Petit et Grand écran (ciné, télé, dvd...)

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globule
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#751 Message par globule » 10 nov. 2017, 14:43

The Square : critique.
Je me lance aussi, cette critique est un peu plus traditionnelle, elle s'adresse à ceux qui ont déjà vu le film ou à ceux qui n'ont pas l'intention d'aller le voire. Je précise que je ne critiquerai que des films qui m'ont plu. Alors prenez une tisane et installez vous bien : c'est parti :

Nous suivons la vie en dents de scie d'un directeur de collection du musée d'art contemporain de Stockholm ( le RoyalX), un homme qu'on nous présente d'emblée comme un peu perdu dans la vie ou en tout cas moins sérieux que ce qu'on pourrait penser puisqu'on le trouve à l'ouverture endormi sur une étroite banquette dans son bureau. Il est réveillé par une secrétaire et alors qu'on le voit se redresser et commencer à enfiler ses chaussures, on imagine aisément sa bouche pâteuse et la lourdeur de ses mouvements. Ce film est réellement une dissertation sur la fonction de l'art, ce qu'on comprend vite, car on l'a réveillé pour aller répondre à l'interview d'une journaliste, apparemment débutante, et lorsqu'elle commence à lui demander des explications sur sa fonction et le type de débat qu'ils peuvent avoir dans ce milieu ( musées d'avant-garde), il lui présente la discussion qu'ils ont eu la veille : est-ce qu'un objet laissé ou oublié quelque part dans un musée pourrait être considéré comme une œuvre d'art ? En d'autres termes, le musée n'est-il pas le lieux où on est invité à tout regarder avec une attention particulière, mais dans un contexte rassurant ? « Tout est là pour moi, mais je n'ai plus rien à craindre ».
C'est le sujet du film : l'irruption de l'extérieur dans le musée, endroit où on s'attend à quelque-chose, où on est disponible. Et la question est réciproque : un objet artistique, posé quelque part dans une ville ( ici une place), peut-il susciter des réactions comme dans un musée ( ce que peut en attendre l'artiste). Tout cela fait lien à une question plus vaste très présente dans le film : la question sociale ; on nous présente en effet par des inserts et des séquences montées parfois assez longues, des mendiants et des immigrés qui font la manche. Oubliés de tous dans cette ville cosmopolite, on est amenés à les voire avec empathie, d'autant plus que personne ne s'arrête pour les aider, les passants les ignorent.
The square est une création artistique qui sera le sujet du film et qui tentera de répondre à ces deux questions. Annoncé par le personnage principale, qui a répété devant la glace jusqu'à simuler l'imperfection, le moment où il retire ses lunettes et fait mine de parler sans ses notes ; c'est un carré aux arrêtes lumineuses délimité dans le pavement, avec un écriteau de métal où on lit : « Dans ce carré tous sont soumis aux mêmes lois et aux mêmes devoirs, et les actes d'empathie et de générosité sont encouragés ». Pour résumer, la question du film n'est rien de moins que : «  Une œuvre d'art peut-elle sauver le monde ? ».
Tout au long du film on suit donc en parallèle, les discussions de l’équipe de com' du musée en lien avec un groupe de presse aux représentants stupides et imbus d'eux mêmes et le récit du directeur de collection qui s'est fait tiré son portable, son porte-feuille et ses boutons de manchette, par une arnaque de rue ( quasiment une œuvre d'art rien que pour lui). Il a eu l'impression de servir à quelque-chose, de défendre quelqu'un contre un agresseur mais tout ça n'était que de flan destiné à endormir sa concentration. Il veut donc retrouver ses affaires et au lieu d'aller à la police, il se laisse convaincre par un jeune collègue de se faire justice lui-même : il met en place un coup de pression où il fait croire qu'il connaît l'adresse précise de son voleur ( ils ont localisé par gps l'immeuble où se trouve son portable) en prévoyant de mettre un mot dans chaque boite aux lettres de l'immeuble. Ils y vont donc et après avoir vécu un court sentiment de puissance, ils se retrouvent dans un quartier un peu chaud qu'ils ne connaissent pas et l'homme constate la lâcheté de son ami, qui ne veut pas y aller. Il le fait donc lui même, en flippe du début à la fin jusqu'à sortir indemne et faire démarrer son pote en trombe, ce qui lui fait érafler la bagnole contre un truc en pierres pendant que la musique qu'ils avaient mis à l'aller pour se chauffer ( du Justice justement) se refait ironiquement entendre. Mais leur coup marche, le portable et le porte-feuille sont retrouvés au Seven-Eleven indiqué, il est donc soulagé et, réaction intéressante, va directement refiler le liquide qu'il croyait avoir perdu à la mendiante roumaine à la sortie du magasin. On peut voir ça comme un trop plein, la valeur de ses objets est pour lui tellement supérieure à leur valeur réelle qu'ils n'en perdent pas lorsqu'il en redonne à la mendiante ( en fait il se rappel juste qu'il est riche et que 200 Kr ne font au final pas très cher pour la satisfaction qu'il a de jouer au sauveur). Il subit en suite une autre conséquence de cette histoire : il reçoit à son tour un mot disant de retirer la mention de voleur écrite dans celui qu'il a glissé. Il reflippe encore un peu, ce qui fait bien comprendre la notion de bluff : si on ne sait pas qui tu es, tu peux faire 40kg et faire aussi peur qu'un groupe de 20 mafieux serbes avec des battes à clous rouillés. En fait c'est juste un gamin qui s'est fait engueuler par ses parents, ils l'ont puni parce qu’il est écrit dans la lettre que c'est lui qui a volé, et il cherche donc à obtenir l’aveu de ce quadragénaire blanc et bien éduqué auprès de ses parents. Par honte ou par agacement, il n'accepte pas et le garçon ira le retrouver jusqu'à son immeuble sans lui lâcher la grappe jusqu'à ce qu'il s'en prenne à lui. Le gamin est poussé dans l'escalier, ce qui fait prendre peur à l'homme qui se réfugie chez lui et appel les parents du gosse. Et dans une scène tragi-comique, il se met à tout leur avouer sur leur répondeur en déballant en plus tout ce qu'il a sur le cœur dans un laïus politique sur l'émigration et la société qui le laisse exsangue. La famille finira par déménager sans qu'il ait pu savoir si son message a eu une quelconque incidence alors qu'il cherchait encore à rencontrer les parents.
Toutes ces scènes sont entrecoupées de celles de l'intrigue du musée ( on a deux intrigues parallèles). On y voit donc un enchaînement de causes et de conséquences qui poussent les personnes à avoir des sentiments et des réactions, mais dans la vie courante, avec de vrais enjeux.
Voir là-dedans la scène qui peut faire penser à une performance artistique, puisque filmée de dessus en s'élargissant, ce qui réduit la place du personnage, où l'homme cherche dans un amas presque infini de poubelles qu'il arrache à main nue sous une pluie battante le numéro de téléphone des parents du gamin qu'il a jeté. Son acte n'est pas gratuit, ou détaché du monde comme peuvent tenter de l'être certaines œuvres, il est motivé par un but précis, et c'est l'action de l'homme cherchant quelque-chose dont on a ici la métaphore : la vérité, la consolation, la rédemption... ce qui donne d'autant plus de poids à sa décision. Ce qui fait écho au projet artistique exposé dans le film : susciter des réactions de manière gratuites, simplement par jeux, essayer de créer un « oui, pourquoi pas » devant un carré nous disant de bien se comporter, comme si on pouvait oublier qu'il y-a encore tout le monde extérieur et que nos choix sont motivés par de nombreuses choses.
De manière assez intéressante, la campagne de promotion du projet artistique est d'ailleurs validée par le personnage très rapidement, sans qu'il ait écouté ce qui était prévu, pendant qu'il est angoissé par son histoire d'objets volés et qu'il passe à la volée dans le bureau de discussion, il lit en diagonale un papier et lance un « oui, ça me paraît bien » très consensuel puis repars, alors que justement ses jeunes collègues n'étaient pas du tout d'accord avec le projet des affreux publicitaires, dont ils se moquaient d'ailleurs, mais auprès desquelles ils n'avaient aucun pouvoir.
Et pour cause, le projet va même à l'encontre de l'intention de l'artiste et n'a pour but que de causer du buzz avec juste des images choquantes et sans expliquer quoi que ce soit : dans leur clip de promotion, une jeune fille blonde ( authentique suédoise pour toucher plus de monde) maquillée et habillée comme une pauvresse se tient au milieu du carré avec un nounours à la main, attendant le secours d'une personne, en pleure. En même temps un chrono défile, partant de 10, on comprend que, si personne ne la sort du carré, elle va exploser, mais personne n'intervient, enfin le 0 s'affiche pour clôturer le montage crescendo, un court moment d'attente et le sol explose effectivement sous ses pieds.
On peut interpréter le clip de la manière suivante par rapport au projet : les publicitaires veulent rappeler que le carré n'empêche pas l'horreur du monde même en son sein et jusqu'à l'absurde ( l'explosion sans explication) et il y-a urgence à agir pour ceux qui en ont besoin. En cela le monde extérieur reste le monde extérieur, personne n'agit, même dans le cadre du projet artistique, leur but étant de dire : il faut bien utiliser le carré pour bien agir mais dans un raisonnement par l'absurde : rien n'empêche de mal agir au sein du carré en dehors de soi-même ou de ne pas agir du tout. Le but est de choquer par la violence pour créer du buzz et de la culpabilité auprès des observateurs ( thème malheureusement courant dans l'humanitaire) alors qu'on aurait pu s'attendre au contraire à une pub un peu new-age avec de la musique douce, des images de ciel bleu, des personnes agées, et des jeunes et de toutes les couleurs, et là on avait l'approbation du CSA, des assos bien pensantes et du public de manière générale, mais est-ce que ça aurait marché?. Le film aborde donc aussi la question de la portée de l'information ou plutôt des médias ( toucher le plus de personnes). Le postulat du film est que le buzz est énorme mais très mauvais pour le musée tant les images sont choquantes, ce qui conduit même à la démission forcée (mais voulue) du directeur de collection, qui comprend trop tard ce qu'il a validé alors qu'on le sentait bien avoir se projet à cœur.
Un mot en passant sur ce personnage très humain, souvent lâche, mais toujours bien intentionné : On le sent réellement touché par la question sociale mais désarmé, voire désabusé comme tant d'autres. Il prend donc la présentation de cette œuvre particulièrement à cœur et l'échec de communication comme étant de sa responsabilité, parce qu’il était justement pris par autre chose ( son histoire de porte-monnaie). Et la question de l'humain est aussi abordée dans ce film de manière assez intéressante avec la question animale. Il y'a une opposition constante dans le film entre la froideur des couloirs du musée, où se perdent quelques visiteurs égarés et peu intéressés par les œuvres exposés, qui font souvent penser à l'immatérialité de l'art pour l'art ou ce genre de chose, une construction à base de chaises ou une pièce où sont exposés des tas de cendres jonchant le sol ( à un moment aspirés par mégarde par un employé d'entretiens), et la chaleur des désirs humains.
On comprend la désolation de ce directeur de collection qui doit trouver un moyen de faire sens, de montrer des choses que les gens peuvent comprendre, dont ils sont acteurs et non spectateurs. À ce sujet, la scène très drôle où un artiste d'archétype connard flambeur répond flegmatiquement aux questions d'une communicante coincée devant un public silencieux. Ils sont interrompus par un homme atteint du syndrome de la Tourette, et la question se pose, alors qu'il traite pour la quinzième fois l'artiste de « Cunt » ou de « Suceur de queues », si il faut l'exclure ou non. Et évidemment la question de savoir si le syndrome est simulé juste pour pouvoir l'insulter sans problème nous effleure, ce qui se révélera encore dans la fameuse scène du « gorille » qui fait l'affiche du film. Une autre réaction humaine risible : la manière dont la cohorte de donateurs et notables bourgeois coutumiers des vernissages qui s'acheminent vers le buffet alors que le chef présente le menu juste après le speach du personnage principal. Le cuisinier les interromps d'une voix forte, pour finir sa phrase, comme pour nous rappeler que même eux finalement, ce comportent comme des animaux et sont à peine intéressés par l'art. Pour résumer, le musée devenu lieu éthéré du concept n'exclut-il pas trop l'humain, ou le corps?
Mais revenons donc au personnage. La chaleur des désirs est aussi celle des personnages, sachant que le directeur se retrouvera chez la jeune journaliste du début après une soirée bien arrosée et décadente à souhaits dans les appartements royaux attenants au musée, il est en chasse et trouvera donc sa proie. Chez elle, alors qu'il se déshabille en attendant qu'elle le rejoigne au lit, il voit passer une chimpanzé en couches-culotte, qui ne le remarque pas et va se mettre dans un fauteuil du salon pour dessiner au feutre sur des feuilles. Rencontre improbable qui le laisse pantois, et n'est pas qu'une blague sur la condition des hommes mais est en réalité très belle. L'idée qu'une autre espèce soit aussi créatrice, en fait que l'art est accessible même à certains non-humains nous fait prendre conscience que l'enjeu du film n'est pas tout-à fait inutile. Si même des singes sont capables d'art et d'authenticité, pourquoi l'homme supposé plus évolué n'arrive pas mieux à se comprendre, à vivre plus heureux ou à faire des choses plus belles ? Autre chose, le singe créateur découvre ce qu'il fait à mesure qu'il dessine, rappelant que l'art est peut-être au fond plus une expression personnelle, voire une expression gratuite de sa liberté, qu'une démarche conceptuelle comme celle présentée dans le film pour tenter de faire comprendre des choses, même touchant aux comportements sociaux,.
La conquête fini par revenir, elle est sur lui et la scène est tour-à tour drôle et déconcertante, car on voit le visage de la femme déformé, presque animal, on se demande si le personnage en a peur, si il se demande « mais au fond, qui est cette personne ? », ou si elle simule tout simplement. On aborde ici un autre thème du film qui ressortira aussi dans la scène du « gorille » : la communication non verbale ou les mimiques du visage. La scène se retrouve encore une fois dans l'humour dont le film ne manque pas lorsqu'on comprend que bien qu'ils aient utilisé une capote, elle avait l'intention de garder son sperme, ce que lui ne veut pas, elle le force malgré tout à jeter la capote dans une poubelle qu'elle tient sans expliquer pourquoi. Il n'ose pas poser la question, mais comprend qu'il s'est fait avoir, ce qui rappel le rôle darwinien de l'homme qui n'est pas très glorieux : permettre aux femmes de choisir avec qui elles veulent se reproduire. Plus tard dans le film, la femme reviendra lui faire une scène dans le musée pour se plaindre de ne pas lui avoir fait signe depuis. Là encore on a, comme avec l'exemple du porte-feuille, une suite de réactions humaines toutes compréhensibles qui mènent à un dénouement et comportent des enjeux : «  Dois-je lui faire confiance alors qu'elle veut peut-être me faire un enfant dans le dos ? ». Et la question reste posée : peut-on provoquer des réactions simplement en les incitant par un petit panneau ? Bien-sûr ils peuvent être sous le coup de la loi ses panneaux ( comme un « défence d'afficher » ou un « interdit de stationner ») mais leur infraction implique des enjeux compréhensibles et n'est pas gratuite comme celle du carré.
Mais qu'en serait-il au contraire si une infraction, ou en tout cas un comportement socialement inacceptable était présenté dans un musée sous couvert de performance ? Y'aurait-il une limite ?
C'est pour cela qu'intervient la superbe scène du gorille : Un homme torse-nu, trapu et musclé enserrant les poignées de petites échasses qui lui permettent de se déplacer comme un gorille, il fait irruption dans une grande salle de réception, au milieu des tables de convives en-cravatés ou en robes du soir. Ils sont tour à tour interloqués, curieux alors que l'homme reproduit les mimiques simiesques mieux qu'un Andy Serkis et mime justement l'interrogation animale, le jeux du « jusqu'où je peux aller » auquel il s'adonne. Il aborde d'abord l'artiste aux tas de cendres déjà interrompu par la Tourette, certes assez insupportable, et on est presque contents lorsqu'il lui pince le nez ou qu'il lui fait lâcher son verre d'eau d'une patte rapide. Le récit qu'on a pendant cette scène assez longue, c'est celui d'un animal qui prend la confiance. Il finit par monter sur une table avec arrogance, dans une attitude de provocation à laquelle personne ne répond. Et cela finit par aller trop loin : il monte sur une table et s’accroupit devant une jolie jeune femme, il est d'abord quasiment romantique, effleure ses cheveux (toujours avec des gestes empesés) et ses traits, puis souris. La femme amusée lui répond et petit-à petit, intervient l'abus, il lui agrippe les cheveux, et la secoue, elle crie au secours et personne ne vient. Et là on sent toute l'interrogation de la salle : « On a compris, tu es un singe mais on sait que tu as conscience de tout, arrête ça va trop loin ! ». Un moment se passe où la fille se sent seule aux mains de ce singe qui n'est qu'un homme, mais un mâle en tout cas, alors que les autres n'interviennent pas. Il faudra attendre jusqu'à ce qu'il la traîne par les cheveux pour que les spectateurs se lèvent pour l’empêcher de continuer et le rouent de coups.
On n'a pas vu si on pouvait créer des comportements vertueux dans la société par une œuvre d'art, mais on est sûrs que si l'art va trop loin dans l'agression, l'extérieur peut lui répondre même au sein du musée. La société n'est que la somme des actes des individus qui la composent et ceux-ci sont conscients de ce qui leur arrive. Il y' avait de vrais enjeux au comportement du « gorille », empêcher l'agression de cette femme, et c'est pour cela que la salle est intervenu sans concertation quand la limite à été franchie, tout le monde dans la salle de réception à compris ça.
En extrapolant, on pourrait dire en résumant que l'idée du film est qu'il ne faut pas attendre qu'une œuvre d'art nous dise quoi faire si on désire agir pour le « bien », car on sait tous répondre socialement aux événements humains chargés d'enjeux, mais que justement cela est plus dur car cela exige parfois de prendre de vrais risques ( comme avec l'histoire du porte-feuille ou de la capote), et que même si on croît que nos actes sont noyés dans la masse ils ont des conséquences qui nous dépassent et ne sont parfois pas celles de nos intentions première. Car le carré présenté, idéel et intangible comme une utopie n'est au final et malheureusement ici que pour nous rappeler, comme l'ont présenté les publicitaires pourtant horribles, que l'urgence est toujours présente si on veut venir en aide aux autres, et que pour se faire il y-aura à affronter bien d'autres choses que la possibilité qu'on nous refuse notre bonne action.
Gnô!

