personnels de sa collègue et amie, cette dernière lui explique que Kirsten Dunst a eu un accident et qu'elle est depuis amnésique... Si les clichés moisis étaient des jetons de casino, ce dialogue serait un jackpot.
Le couple va donc se tourner autour, de rendez-vous foireux en rendez-vous raté, et notre héros risque sa vie et son travail plusieurs fois pour rencontrer l'héroïne, en espérant qu'elle finisse par guérir toute seule à force de le fréquenter. Normalement, un scénariste moyen utiliserait l'effet "madeleine de Proust", et le héros pourrait ramener à sa dulcinée un objet de leur adolescence commune qui réactiverait des souvenirs. Comme par exemple le miel d'abeille rose qu'il lui a fait goûter dix ans plus tôt... Mais souvenez-vous: nous ne sommes pas dans un film de
science-fiction raté, mais bien dans un
film d'amour raté, nuance! L'héroïne va donc, sans élément déclencheur, faire un rêve qui lui rendra toute sa mémoire au bout d'une heure quarante-cinq de film. Oui, c'est nul.
Le dénouement écrit à l'arrache sur un coin de nappe par un scénariste fatigué:
Nos deux héros vont donc se retrouver au mont du Sage, comme avant, pour flirter tête-bêche. Puis le film s'emballe, le scénariste commence à en avoir marre et bâcle la fin en doublant les incohérences. En fait, les scènes d'action, qui étaient déjà chiantes et incohérentes, deviennent ridicules, et la salle rigole des cascades héroïques. Le héros explique en quelques secondes qu'il a compris le secret de l'antigravité: il faut mélanger deux liquides inversés dans lesquels on a dissout du pollen rose de chaque monde. Oui, puisque visiblement, même si le principe du pollen rose est d'être butiné dans les deux mondes, il y a un pollen rose du dessous, ou un autre du dessus. On n'est plus à ça près. Un gars du dessus avec qui le héros a sympathisé fait des expérience dans sa cave, et réussit le mélange stable de deux liquides de gravités inverses... Un liquide d'en-bas coloré par le pollen rose, et de l'eau du dessus dans lequel nage un poisson rouge... Moi aussi, quand je fais des expérience douteuses avec des mélanges, je mets un poisson rouge dans un des deux produits pour qu'il vive la réaction chimique en direct-live! Et tout scientifique digne de ce nom devrait faire la même chose, parce que ça rend vachement mieux à l'écran.
Le gars fabrique donc un vêtement discret qui lui permet d'aller tête en bas dans le monde d'en-dessous sans se faire remarquer, puisque son veston est totalement imbibé d'eau mélangée... Si si, le costume sec du personnage est, selon lui: "composé à 90% d'eau". Mais cette incohérence débile est contournée avec talent, puisque le personnage bafouille des explications pseudo-scientifiques à notre héros, avant de lui lancer: "de toute façon, tu comprends ça mieux que moi"... Et certainement mieux que le scénariste lui-même!
Grâce à ces vêtements à contre-poids intégrés, l'héroïne se retrouve enceinte de jumeaux qui baignent dans un liquide amniotique antigravité (si, il parait que c'est logique, c'est l'héroïne qui le dit).
Le fait que l'héroïne ait un polichinelle dans le tiroir a changé le monde, et les espèces de chasseurs / agents de la gestapo sont immédiatement effacés de l'univers, remplacés par des architectures modernes où les deux mondes se touchent, et où les enfants du dessus et du dessous jouent au foot ensemble en riant sur fond de soleil couchant...
Il parait que dans le monde du cinéma, il y a un métier qui s'appelle "scripte". C'est un genre d'assistant de réalisation, qui relit tout le scénario pour noter les incohérences et demander au scénariste de les supprimer. Il parait... Encore une légende urbaine d'Hollywood!
EDIT: en relisant ce post, je me rends compte que j'ai oublié de parler de beaucoup d'incohérences et de scènes honteuses. Par exemple, le moment où l'héroïne fixe un rendez-vous amoureux dans le café où le héros s'est déjà fait arrêter par la police anti mélange des mondes... L'employé sympathique qui se fait virer mais qui laisse son badge au héros, alors que le film montre qu'il est impossible de sortir sans badge... La scène de poursuite où le héros se débarrasse de sa cravate à gravité inversée pour être discret, alors que deux plans plus tôt cette même cravate respectait la bonne gravité... Le fait qu'on apprenne l'amnésie de l'héroïne dans une scène mal filmée où elle se présente à un cercle des amnésiques anonymes... Le fait que dans l'univers: un
Upside down est un cocktail que boivent les gens du dessus: un mélange d'alcools du dessous qu'on boit dans un verre renversé, et qui devrait logiquement brûler vif les boyaux et la vessie de ses consommateurs selon la fameuse règle n°3... Le moment où le couple se tient par la main au bord du précipice, et où ils tombent
tous les deux du même côté, alors qu'ils devraient être attirés chacun d'un côté différent...
En bref:
Upside down est un film d'amour niais, chiant et banal, d'une nullité grandissante à mesure que le temps s'écoule... Et il s'écoule lentement! L'intrigue est navrante, nouant de grosses ficelles scénaristiques pour maintenir un scénario qui rebondit d'incohérence en débilité. Les cascades, comme tout le reste, ne respectent pas la cohérence de l'univers et en deviennent ridicules. Les incohérences grossissent petit à petit pour aboutir à un dénouement bâclé. C'est long, c'est chiant comme Drucker, et il n'y a aucune bonne raison d'aller voir cette romance sur fond de science-fiction au rabais.
Si vous aimez les films d'amour: celui-ci est bête à pleurer et tout à fait banal, vous ne le trouverez ni poignant, ni vraiment romantique, et les personnages ne sont pas attachants. Ni originaux (le héros s'appelle Adam, et la nana Eden...)
Si vous aimez la science-fiction: ce film vous fera gerber au bout de quelques dizaines de minutes, surtout à cause des incohérences trop grosses et trop nombreuses, mais aussi parce que de superbes idées sont gâchées avant même que le scénario semble en saisir la portée.
Le seul point positif reste les paysages, qui sont vraiment, mais alors vraiment sublimes. Ce film possède quelques décors à couper le souffle et aux images soignées. Si vous cherchez des paysages de science-fiction soft, ou de montagnes nimbées de nuages fantastiques, prenez des images issues de
Upside down et faites-en des papier-peints pour votre bureau de PC, ça vaut le coup. Mais ne regardez pas le film pour autant, ce serait vraiment du temps perdu.