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Drahe
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#752 Message par Drahe » 22 nov. 2017, 00:44

Ces deux dernières semaines, je n'ai hélas pas vu que des bons films... Parce que la vie est une pute. Commençons donc par nous débarrasser de quatre bouses, pour passer aux films intéressants ensuite.


Geostorm: étron fumant qui flirt faussement avec le nanar sympathique, mais se révèle être un affreux navet dépourvu d'âme (il ne pourra donc jamais accéder au paradis des navets).
Synopsis: Des mecs ont construit une immense grille de satellites autour de la Terre, connectés à une station centrale, pour réguler le climat planétaire. Mais le réseau s'emballe et commence à provoquer les catastrophes qu'elle devrait éviter: inévitable perte de contrôle, ou complot politique?
On est dès le départ dans un film de SF réalisé par des gens qui ne comprennent ni la physique, ni le climat, ni probablement la bonne science-fiction (car il est grave, pratiquement criminel dans l'Amérique de Trump, d'insinuer qu'on résoudra le réchauffement climatique en envoyant des satellites régler le problème). Plus grave: le casting est complètement aux fraises (ou aux navets, je ne sais pas, mais clairement pas dans le ton du film en tout cas). Toutes les répliques sonnent faux. Les personnages sont tous des fonctions ou des clichés (ce qui fait qu'on ne s'attachera jamais à eux) et les ficelles scénaristiques sont grosses (c'est un complot du Président des Etats-Unis... Non, c'est un complot du VICE-président!). Les clichés sont tous là présents au rendez-vous donc ça pourrait faire un jeu à boire avec quelques potes (et le traître fourbe de l'équipe sera... le Français, mesdames et messieurs!)
Pour ce qui est de la créativité, vous pourriez me dire qu'au moins, l'idée est sympa... Vous pourriez. Sauf que c'est un plagiat: ce film est un remake non-officiel du film d'étudiant de Roland Emmerich (réal de Stargate et Independance Day) mais réalisé par son ancien producteur et ami. Si vous trouviez que l'idée de départ est conne, mais amusante, dites-vous que même ça ne vient pas du réalisateur.


Justice League: A force d'entendre les critiques pisser dessus (j'ai l'ouïe fine), j'ai finalement passé un bon moment devant ce film... Mais je ne sais plus pourquoi. Car je ne me souviens pratiquement pas de la projection. Je sais que j'ai vieilli de deux heures, je sais que je l'ai vu, puisque j'ai le ticket dans mon porte-feuille, mais j'ai très peu de souvenirs de ce film. Peut-être parce que les personnages n'ont rien d'attachant, l'intrigue rien de marquant et le méchant rien d'original?


Thor Ragnagnarok: Un bon Marvel comme on les aime, avec de l'humour lourdingue, des gags lourdingues et des répliques-qui-tuent encore plus lourdingues. Le film est très long, environ cinq heures, même si tout le monde essaye de me faire croire qu'il dure seulement 2h11. Malgré ce défaut évident de rythme, de lourdeur et de longueur, le film a le courage de faire ce qu'on fait trop peu: changer ses personnages et leur univers. A la fin, le monde a changé, Thor n'est plus le même et sa planète non plus. Et rien que pour ça: merci, film, je sais que ça n'était pas facile et qu'il a fallut sortir les bollox pour y arriver. Mais bon, quand même, au bout de huit heures d'intrigue, c'était bien la moindre des choses qu'il se passe un truc significatif.


Happy Death Day (traduit en bon français: Happy Birthdead) : Un slasher de série B sympathique, dans lequel une fille revit la journée de son meurtre en boucle, en cherchant une manière de s'en sortir. Ce film se croit malin, entre ses références à Scream et à Groundhog Day, mais il est surtout un peu long et s'en sort par un twist malhonnête. Heureusement, l'actrice principale Jessica Roth est à fond dedans, donc elle peut vous faire oublier pas mal de grosses ficelles dans le scénario si elle vous entraîne par son jeu.


Ca y'est, on est sorti de la zone sale. Parlons donc de bons films:


Diane a les épaules: Un drame très bien écrit, sur une jeune femme paumée qui accepte de devenir mère-porteuse pour un couple homo. Sauf qu'elle tombe amoureuse d'un brave type qui anticipe les problèmes à venir et qui lui fait sentir que ça ne sera pas aussi simple, de mettre au monde un enfant pour s'en séparer définitivement. Ecrit sans trop de clichés et avec des personnages vraiment attachants (le moindre second rôle a un impact émotionnel sur nous), ce film contient de vraies pépites dans ses dialogues. La salle était pliée de rire dans les moments comiques, en larme dans les scènes d'émotion... Ce film est touchant et très bien foutu pour un budget minimal avec des acteurs peu connus.


Jeune femme: Mon avis sur ce film est contradictoire (et pas schizophrène, comme disent les journalistes). Il raconte l'histoire bouleversée de Paula, qui vient de se faire jeter dehors par son mec et qui hurle dans la rue pour qu'on lui ouvre. En la suivant, on va apprendre petit à petit sa vie, ce parcours, le tout sans flashbacks bleutés ni facilité d'écriture. Entrons dans le vif du sujet:
J'ai aimé: Ce parcours de vie, cette émancipation réellement féministe, d'un personnage qui a passé toute sa vingtaine à jouer la femme-trophée pour un photographe et prof d'art en fac, égocentrique et légèrement pathétique. Elle se réveille de cette situation en se faisant foutre dehors, ce qui l'amène à une crise existentielle très vive dans laquelle elle aura besoin 1) d'un chat, 2) d'un endroit où vivre puisque ses parents la détestent et 3) d'un boulot, puisqu'elle n'a pas d'argent, femme-trophée qu'elle était, à se faire entretenir sans bosser. J'aime aussi les hasards de son parcours, les rencontres, la petite fille dont elle s'occupe, le vigile attachant du centre commercial où elle doit travailler, et surtout cette femme extraordinaire, une lesbienne berlinoise qui l'accueille en la confondant avec son amie d'enfance perdue, tandis que Paula lui ment pour garder ses faveurs.
J'ai détesté: Ce personnage pleurnichard, mal dans sa peau, vain, menteur, irrationnel et opportuniste. Je la méprise, cette jeune fille qui a fait la connerie de sa vie en s'accrochant à un premier amour, un photographe devenu célèbre par hasard grâce à une photo d'elle. Le film la suit sans logique, pour voir le bordel de sa vie, sans musique, avec toutes les longueurs de ses recherches, toute l'hypocrisie des entretiens d'embauche, toute la lassitude des petits boulots perdus et l'immense gouffre des mensonges opportunistes qu'elle a raconté quand elle était vraiment dans la merde. Je n'aime pas les longueurs, le manque de rythme, la rugosité du récit.
Le problème, c'est que ce film est réaliste. Extrêmement réaliste, proche des faits et sans concession pour la nécessité du spectateur de retrouver une histoire comme il les aime. C'est aussi bordélique que la vie réelle d'une personne bouleversée. A ce stade, doit-on encore voir un film pour se plonger dans le fouillis émotionnel et mensonger qu'est la vie? A ce niveau de réalisme, est-ce que c'est encore un film?


La lune de Jupiter: Vu en avant-première, en compagnie d'un Gus antigravitationnel, ce film extraordinaire bascule de la science-fiction à la fable politique sur une Hongrie en plein suicide social pendant la crise des migrants. Synopsis: alors qu'il tente de franchir la frontière Hongroise, Aryann se fait tirer dessus par un flic. Non seulement il survit à ses blessures, mais il se découvre le pouvoir de modifier la gravité: il peut notamment s'en servir pour voler.
Très virtuose, ce film offre des plan-séquences jouissifs avec utilisation de grues et d'hélicoptères, de décors mobiles et autres astuces coûteuses qui montrent que la production y croyait. Et même si certains raccords gênent la lisibilité, le film est beau et généreux, servi par un casting toujours juste et une réalisation ambitieuse. Une expérience de cinéma forte et intense.
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globule
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#753 Message par globule » 23 nov. 2017, 20:55

Nouvelles critiques de films, je vais pas spoiler pour celles-là, y-a pleins de films super-intéressants qui sont sortis récemment et j'ai honnêtement l'impression d'un âge d'or du cinéma.
Faute d'amour d'Andreï Zvagintsev.
Le réalisateur de Léviathan (pas la série B de George Cosmatos qui m'avait bien terrifiée étant jeune) a présenté son nouveau film au festival de Cannes, qui a obtenu le prix du jury cette année.

On y dépeint la Russie de Poutine avec la même vision d'un cas particulier éclairant de manière très critique l'état du monde. Le thème du film étant cette fois-ci, non comment un homme adulte est amené par la force d'un système pourri et d'une culture encourageant la réserve à sombrer dans une dépression alcoolique (celui de Léviathan), mais de manière encore plus joyeuse comment un jeune adolescent, ignoré et brimé constamment par ses parents en instance de divorce, en vient à commettre une fugue, les abandonnant ainsi à la conscience tremblotante et inconsolable de leur faute et à la manière dont ils vont devoir la mettre de côté pour continuer néanmoins à vivre. Mais rassurez-vous, on retrouve tout de même cet esprit dans lequel on apprend à cultiver un visage de marbre, ou une façade radieuse, alors qu'on est encore littéralement dans le ventre d'une mère qui se jette des sceaux d'eau glacée pour nous endurcir.

Nous suivons donc pendant un premier temps Alexei (ou Aliocha), un enfant que l'on apprend à aimer tout de suite alors qu'on le suit dans son trajet, lambinant de l'école jusqu'à chez lui, entre bâtiments soviétiques, arbres sans feuilles et rivière non encore gelée (le film se passe en hiver). A un moment, il lance en l'air un morceau de bande en plastique attachée à un bâton avec lequel il s'amusait. Son jouet reste suspendu dans une branche au dessus du tumultueux cours d'eau froide, annonçant déjà que son destin sera aussi incertain que celui de ce fil. Il arrive chez lui, son père n'est pas rentré, des gens viendront visiter l'appartement demain. Il vaudrait mieux qu'il ne soit pas là, lui dit sa mère, il répond que non, il préférera rester. Précisons que c'est une famille de classe moyenne supérieure (père cadre en compagnie d'assurance, mère gérante de salon de beauté). Le point du film n'est donc pas tant la misère sociale qu'affective. Mais le socio-économique est bien présent, car justement sa mère est une nouvelle riche d'une beauté glacée qui a voulu se défaire de son origine campagnarde en épousant le premier cadre venu qui, quant-à lui, malgré sa carrure autoritaire, n'en reste pas moins un homme lâche (à moins qu'il ait juste bien compris que pour gagner sa vie dans ce monde en perdition, il fallait faire le moins de remous possible).

Le père rentre justement et s'engueule avec la mère, avec le même mépris et dégoût de l'autre, qui a petit à petit dû ronger Alexei depuis sa plus tendre enfance. Il a une nouvelle copine, belle et plus jeune (moins riche et déjà enceinte) avec laquelle il ira s'installer bientôt, tandis qu'elle continuera son ascension sociale avec un homme d'âge mur qu'elle fréquente, lui cultivé et bourgeois bohème (toutefois plus bourgeois que bohème). Evidemment, "qui va garder le gamin?" vient comme une question logistique, les deux s'en déchargent, la mère annonçant sans sourciller que le pensionnat l'apprendra à être un homme, et lui donnera un bon aperçu du service militaire, car émotif et plaintif comme il est, il n'ira pas très loin dans la vie en plus d'être agaçant pour les autres. Alexei entend tout de sa chambre et s'endort en pleurs, ce qui doit être courant vu comme ses parents sont ignobles (même s'ils ne semblent pas s'en prendre à lui physiquement). Le père à la peau plus solide, prendra stoïquement le canapé du salon après avoir essuyé nombre d'observations humiliantes de la part de la mère, qui on le sait bien, portent d'autant plus qu'elles sont vraies. Sans trop rentrer dans les détails, l’humiliation continuera lors de la visite des possibles nouveaux locataires, lorsque la mère dénigrera son fils devant de parfaits inconnus, et culminera un soir peu après, où la mère ne se rendra même pas compte de la présence de son fils en allant aux toilettes, éteignant la lumière et fermant la porte derrière elle, pour laisser apparaître dans la pénombre de la salle de bain le visage en pleurs d'Alexei. Il va donc fuguer pour fuir cette oppression quotidienne et donner du même coup une leçon à ses parents, pour leur faire payer leur faute d'amour.

Dès lors qu'il sera ainsi sorti du champs de l'action, nous ne serons plus qu'en présence des parents qui s'en serons rendu compte trop tard et chercheront par tous les moyens à le retrouver. Ils se rendront compte que la mort ou toute sorte de danger peut survenir à leurs fils et en appelleront à la police qui présentera, sous la forme d'un commissaire de Moscou à la voix de basso profondo de l'église orthodoxe, avec le détachement de son rôle de représentant de l'autorité, l'impossibilité pour l'Etat de traiter les disparitions d'enfants, par manque de moyens. Ils vont donc passer par une association, présentée comme possible sauveurs de l'histoire, une équipe humaine efficace et coutumière des disparitions qui viendront nourrir leur espoir, mais le temps venant, et la réponse restant incertaine, ils resteront coutumiers de l'angoisse. Pourtant, ils continueront à vivre et tenteront de s'adapter. On comprendra au cours d'une scène que le père tentera d'éviter la culpabilité en regardant la télé (le conflit Russo-Ukrainien récent étant dépeint constamment dans ce film) et que la mère cultivera son corps, en courant sur un tapis roulant sur sa terrasse, alors que son visage restera figé dans sa tentative de fuite immobile. "Retrouvera-t-on Alexei?" est la seule question qui soit.

Un point plus général : pendant tout le film on verra ou entendra des bulletins d'information faisant état de la « crise » ukrainienne (qui était bien une guerre en fait), et à certains moments des propos de millénaristes, persuadés de la fin imminente du monde et du 4e âge maya (l'action du film se passe peu avant 2012). Bien-sûr il y-a cette atmosphère de monde à la dérive à laquelle correspond l'impact de l'action d'Alexei sur ses proches, mais aussi des tensions entre situations sociales « normales » et cas limites où les gens veulent lâcher prise. Nous sommes en permanence en train de juger les actes des personnages, à se dire :« bien fait pour eux » alors qu'ils sont bouleversés par cette disparition, mais ça ne fait pas disparaître le reste du monde. Le père a pris un congé pour l'occasion. Il bosse dans une grosse compagnie d'assurance où personne ne se fait confiance (première ironie doublée de celle plus générale qu'on ne peut se prémunir de la disparition de quelqu'un) et fait très attention à ce qu'on ne le sache pas divorcé, pour ne pas être mal vu, ce qui empêcherait l'évolution de sa carrière dans cette entreprise, ou pourrait même devenir un motif de licenciement, car son patron est, dit-on, très religieux et attaché à la morale. [Anarchist mode: on] Les salauds sont les mêmes ici que dans Léviathan: les lois protègent avant tout le système dont fait aussi partie le manque de moyen comme présenté dans ce film, l'Etat nous soumettant aux lois sans pouvoir garantir tous nos droits. Nous ne sommes plus laissés qu'aux hommes et femmes de bonne volonté si certains pensaient encore que la patrie d'origine de Bakounine serait revenue dans le droit chemin depuis Dieu et l'Etat. Et la religion ne sert que celui de la morale publique, car les seules mentions d'un ordre supérieure ou d'un destin sont les illuminés de 2012, qu'on serait peut-être plus enclins à comprendre si on vivait dans la Russie de Poutine. [Anarchist mode: off] Il faut survivre et faire comme les autres pour lui (le père), nécessaire pérégrination de l'individu s'adaptant au corps social, mais appréhendant aussi tous les dangers dont le système le protège, comme nous le rappelle en permanence la cellule familiale éclatante et la fugue d'Alexei au cours du film. En dehors de ses limites, on est peut-être libres, mais soumis à toutes sortes de dangers inconnus.
La mère aussi a cette idée en tête : survivre et s'élever. Mais on traite plus de son problème comme celui de l'égoïsme (ironie également, son travail étant dans la sphère du « bien-être » en dépit du monde partant à la dérive) et on comprendra que sa froideur à l'égard des autres s'explique par le besoin de survivre à une mère venant de la campagne qui était encore plus dure mais aussi très agressive et frôlant très souvent des états limites, incarnation des « marges » auxquelles peuvent se heurter aussi les esprits trop confrontés à la dureté faisant écho à ses fameux illuminés millénaristes déjà mentionnés pour lesquelles la maison brûle et au lieu de « regarder ailleurs » comme l'avait dit Chirac, c'est tant mieux parce qu'il n'y en a plus rien à sauver.

Un autre personnage important est celui de cet homme d'âge mûr que fréquente la mère, sage et équilibré. Il est également sensible et a eu une relation de bonheur avec sa fille (qui vit au Portugal mais avec laquelle il parle sur Skype), on ne sait pas comment il a vécu, lui, mais sa fille n'est pas dans le besoin. Il est riche à la fois matériellement et affectivement comme en témoigne son appartement spacieux mais pas tapageur. Y aurait-il donc des personnes qui s'en sortent malgré tout sans dommage irrémédiable ? Evidemment, c'est plus facile s'ils sont riches, ou peut-être n'a-t-il juste pas été entraîné dans un torrent interminable comme c'était le cas dans Léviathan, ( ou même surnaturel comme dans celui de Cosmatos qui je le rappelle n'a rien à voir) dont le personnage principal avait pourtant le sourire sincère et se croyait endurci au début du film, même si la justice s’apprêtait à l'exproprier. Cela ne l'a pas empêché de finir au 36e dessous, n'espérant plus rien à part la vodka, dont le goût ne séchait pourtant pas les larmes. Bref, le dé+carac+compé opposé au seuil de difficulté in-critiquable en soi, mais derrière lequel peut toujours se cacher l'intention d'un MJ sadique, virtuellement inexistant...
Un dernier mot sur le style : loin d'une réalisation figée à laquelle on s'attend parfois lorsqu'on va voir un film dur, ce qui peut parfois nous faire sentir prisonnier du film, ici au contraire la caméra suit l'action et révèle les moments qui lui semblent importants comme dans une rivière qui nous emporterait mais où on aurait l'illusion de pouvoir nager pour nous en sortir. Pour moi un film qui se voit comme on écoute un concerto de Rachmaninoff...

@ Drahe : pour moi je préfère aussi le 3 au 2, même si les puristes préfèrent le 2.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#754 Message par Drahe » 29 nov. 2017, 01:27

C'est tout pour moi: Vu en avant-première lundi, avec l'équipe du film, ce premier passage au cinéma de Nawell Madani est assez réussi. J'avais peur au début: la première minute sent l'humour potache et le bide, mais ça décolle très vite. Rythmé, plutôt intelligent, Madani rend compte de sa double-culture et de son parcours dans cette auto-fiction (fiction autobiographique), entre ses ambitions dans la danse, sa désillusion parisienne et son aboutissement dans l'humour.
Le personnage de Lila, très inspiré de Nawell, lui permet de se détacher un peu, de romancer son vécu pour faire un film sur la reconnaissance du père.
Une campagne de com' très impressionnante, au service d'un bon film qui servira de référence sur le monde du stand-up.


12 jours: Le dernier documentaire de Raymond Depardon, qui montre le passage devant un juge des libertés des patients internés dans un HP de Lyon (souvent suite à un acte criminel, ou pour les empêcher de se suicider). Vu en avant-première en présence de Raymond Depardon, en compagnie de Machette et d'un Gus survolté, qui a vécu le film a 100%, donc je vous renvoie à sa critique, qui sera plus intéressante à lire que la mienne. Car de mon côté, je ne suis pas rentré dedans et je me suis clairement fait chier malgré les qualités du documentaire.
Sans entrer dans mon opinion sur le film lui-même, je vais simplement parler de la distribution, faite par la prestigieuse société Wild Bunch. Faire un documentaire, sur un sujet aussi troublant, c'est bien. Mais faire un film qui peut se tourner en moins de deux semaines, avec littéralement cinq scènes d'extérieur et un personnel technique réduit: c'est mieux. Cela veut dire que d'un point de vue production: le film ne coûte presque rien et peut rapporter gros. Cependant, ce documentaire n'est pas qu'une opération financière : l'argent économisé est passé dans une très belle bande-son originale d'Alexandre Desplat (bon, après je sais que tout le monde n'aime pas ses compositions, là ce sont de très belles partitions insistant sur les cordes et le piano, dans un rythme suspendu qui rappelle les Gymnopédies de Satie). Mais aussi dans la communication et la distribution: énormément de gens ont entendu parler de ce film et l'attendent. Pour vous donner une idée: l'avant-première était blindée, dans une salle de 500 places, tellement de gens ont réservé qu'il ne restait que 52 places ouvertes à la vente une heure avant la projection, et ce chiffre est descendu à 26, puis 19 places dans les cinq minutes qui ont suivi, on n'aurait pas eu d'entrées si je n'avais pas surveillé les places disponibles une heure à l'avance.


The snowman: Etrangement nul pour un film avec d'aussi bons acteurs, et pour plusieurs raisons. D'abord parce que le scénario est truffé de cliché (on coche la case "soeur jumelle de la victime" dans les quinze premières minutes). Ensuite parce que, beaucoup plus grave, les clichés tiennent lieu de scénario. Si un homme politique corrompu se comporte étrangement, peu importe que son comportement ne soit pas compréhensible: on est sensé se fier au cliché du politicien vicieux. Et enfin, encore plus grave pour une production qui réunit un casting pareil: le montage rend ce film illisible. Littéralement: l'enchaînement de certains plans n'a pas de sens et empêche de comprendre la cohérence du scénario. Ca se révèle particulièrement dans les flashbacks (il faudra attendre la moitié du film pour comprendre que c'était des flashbacks, tiens...) et les scènes d'action confuses, c'est-à-dire qu'on ne comprend pas la logique de l'action... Et c'est très grave, car le personnage principal va sauver des gens dans une scène de combat final qui n'a aucun sens: ça ne devrait pas marcher comme ça, mais par la magie du montage, ça marche quand même... C'est le moment où le monteur du film me demande poliment d'aller me faire foutre.
Enfin [spoiler] à la fin, le tueur affronte le héros l'arme à la main sur un lac gelé, il devrait le tuer mais... Au moment où il s'avance, la glace cède sous son poids et il meurt comme un con... Le scénariste aussi me demande d'aller me faire foutre avec un deus ex machina sortit de nul part et dépourvu de sens. [/spoiler]
D'autre part, il y a des trous dans le scénario. Exemple: une arme qui disparaît magiquement alors qu'un personnage l'avait préparée: n'essayez pas de me faire croire que le tueur est passé sous le matelas prendre l'arme cachée sous l'oreiller, ça n'a pas de sens! Et si c'était un détail, mais non! Parce que l'arme a disparue, le personnage secondaire meurt bêtement, grâce au pouvoir de désintégration des flingues accordé au tueur par le scénariste... Qui me fait des doigts, je le sais!
Cela fait beaucoup de défauts pour un seul film. Ni Michael Fassbender (qui joue moyennement bien, probablement mal dirigé), ni Val Kilmer, ni le botox de Val Kilmer ne pourront sauver le scénario, qui fuit de tous les côtés comme un migrant à Lampedusa. Au final, c'est une tentative de thriller qui a pour seul avantage d'avoir des plans bien composés: le directeur photo connait son job et tire parti des paysages enneigés, dommage qu'il ait bossé sur un film aussi mal pensé dans son scénario.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#755 Message par Drahe » 06 déc. 2017, 01:05

Madame: En parlant du décalage social entre grands bourgeois et petit personnel, ce faux Woody Allen met en scène des personnages attachants dans un film un peu lent et froid, sans réelle conclusion.
Le prétexte est très simple: afin de ne pas être treize à table, une femme-trophée choisit de déguiser sa bonne espagnole en invitée. Mais pendant le dîner, un des convives va tomber amoureux d'elle et de son charme innocent. Pas question de lui dire la vérité tout de suite: la famille va vendre un tableau de maître, et l'invité amoureux est justement directeur du cabinet d'expertise, le décevoir pourrait empêcher l'authentification.



La villa: La définition même du film français prétentieux et satisfait. Moins qu'un film: du théâtre filmé, où presque toutes les répliques sonnent faux (sauf pour Anaïs Demoustier, qui joue vraiment très bien). Le problème est que le film devient intéressant vers la fin. Pendant la première heure, c'est une ôde aux vieux cons, leur fierté mal placée, leur régionalisme dépassé et leur bêtise. A partir de l'arrivée des migrants seulement, le film prend du sens et les personnages se chargent de profondeur. Le film devrait commencer par-là au lieu de se perdre pour essayer d'exposer les personnages avec un pathos grotesque.



Thelma: Le meilleur film de l'année? Vu en compagnie d'un Gus concupiscent, ce film fantastique raconte l'adolescence d'une jeune fille qui découvre parallèlement ses désirs lesbiens et ses pouvoirs surnaturels.
Elle étudie les sciences à l'université, quittant pour la première fois sa famille de chrétiens fervents et traditionalistes. On voit juste un de ses cours de physique dans une très courte scène, mais elle est lourde de sens. La professeure explique que le phénomène peut être une onde ou une particule, selon l'instrument de mesure utilisé (ce qui, formulé ainsi, est une contradiction, mais ça nous plonge directement dans la complexité de la quantique). Elle va découvrir la vie adolescente: l'alcool, la drogue, mais aussi ses désirs et la vie citadine en général, pour se découvrir elle-même. Attention: la bande-annonce peut faire croire à un film d'horreur: ce n'est pas le cas, c'est plutôt un film fantastique absolument génial et dépourvu de gore ou d'effets horrifiques faciles.
D'une part, ce film réussit l'exploit de faire tenir ensemble trois aspects de la fiction: l'onirique (ses pouvoirs se déclenchent d'abord dans des crises où elle croit voir des choses), le fantastique (les pouvoirs sont inexpliqués et relèvent de la magie) et la science-fiction (avec cette allusion à la quantique, serait-elle capable de faire passer les objets d'un état à un autre, de réaliser des téléportations, ou de passer d'un univers à un autre selon un processus inconnu, mais bien encadré par des lois physiques dont la théorie fait encore défaut?)
D'autre part, l'image est riche d'un très grand travail esthétique, d'une pureté des décors et d'une composition des plans remarquables.
Enfin, ce film répond au cinéma d'horreur en nous proposant une fin jouissive et inattendue. C'est un anti-Carrie. Il semble partir sur une piste religieuse mais va beaucoup plus loin et sur un terrain beaucoup plus intelligent. Laissez-vous surprendre par le cinéma scandinave: allez voir Thelma, c'est de la bombe.



Lucky: Vu en avant-première, en présence du réalisateur. Ce film présente un nonagénaire texan, qui s'apprête à affronter la mort en admettant son absurdité. Rejetant les solutions faciles et les idiots, il chemine dans la vie en essayant d'être honnête avec lui-même. Un film existentialiste au sens propre.
L'acteur Harry Dean Stanton, dont vous vous souvenez pour son rôle de mécano dans Alien, est décédé à 91 ans, quelques mois après le tournage du film. Puisqu'il partageait certaines idées du personnage de Lucky (il ne croyait pas non plus en l'existence de l'âme, selon le réalisateur), c'est une sorte de film d'adieu.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#756 Message par Mike » 06 déc. 2017, 20:08

Je te le dis Drahe, je lis tes critiques uniquement pour savoir quel nouvel adjectif tu vas donner à Gus !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#757 Message par Djez » 07 déc. 2017, 11:35

+1 Mike ! (d'ailleurs j'invite chacun à faire une recherche "gus" sur le Rechercher du forum... ça plussoie Mike encore plus ! ^^)
CHEZ DJEZ !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#758 Message par Drahe » 07 déc. 2017, 14:56

Mike a écrit :Je te le dis Drahe, je lis tes critiques uniquement pour savoir quel nouvel adjectif tu vas donner à Gus !
D'un film à l'autre, Globule a essuyé bien des épithètes, mais il reste un élément moteur de la critique cinéma en France (et surtout à Pavillons-sous-Bois, plus précisément de la Basoche à la station du T4 en passant par l'arrêt du Noctilien).

Je vous relate cet échange de texto collector entre Globule et moi:
Drahe a écrit :Drahe: [...] je n'ai pas donné d'avis sur 12 jours et j'ai peu développé mon avis sur Thelma, n'hésite pas à en faire des commentaires longs.
Globule: J'ai prévu d'en faire une sur 12 jours (d'une page) probablement demain, mais là je dois bosser.
Drahe: Le public a besoin de ton avis Gus! Tu crois vraiment que les gens sont capables de choisir un film eux-mêmes? Non bien sûr, c'est là que tu interviens!
Globule: Mon but n'est pas d'aider les gens à décider de ce qu'ils vont voir, mais en vrai critique, à leur dire ce qu'ils doivent penser de ce qu'ils ont vu ;)

Ces SMS sont authentiques et leurs propos n'engagent que les auteurs. Toute ressemblance avec des formes d'ironie ou d'humour serait purement fortuite.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#759 Message par globule » 07 déc. 2017, 17:35

Comme annoncé par un sinistre personnage peuplant un peu trop ce topic à mon goùt :
Critique  12 jours :
J'attendais ce film depuis plus d'un mois après en avoir vu la bande-annonce, le pitch est très fort : 2 caméras filment 12 entrevues entre juges et patients dans un hôpital psychiatrique de la région de Lyon. Le titre vient du fait que lorsqu'une personne arrive nouvellement dans un hôpital fermé sans avoir été placée à la demande d'un tiers, elle doit passer au bout de 12 jours devant un juge des libertés et de la détention (en compagnie seulement d'un avocat, d'un greffier et d'éventuellement quelques proches) pour savoir si il pourra être libéré ( ou plus généralement si on pourra accéder à sa demande). On l'a vu en avant-première avec Drahe ( et Mathilde), en compagnie du réalisateur Raymond Depardon qui avait déjà fait notamment Profils paysans ( que j'avais apprécié) et Xe Chambre ( que je n'ai pas vu), sur un tribunal de grande instance.
Le film s'ouvre sur un plan séquence nous amenant de l'entrée du service hospitalier jusqu'à la salle d'entrevue ( qui n'est pas une salle d'audience). Nous furetons ainsi tel un fantôme entre les portes et les couloirs pastels, croisant quelquefois de ces autochtones de service ; ceux en blouse blanche, ceux en pyjamas bleus, ceux habillés normalement, sans toutefois que la caméra ne s'attarde sur aucun précisément. Après ce moment de flottement, nous sommes portés immédiatement dans le vif du sujet : attention c'est un film assez dur, nous sommes confrontés à de la souffrance humaine et de s pratiques discutables ( contraption, salle d'isolement...). Placés dans la peau des deux acteurs du réel, nous sommes portés à analyser ces confrontations pour retirer le vrai du faux, chacun décidera également ce qu'il aurait fait à la place du magistrat, ou à celle de l'aliéné. Une chose m'apparaissait cependant assez paradoxale à mesure que les entrevues se suivaient, le juge se rangeait systématiquement sur l'avis du médecin, et dans le doute ne donnait pas crédit à la version du patient, si bien qu'aucune volonté, ou argument proposé par l'un de ces naufragés du monde moderne ne se trouvait pouvoir avoir de valeur propre du fait même que le juge n'étant pas médecin, il ne pouvait décider du fait que ces personnes « disposent » suffisamment d'elles-mêmes.
Cependant certaines réflexions de juges me laissaient pour le moins assez perplexe, notamment lorsque l'une s'étonne du fait que l'isolement n'ait pas permis à l'un des patients de réfléchir ( alors qu'il est prouvé depuis plus de 20 ans que l'isolement favorise la formation de délires), ou à un autre moment lorsqu'elle dit à une personne présente dans la salle après le passage d'un patient (probablement le greffier, ou le réalisateur) : « Au fait, pour la petite histoire, il a tué son père », ce qui me semble manquer de respect d'intimité. Apparaît aussi, en plus de la question du danger pour les autres, celle du danger pour soi-même (tendances suicidaires). Et là, c'est tout un débat éthique de savoir ce qu'on a le droit d'empêcher à quelqu'un de se faire pour son propre bien.
On retrouve dans tout cela un peu de la déresponsabilisation typique de ces services hospitaliers si spéciaux où on perd la gestion de notre quotidien, devenu institutionnalisé  : lever, coucher, repas, nettoyage, prise de médicaments et activités à heure fixe, ainsi que l'horizon animal que tous semblent toucher malgré leurs différences : le désir de liberté (désir de sortir).
Quelques mots sur le rôle du réalisateur et des caméras dans l'histoire (toute personne filmée a donné son accord évidemment) qui bien que voulant s'effacer, n'est pourtant pas neutre. Dans l'art du montage se joue une histoire recréée, et un langage repris du cinéma : par exemple le cut rapide d'une absurdité délirante d'un patient à la mine circonspecte du juge provoquant l'hilarité dans la salle, ou la tension volontaire obtenue sur une séquence plus longue par le subtil resserrement du cadre à mesure qu'une jeune fille présente son dur passé. Rajoutons évidemment que les personnes conscientes d'être filmées changent nécessairement leur rapport et on pourra même se poser la question de la sincérité de ces interactions, et de leurs réactions sur nous spectateurs. Pour moi, par exemple je n'ai pas apprécie de la part de Depardon une certaine dramatisation ( même si je considère ce film fort intéressant), notamment lorsqu'il filme, pour un plan de coupe, un homme âgé affichant une mine basse et faisant ses tours dans la petite courre sous une bruine vaporeuse tel un automate en y apposant une musique larmoyante. Je suis capable de décider moi-même de ce qui m'émeut, et si même en le voyant sans musique, cet homme m'aurait évoqué une certaine misère, il ne s'agit pas de la pitié qui me semble induite par ses cordes malheureuses tout en lui manquant de respect. Pour résumer, film important pour ceux qui s'intéressent à la société sous toutes ces formes, mais film dur, où l'on paye pour passer 2 heures enfermés dans un ilôt grillagé parmi les égarés de Maïmonide.
Modifié en dernier par globule le 21 janv. 2018, 19:00, modifié 2 fois.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#760 Message par Drahe » 13 déc. 2017, 02:49

globule a écrit :Comme annoncé par un sinistre personnage peuplant un peu trop ce topic à mon goût
Ce n'est pas moi qui peuple trop le topic, ce sont les autres qui ne vont pas assez au cinéma.

Quatre petits films vus depuis la semaine dernière:

Seule la terre (God's own land) : Vu en compagnie d'un Gus rural, ce film d'auteur nous raconte l'amour très "Brokeback mountain" d'un jeune fermier anglais, qui aide ses grands-parents propriétaires de l'élevage, et d'un immigré roumain nommé Gheorge (de georgos, l'agriculteur en grec), recruté pour une semaine afin de l'aider à maintenir l'exploitation. En apprenant à assumer son homosexualité en compagnie du viril et débrouillard Gheorghe, il deviendra aussi un homme meilleur et un meilleur... fermier, puisque c'est le fantasme que le film essaye de nous vendre.
Gus y a vu un faux film d'auteur, une petite production calibrée pour les attentes très Télérama du cinéma dit indépendant. De mon côté, j'ai été déçu par le film pour des raisons très subjectives: la dernière partie nous présente les difficultés économiques, l'impasse financière de la situation de petit paysan, et semblait suggérer que l'entraide de Gheorghe et du personnage principal pouvait redresser la situation... Mais à la fin, pas de réponse là-dessus, on sait juste qu'ils s'aiment et se pardonnent, alors que je m'attendais à ce que les film réponde à d'autres questions: vont-ils sauver la ferme? Se lancer dans le fromage de chèvre (ce n'est pas une blague, le personnage de Gheorghe lance la fabrication de fromage comme réelle alternative économique pour la ferme) ? Passer au bio? Ou s'industrialiser comme la concurrence? Le fait que je me sois plus senti concerné par le bilan financier d'un élevage traditionnel que par une histoire d'amour vous donne un indice sur mon avis... C'est trop cliché. Les scènes sont bien filmées, les scènes érotiques sont touchantes, on voit bien que c'est un film qui amène son personnage principal de la pulsion homosexuelle, refoulée, qui se décharge brutalement lors de coups sans lendemain, vers l'érotisme, puis enfin l'amour. C'est bien sympathique tout ça, mais c'est parfaitement convenu et finalement pas si attachant. Cela peut choquer les fondamentalistes, car c'est une histoire d'amour entre deux hommes, mais si on mettait un couple hétéro à la place le film paraîtrait déjà-vu, cliché et franchement niais... Parce que c'est exactement ce qu'il est. Il ne suffit pas de mettre un couple homo dans un film d'amour pour avoir quelque chose à dire: Brokeback Mountain est sorti il y a douze ans, et il ne se limitait pas à ça du tout, il traitait en profondeur du refoulement, de l'hypocrisie et de l'homophobie. C'est finalement bon signe que l'homophobie ait suffisamment reculé pour qu'une histoire d'amour entre deux hommes paraisse convenue au cinéma. Dommage pour ce film "indépendant", qui a raflé quelques prix en festival mais n'a finalement rien à dire de nouveau. Si vous cherchez un bon film sur l'homosexualité allez plutôt revoir 120 battements par minute, dont le propos est beaucoup plus riche et la mise en scène incroyablement plus inventive.


Bienvenue à Suburbicon: Dans les années 1960, une petite banlieue riche accueille le premier couple noir du quartier, ce qui va déclencher l'animosité des voisins. Pendant ce temps, un couple sans histoire se fait cambrioler par des individus franchement malsains.
Le thème du racisme est ici très accessoire, car il illustre l'intolérance des habitants modèles du rêve américain, mais n'est pas du tout essentiel à l'intrigue. Suburbicon se concentre sur la situation dramatique d'un père de famille modèle qui tente de régler ses soucis par la violence, mais qui déclenche un cycle infernal et autodestructeur.
C'est un jeu de massacre, dans lequel la famille sera déchirée par les secrets, les mensonges et l'absurdité d'une situation assez banale au départ. Il y a un vrai potentiel pour l'humour noir et absurde. On pourrait s'y attendre: c'est un scénario co-écrit par les frères Coen et réalisé par leur acteur fétiche, Georges Clooney. Mais malheureusement, je ne sais pas si le vers était dans le fruit dès le scénario, ou si quelque chose s'est mal déroulé en tournage ou au montage, mais il n'y a pratiquement pas d'humour. Juste quelques petits gags: des personnages marquants mais pas l'humour grinçant des Coen. Un film en demi-teinte, donc, qui sent l'essai mal transformé.


Santa & Cie: Un film plus attachant qu'il n'y paraît, écrit et réalisé par Alain Chabat (avec Alain Chabat dans le rôle principal...) Sous des airs de comédie de Nowel, sur le thème classique de la croyance et de la magie de Nowel, c'est en réalité un film sur l'âge adulte, qui parle des difficultés ordinaires d'un couple pour gérer leur vie, leur famille et l'éducation des enfants. Dans ce monde rude, Santa est un personnage naïf, qui ne connait ni les gens, ni la société humaine, ni les enfants (puisqu'ils les croise endormis seulement). Il va apprendre à communiquer avec les gens, voir le monde adulte avec un regard d'enfant, puis se confronter au risque du désenchantement et du désespoir. Cela reste une comédie moyenne, avec des gags pas si réussis, mais le soucis du détail constant qui caractérise l'écriture d'Alain Chabat relève le niveau. Les effets spéciaux sont très satisfaisants, à un détail près: lorsque le Père Nowel est assommé, il se réveille avec des étoiles qui tournent autour de sa tête, qui sont des dessins animés incrustés dans l'image... C'est très perturbant, kitsch et de mauvais goût d'avoir mis des effets spéciaux aussi datés dans un film actuel. Mais bon, ça n'arrive que deux ou trois fois dans le film. heureusement que tous les autres effets sont réussis (rennes qui volent, lutins magiques, etc... Notamment la scène d'introduction, qui montre la fabrication des jouets dans les ateliers, est remarquable pour la richesse de ses gags visuels intéressants).
Sur le propos de fond, le film est très ambigu. Car il montre un Père Nowel capable de succomber au désenchantement, d'une part, avec une famille qui indique que l'argent n'est pas important et que l'économie est secondaire (la mère travaille malgré cela sur des marchés à Rungis). Mais au début du film, on a droit à un dialogue dans lequel le Père Nowel essaye d'expliquer le concept de travail à la chaîne à son contre-maître lutin, qui ne comprend pas... Le fait que Le Père Nowel soit aussi ambigu, tenant un discours d'économie libérale tout en ne comprenant pas le rôle de l'argent, lui donne un fond d'idée extrêmement flou et bancal, qui empêche le film d'atteindre une cohérence.
La petite note rôlistique: la montre à gousset du Père Nowel fonctionne avec un D20... à 31 faces.


Jumanji, welcome to the jungle: Vu en avant-première avec Machette lundi, c'est une suite inutile et grasse qui fournit quelques petits gags intéressants. The rock joue très juste, et le thème de l'avatar est à peu près intéressant. Mais le reste de l'intrigue ne tient pas. Heureusement, ça carbure à la bonne humeur générale, mais si vous n'êtes pas dans l'ambiance le film risque de passablement vous gonfler. Si vous avez le moindre soupçon sur votre envie profonde de voir la suite de Jumanji, allez voir autre chose, ça vaudra mieux.
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Geoffrey
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#761 Message par Geoffrey » 14 déc. 2017, 20:53

Star Wars 8: the last Jedi


Sans Spoilers:


A chaud comme ça, je crois que je préfère encore la Menace Fantôme à ce 8 ème épisode...C'est la preuve matériel qu'une histoire banale ou déjà vue cent fois mais bien racontée ( épisode 7 ), vaut mieux qu'une bonne histoire mal racontée et mal présentée ( épisode 8, menace fantôme )

Les idées scénaristes sont bonnes, il fait bien le pont avec le 7 et explique et justifie pleins d'éléments du 7. Il pose de bonnes questions, et nous amène à nous interroger tant sur des aspects de la saga que sur des notions philosophiques au sens large.

Mais putain que c'est mal raconté. si je devais résumer, je dirais just too much....pas assez bien calibré, trop d'humour, ou de l'humour qui n'a pas sa place. Il y a plein de scènes, d'action, de retournement de situation, de comportements qui donnent la sensation qu'ils ne sont pas à leur place, c'est juste mal calibré à une saga de ce type. Ca m'a fait penser à un gamin qui joue avec des jouets tirés d'un univers et qui se fait des scènes qui lui semblent cools parce qu' il brise des taboos, il va au delà, il est pas seulement un Super Saïens, non il est un Méga Ultra Sayen qui fait pas seulement des supers combats, mais qui sait en plus super bien jouer au foot: oui c'est ça, trop bonne idée, trop cool, je vais faire jouer mes perso de DBZ au foot, c'est cool comme idée ! oui mais non, le foot n'a pas sa place dans un DBZ :roll:

Ben c'est un peu la sensation constante avec ce film: putain mais cette scene, ou ce comportement, ou ce retournement de situation n'a pas sa place dans un Star wars ! :evil:

Ou alors, la scène pourrait avoir sa place, le retournement de situation ou l'action pourrait avoir sa place, elle pourrait être super intéressante, mais elle est juste mise en scène de la pire façon, ou au minimum très mal exploitée. Au lieu de la super course poursuite dans un Fast and furious avec cascade de malade,, ben ya la scène de course poursuite mais on y met aucune cascade. La course poursuite a sa place dans un Fast and fourrious, elle a lieu entre deux personnage intéressants, c'est peut être un super twist, mais ils vont la faire sur des trottinettes ....( ok je grossis un peu le trait 8) )


Avec Spoilers


Les moins : voici déjà les incohérences ou truc juste what the fuck du film

_ Si la nouvelle Amirale explique à Poe son plan, il n' y a aucune raison pour qu'il agisse dans son dos, que Fin et Rose partent chercher un pirate, ni de faire un putsch sur la fin. Bref la moitié du scénario s'écroule si elle explique juste à un héros de la résistance, que tout le monde sait fidèle à la résistance et impulsif comme pas possible, qu'elle a un bon plan qui tient la route.

_ Ce que fait l'amirale à la fin, se téléreporter dans le vaisseau alpha du premier ordre pour le faire exploser. elle se " téléporte " en faisant un saut en vitesse lumière...pourquoi la flotte du premier ordre n'a pas fait pareil pour rattraper la "flotte" de la resistance et écourter ainsi la poursuite ?

_ Leïa....de 1 elle ne sert à rien.... de 2 scène de superman depuis l'espace vers le vaisseau: what the fuck ?!!!! :shock: ...elle est capable de: résister à une explosion, au froid de l'espace, à l'absence d'oxygène, de voler dans le vide, bref ce qu'aucun maitre de la force ( obscur ou clair ) n'a pu faire, mais elle se rend pas compte que son frère est une projection.

_ Le plan de Luke Skywalker à la fin est de gagner du temps pour que la résistance ( 30 types dans un univers de plusieurs galaxies.... :roll: ) puisse s'échapper. Mais il ne le dit à personne, pas même à sa soeur. C'est un personnage qui doit s'en apercevoir par une illumination scénaristique

_ La mort de Snoke....c'est l'exemple de: pourquoi pas, bonne idée, bon retournement de situation, mais mal amené, il meurt comme une merde. Il est tout puissant, il réussit à créer un lien à distance entre ray et Kylo ren, mais il se fait fumer comme un bleu par un demi merde qui s'est fait torcher le cul dans le film précédent par des novices....

_ On dirait un épisode de série TV

_ Moins flagrant que dans le 7, mais on a encore une forte inspiration de l'empire contre attaque: le héros va se former auprès du maitre ( qui ne veut pas la former ) pendant que les autres protagonistes essayent de fuir l'empire.

_ Les scènes sur l'ile tournent en rond et servent pas à grand chose. La seule scène de formation est celle quand elle est en tailleur sur la pierre....

_ Des héros qui perdent énormément en intérêt et en charisme.... Rey n'est plus l'ingénu innocente enthousiaste qui accomplit plein de choses. Elle devient un personnage presque secondaire, Fin j'en parle même pas, le seul moment de bravoure qu'il a, il se la fait spoiler quand la chinoise le " sauve ".

_ Toutes les scènes sur la planète des riches. On se croit plus dans star wars, la CGI est moche notamment pour les bébêtes qui servent de chevaux de course....et toutes ces scènes font penser à des péripéties de série B de science fiction à petit budget.

_ L'humour non stop, et parfois mal dosé. Notamment le trollage de Poe lors de la scène d'ouverture....autant le " you talk, i talk who starts ? you know i can't really understand you with that mask " de l'épisode 7 était marrant et tenait dans le cadre du film, autant ce trollage sonne déjà faux et annonce bien la couleur du film...

_ lorsque le vaisseau principal du première ordre explose alors que Rey et Kilo Ren sont en train de lutter pour récupérer le sabre laser pour soi, ils semblent tomber dans les pommes. Le général Hux retrouve Kilo Ren inconscient qui se réveille et Rey est déjà partie...Donc elle s'est réveillée avant lui, mais au lieu de le tuer, elle l'a laissé et est partie ...

Les + mais mal exploités:

_ On justifie bien et on explique bien pourquoi Kylo ren est un raté " you are just a boy with a mask "

_ Le lien entre Rey et Kylo ren, le fait que chacun croit qu'il va pouvoir retourner l'autre, le fait que ce soit en fait le plan machiavélique de Snoke.... mais c'est pour que snoke se fasse fumer en deux deux...

_ le renversement de Snoke...Mais qui meurt comme une merde

_ les remises en cause de la Saga, le fait que Luke se soit chié en tant que maître et que tant lui que Kylo Ren aient une vision différente de l'événement, l'explication de pourquoi il s'est raté ( peur du côté obscur de son élève qui le fait douter impulsivement un moment au lieu de se dire que son role de maitre est de nourrir son coté clair ), le fait que les Jedis ne sont pas parfaits puisqu'ils ont réussi à laisser gagner le côté obscur sournoisement alors qu'ils étaient à leur apogée etc



conclusion:

Grosse grosse déception. Maintenant vous aimerez peut être parce que pratiquement toutes les critiques avec et sans spoiler que j'ai vu sur youtube, que ce soit en anglais, allemand, espagnol, français, presque tout le monde semble avoir non seulement adoré le film, mais le considère comme l'un des meilleurs de la Saga. Seul durendal de pourquoi j'ai raison et vous avez tort le défonce....

J'ai hâte de lire vos avis.

Pour moi ce film c'est juste :roll: :roll: :roll: :roll: :roll:
" Er fiel im Oktober 1918, an einem Tage, der so ruhig und still war an der ganzen Front, dass der Heeresbericht sich nur auf den Satz beschränkte, im Westen sei nichts Neues zu melden."

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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#762 Message par Tony bernouilli » 16 déc. 2017, 01:11

@creusois
Suis globalement d'accord avec toi sur tous les points négatif s. Rien à sauver, un épisode d'Arrow me paraît plus épique.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#763 Message par Mike » 16 déc. 2017, 01:39

Geoffrey a écrit :Seul durendal de pourquoi j'ai raison et vous avez tort le défonce....
Le mec qui a aimé Lucy et qui dit même qu'il a pleuré à la fin ? Elle est jolie Scarlett Johanson, mais c'est peut-être pas une raison pour en pleurer, surtout quand elle joue le rôle d'une super clé USB. Je suis pas convaincu par ses critiques perso :roll:
Je l'ai pas encore vu, et je sais que je suis bon publique quand je vais voir des films au cinoche (y'a d'ailleurs des films que je refuserais de revoir chez moi, parce que je sais qu'ils sont dégueu en vrai, comme Pixels par exemple).
Il faut vraiment le vouloir pour qu'un film me donne mauvaise impression et le dernier en date c'était La Tour Sombre (et pourtant y'avait Idris Elba !), je ressortirait donc content d'être allé le voir dans un cinoche de campagne (et oui, à la campagne on diffuse AUSSI du VOSTFR, même si concrètement pour matter un Star Wars je m'en tamponne) où j'aurais pas payé ma place à un prix prohibitif. Je verrais bien :)
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#764 Message par Tony bernouilli » 20 déc. 2017, 10:00

Une bonne critique du ChefOtaku sur SW8 qui met en avant les nombreux problèmes. ATTENTION c'est full spoiler.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#765 Message par Drahe » 21 déc. 2017, 02:21

Vus récemment:

Coco: Un Pixar extraordinaire à l'écriture particulièrement soignée. L'univers fantastique est très coloré, poétique et beaucoup plus profond que ne laisse supposer la bande-annonce. Peut-être un des meilleurs scenarii portés à l'écran dans les sorties 2017.


La deuxième étoile: Un film minable, passéiste et paresseux. A peine digne d'un téléfilm dont personne n'aurait relu le script, Lucien Jean-Baptiste enchaîne les gags lourdingues et les situations attendues avec des acteurs qui ont suffisamment la pêche pour ne pas rendre le truc encore plus lourd, mais qui ne peuvent pas sauver des dialogues aussi stupides. Le fond du scénar est un message passéiste: les jeunes sont devant leurs écrans et on ne peut plus leur imposer une réunion de famille à nowel... Une sorte de défense des sports d'hiver dans un film humoristique moins moderne que Les bronzés font du ski... Mais qui sort quarante ans après.


Star Wars VIII, The last Jedi : Un excellent film qui arrive à peu près à déjouer les attentes (ce qui fera grincer les puristes, mais ils ne seront jamais contents quoi qu'il arrive), mais s'encombre de certaines longueurs... Pour l'ambiance. Un personnage, un décor et une sous-intrigue entière sont présents pour le seul but d'introduire une thématique à part: l'argent dans Star Wars (qui était toujours présent, mais avec la seule figure de Jabba le Hutt ou de Lando Calrissian).
On nous introduit un hacker opportuniste incarné par Benicio del Toro (mais... mais qu'est-ce qu'il fout là?) Ici, Star Wars réapprend à critiquer le monde de l'argent, pas avec Jabba et le cartel des Hutt (dénonçant facilement les despotes crasseux façon dictateurs des tropiques, disons Castro ou Chavez entre autres), mais en ciblant une élite qui se divertit dans le cynisme en exploitant le malheur du reste de l'univers (disons... des gens qui vendent des Rafales, au pif). Et ça fait du bien! Parce que la critique du capitalisme brillait par son absence dans la prélogie, sortie juste après les années 90 dominées par le rayonnement des U.S.A. post-guerre froide à l'international. Ce qui veut dire qu'on peut voir l'idéologie évoluer au fil des Star Wars, sa vision de l'économie se manifester très différemment d'une époque à l'autre.
Pour revenir sur vos critiques suffisantes de vieux fans aigris et têtus: oui, il y a des incohérences scénaristiques... Et ça fait grincer des dents. Mais on apprend enfin l'histoire de Luke après la trilogie originale, le personnage de Kylo Ren est développé de façon intéressante, Rey prend un chemin un peu évident, et Finn le Stormtrooper inutile devient parfaitement inutile (il passe tout le film à essayer de faire des trucs qui ne marchent pas, c'est fantastique... En fait, c'est son entrainement de Stormtrooper qui lui colle à la peau, il n'arrive pas à devenir un héros parce qu'il est trop bien conditionné à l'échec).
Mais il y a une direction artistique absolument grandiose! Tous les paysages sont marquants, les plans sont magnifiques, les couleurs sont travaillées, quoi qu'on en pense c'est un Star Wars qu'on reverra pour le plaisir des yeux au minimum. Peut-être que dans quinze ans, quand vous râlerez sur la quatrième trilogie que vous ne comprendrez pas, vous direz de l'épisode VIII : "j'aimais pas au début mais on en prenait plein la gueule, c'était beau!"



Vus aujourd'hui:

A ghost story: Vu en compagnie d'un Gus éthéré, ce film a un côté art conceptuel trop étiré. Des gens ont quitté la salle dans les 20 premières minutes, parce que ce ce film va tester vos capacités à ressentir la durée, comprendre l'étirement ou la contraction de la temporalité. Autrement dit: beaucoup de gens vont se faire chier (je cite le grand critique Globule: "Putain mais apprenez à couper vos scènes, merde!") Mais cela permet de comprendre l'approche du temps d'un fantôme, dont on voit la genèse, le deuil, l'oubli...
Un peu absurde, ce film mériterait d'être contracté sous la forme d'un court-métrage. Le présenter sur une durée de deux heures (et au format carré des Super 8, ce qui ne sert... à rien!) donne un effet d'ennui beaucoup trop approfondi... même si c'est l'effet recherché, temporalité toussah, je sais, mais quand on recherche l'ennui du spectateur est-ce qu'on peut s'attendre à autre chose que des gens qui se cassent de la salle dans la première demi-heure de film?
Comme disait mon complice, avec une condescendance réservée aux êtres conscients de leur supériorité morale, par exemple les Parisiens végétariens éco-responsables: "On dirait un film de fin d'étude en école de cinéma, mais en format long..."
J'en profite pour dire qu'avec Globule, on a testé un système tout bête auquel j'avais renoncé. J'ai accumulé moult points de fidélité UGC qui me permettent d'inviter des gens au cinoche, mais auparavant, il fallait convertir ses points en places valables une semaine seulement, donc c'était de la merde. Car il suffisait que le plan tombe à l'eau et qu'on ne puisse pas se recaser la séance dans les jours suivants pour que la place soit gâchée. Maintenant, les places achetées en points de fidélité et chargées sur ma carte sont valables soixante jours, donc je suis sûr de les utiliser. Du coup, il n'y a pas de raison pour que seul Globule en profite, si un film vous tente dans les sorties du moins prochain, contactez-moi pour qu'on s'organise une sortie: je peux offrir la place.


Garde alternée: Synopsis: Didier Bourdon joue un prof de lettres de la Sorbonne qui trompe sa femme depuis huit mois avec une belle libraire... Lorsque sa femme, jouée par une Valérie Bonneton survoltée, s'en aperçoit, elle fait une scène, puis naît une idée étrange... Elle va proposer à la maîtresse une garde partagée: leur homme passera une semaine chez sa femme, l'autre chez sa maîtresse. Idéal sur le papier, cet arrangement va perturber la famille et la libido de tout le monde.
Didier bourdon, vaudeville, Valérie Bonneton qui vient de la télé... Il y a tous les ingrédients d'une comédie familiale cruche et sympathique, un peu comme une Miss France qui poserait pour la fête du saucisson auvergnat au Monoprix de Saint-Victor-la-Rivière. Et si j'étais snob, ou végétarien, je serais resté sur ce préjugé sans aller voir le film. Mais je mange du saucisson d'Auvergne, donc voici ma critique après visionnage:
C'est le meilleur vaudeville de l'année! La salle était morte de rire, les répliques font mouche sans chercher la vanne, les situations sont un peu forcées, juste ce qu'il faut, les acteurs un peu faux, mais putain ça marche quand même... L'humour des Inconnus, délayé, est encore présent et fait encore rire dans une comédie sociale. Une belle réussite qui mérite qu'on s'y intéresse. Je n'y croyais pas trop, mais ça fonctionne et le public adhère.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#766 Message par globule » 21 déc. 2017, 13:19

Critique : Thelma

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/!\ attention: cette critique comporte un certain nombre de spoils et vous révèle le dénouement de l'intrigue vers la fin.



Ce film sorti il y-a environ un mois est peut-être passé assez inaperçu. Présenté dans la bande-annonce comme un drame psychologique (ce qu'il est un peu mais pas seulement), il est le quatrième film du norvégien Joachim Trier (que je ne connaissais pas avant) et présente, dans un scénario à la fois inventif et cohérent, des acteurs impeccables, dont l’interprète principale tout-à-fait fascinante Eili Harboe, ainsi qu'une image soignée bien qu'en tension permanente.
La scène d'introduction est déjà saisissante, nous suivons un homme qui pointe son fusil sur la capuche rose-bonbon d'une petite fille figée dans les forêts enneigées et silencieuses du nord scandinave. Celle-ci attend circonspecte, puis l'homme n'arrivant pas à se décider baisse son canon, la rappelle et on comprend bien que c'était le père de la petite, même si la raison de ce comportement étrange ne nous sera donnée qu'à la toute fin du film (on l'aura même oublié entre temps). Nous retrouvons cette même petite blonde une dizaine d'années plus tard, elle a la vingtaine, sur les bancs de la fac (en sciences, ce qui n'est évidemment pas anodin). Son existence est assez plate, elle a un petit logement en ville pour faire ses études, et ne semble pas être du type à sortir tous les soirs. Elle a une mise des plus simples, cheveux mi-longs châtains sans couleur, petit haut rouge à croix discrète en pendentif, jean, blouson. Bref nous avons une jeune fille modèle, qui mange avec ses parents en ville lorsqu'ils lui rendent visite, bois des verres avec ses camarades moins intelligents, prépare ses partiels, attend le mariage et gère son quotidien.
On comprendra cependant assez vite que Thelma est la proie d'un mal qui la ronge : malaises, hémophilie, une sensibilité accrue peut-être. Pendant une grande partie du film il y' aura une ambiguïté maintenue sur de possibles capacités surnaturelles dont elle disposerait, comme semblent en témoigner des signes nombreux et troublants : nuages d'oiseaux noirs dont certains se cognent dans les vitres des salles de classe, interaction avec la lumière qui semble parfois plus forte en sa présence, confusion entre les rêves et la réalité enfin, car souvent après des scènes aussi fortes où elle reprendra le contrôle de ses émotions, on se demandera quelle était la réalité de ce qu'on nous a donné à voire.
Venons-en au sujet principal du film : l'attirance de la lumière pour l'obscurité, ici personnifiée par le personnage d'Anja, grande brune au teint halé, le plus souvent vêtue de noir ou de blanc. Les deux jeunes femmes se rencontrent à la piscine, alors que Thelma manque de se noyer au milieu d'un épisode délirant. Anja la maintient hors de l'eau, et un premier échange se passe qui en dit long. Dès lors Thelma cherchera à la revoir et elles s'avoueront leurs sentiments assez vite. Mais si Anja n'y voit aucun problème moral, ce n 'est pas le cas de Thelma dont l'éducation chrétienne l'empêche d'accéder à son désir autrement qu'en le considérant comme pervers. Pendant toute une partie, nous aurons donc ce jeu de chat et de souris entre les deux, Thelma donnera cours à son désir avant de se rétracter pour le fuir, et ses tensions se suivront jusqu'à la superbe scène de l'opéra.
Au cours de celle-ci, les deux femmes assises côte-à côte se prendront la main en gardant le regard figé sur les ballets fantomatiques auxquels s'adonnent les danseurs, et ce clair-obscur fait chair produira de telles tensions que c'est tout le plafond du théâtre qui manquera de vaciller (sorte de grande nef inversée noire aux larges poutres, comme l'ossature d'une baleine). Après cela, Les deux se retrouveront dans le couloir, et on comprendra la souffrance de Thelma qui ne peut donner coure aux élans de son cœur. Anja essaiera de la revoir, en allant chez elle d'abord, ce qui fera grésiller les lampadaires extérieurs (un peu comme si ces personnages étaient deux pôles magnétiques qui ne devraient jamais se rencontrer), ou encore au cours d'une soirée étudiante, où Thelma cherchera à se refaire malgré tout accepter d'Anja et où il lui semblera finir dans ses bras au milieu de tous jusqu'à ce qu'un verre de lait se répande au sol dans lequel goûtera le sang échaudé de la jeune passionnée, alors qu'on comprendra qu'elle aura juste fantasmé toute la scène en passant pour une personne bizarre auprès des autres.
Les parents de Thelma sont revenus la chercher, ils l'ont amenée à l'hôpital, où on lui fera passer toutes sortes de tests (avec une sorte de bonnet d'électrodes) et à partir de maintenant rien ne permettra de savoir si la suite des événements aura réellement eu lieu dans le film ou si il sera le fruit de l'imagination du personnage principal. Mais reprenons, dans sa chambre d'Hôpital, Thelma cherchera à appeler Anja plusieurs fois et n'arrivera pas à la joindre, on se demandera même si elle a existé ou si c'est Thelma qui l'a «conçue». Les parents ramèneront ensuite leur fille dans leur maison de campagne, Thelma a une relation intéressante avec son père auquel elle se confie pendant tout le film, mais fuit sa mère qui semble depuis le début d'une froideur de fjord.
Il point alors un élément d'explication, un passage au-delà du réel qui nous décidera à voir les choses d'une manière ou d'une autre: on verra une scène de l'enfance de Thelma. Celle-ci a un petit frère qui braille sans s'arrêter. N'arrivant pas à le calmer, sans le vouloir, Thelma va agir sur sa matière en le téléportant sous le canapé, où le retrouveront finalement ses parents, croyant qu'elle a voulu le tuer. On se doute, mais sans que ce soit dit nulle part, que les parents croiront, ou verront certains des «pouvoirs» de Thelma à l'oeuvre et que c'est cela qui décidera le père d'aller régler l'affaire de cette sorcière intuitive au moyen du fusil de chasse (d'où la scène du début). On a déjà vu qu'il n'y arrivera pas, ce qui finira de ronger sa mère jusqu'à ce qu'elle tente de se tuer en se défenestrant, raison pour laquelle on ne la connaît qu'en fauteuil.
Thelma semble se rappeler de tout ce passé endormi et fait un choix. Nous avons vu qu'Anja ne répond plus, son numéro est non attribué etc, comme si elle n'avait jamais existé. Et bien Thelma, personnage lumineux, ne pouvant vivre dans le monde où sont à la fois Anja et ses parents, décidera de tuer ses parents pour pouvoir vivre l'attirance qu'elle a de la manière la plus pure pour son obscure contraposée. Et dès lors que la décision sera prise, le père devra sauter à l'eau alors qu'il pêche sur un lac et ne pourra revenir sur sa barque car l'air s'enflammera à son contact. Je ne sais plus ce qui arrive à la mère, mais en tout cas nous retrouvons Thelma étendue, comme émergeant d'un rêve sur les berges de ce lac, avec à ces côtés un oiseau noir endormi (peut-être le même qui avait percuté la vitre de la salle de classe). D'une vitesse fulgurante, l'animal prend vit et s'enfuit comme pour signifier que le changement de plan d’existence a bien été acté.
Nous retrouvons quelque-temps plus tard, Thelma avec Anja (cette fois-ci vêtue de blanc), comme pour donner une fin d'une morale conforme aux personnages et non conforme au monde réel (car étant un monde où les parents de Thelma n'existent pas, il n'y a pas à affronter leur inexistence, ils n'en ont jamais fait partie). Toutefois nous ne saurons pas si Thelma est bien revenue d'entre ses pouvoirs, condamnant ses parents à l'exil de l'existence pour pouvoir vivre l'idylle impossible qui la liait à cette fille obscure, ou bien si elle a fantasmé tout ceci, obscurci sa mémoire pour ne plus se souvenir d'avoir traîné son petit frère sous le canapé, imaginé toutes ces choses pour au final se retrouver les vivres du fond d'un lit d'hôpital ( à moins qu'elle y soit bien suspendue au dessus, lévitant, comme l'image nous le montre un moment).
Nous avons donc un film métaphysique qui nous pose un choix : à quelle réalité voulez-vous correspondre ? Mais ce n'est pas un choix stupide auquel on arriverait après un plot-twist forcé par les circonstances du scénario : c'est le choix d'une vie menée contre le poids de la tradition, sur les contreforts de son propre désir, ou le non-choix du monde forcé par l'impossibilité affreuse donnée par la nature selon laquelle la lumière ne peut tomber amoureuse de l'obscurité qui la fuit.
Modifié en dernier par globule le 24 déc. 2017, 15:13, modifié 2 fois.
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Drahe
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#767 Message par Drahe » 21 déc. 2017, 18:09

C'est le solstice d'hiver, la journée la plus courte, mais aussi l'une des plus chiantes de l'année, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire que d'aller se planquer sous la couette au coucher du soleil, soit vers 17h.

C'est pourquoi je vous propose un petit bilan des sorties cinéma de l'année. Sont éligibles tous les films sortis en salle en France, entre le solstice d'hiver 2016 et celui de 2017.

Afin de ne pas retomber dans des catégories connues comme aux Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure musique, etc...) je proposerai mes propres prix et catégories de récompense, dont les noms seront plus parlants et, ben sûr, beaucoup plus objectifs!*
*La remise de prix du Solstice d'hiver au cinéma est sponsorisée par le R.A.C.L.U.R.E.


Catégorie Poids lourd (super-productions mondiales dont le budget dépasse les 75M$) :

Prix "j'avais la gaule pendant la projection" pour la meilleure super-production de l'année.
Sont nominés Logan, La La Land et Blade Runner 2049

Prix "c'était con mais je le savais en entrant" pour la super-production décevante et prévisible, mais sympathique, de l'année (ne peuvent pas être nominés les films vraiment mauvais, comme Geostorm).
Sont nominés Jumanji, welcome to the jungle, Thor: Ragnarok, Valérian et la Cité des Mille Planètes

Prix "les fans vont gueuler" pour récompenser la suite, le remake ou le reboot douteux qui a réussit à surprendre agréablement son public. Ne peuvent pas être nominés les reboot infâmes qui crachent sur l'oeuvre originale, comme Ghost in the Shell ou Alien Covenant.
Sont nominés Star Wars VIII - The last Jedi, It et Split (qui peut rentrer dans la catégorie par effraction, car c'est une suite officielle de Unbreakable de Shyamalan)

Prix "fermez-la et prenez mon argent!" pour récompenser le plaisir coupable de l'année, celui dont on sait bien qu'il n'est pas si terrible mais qui nous a eu quand même avec ses bandes-annonces, sa nostalgie ou son casting... Attention, ce prix est réservé à de bons films, les suites putassières et les mauvais films, comme Ghost in the Shell, au hasard, ne peuvent pas concourir.
Le prix revient à Kingsman, The Golden Circle pour son hommage au film d'espionnage, sa pyrotechnique et ses actions jouissives, prétendument décérébrées, qui enveloppent un propos social sur la drogue. "Save lives, legalize!" Et pourtant, il y avait de la concurrence et on pouvait nominer Jumanji, welcome to the jungle pour sa décharge nostalgique.



Catégorie films français:

Prix "tiens, il est pas mort cet acteur?" pour la résurrection improbable d'une célébrité contestable dans un rôle inattendu.
Sont nominés La villa pour le retour malheureux de Jean-Pierre Darroussin, que j'avais réussi à oublier, mais aussi Stars 80, la suite... inutile d'un film ringard avec Patrick Timsit et Richard Anconina qu'on avait oublié... pour de bonnes raisons.

Prix "lexomil" pour le meilleur film dépressif du cinéma français, parce que nous sommes les champions d'Europe de la consommation d'anti-dépresseurs, et que ça se reflète dans la pellicule.
Sont nominés K.O. (parce que le personnage est dans le coma depuis le début, toute son histoire de rédemption, où il reprend le contrôle de sa vie en comprenant ses erreurs, se passait en fait dans sa tête, avant qu'on le débranche à l'hôpital... youhou) et Grand froid avec Jean-Pierre Bacri (parce que c'est l'histoire d'un fossoyeur dépressif qui tue un mec lorsqu'il se rend compte qu'il a faillit l'enterrer vivant).

Prix "c'était con, mais quand même bien marrant" pour la meilleure comédie potache et attachante.
Attribué sans hésitation à Garde alternée avec Didier Bourdon, malgré de nombreuses tentatives comiques dans le cinéma français cette année.

Prix "Ah mais en fait, on a aussi des bons films" pour le long-métrage qui peut redonner espoir dans les productions francophones par sa qualité, son originalité et son esthétique.
Sont nominés Crash test Aglaé, trop excellent pour se laisser capturer en une seule phrase, Aurore qui est peut-être le meilleur film féministe de cette année, l'excellent 120 battements par minutes pour sa narration perspectiviste et le très remarqué Grave pour son ambiance et son esthétique dérangeantes.
Le prix semble cependant se diriger vers une grosse production française: le fameux Au revoir là-haut qui a mis tout le monde d'accord.



Catégorie films étrangers indépendants ou presque:

Prix "j'ai pas tout compris mais c'était cool" pour récompenser l'originalité et l'esthétique d'un film indépendant ou d'une moyenne-production étrangère.
Sont nominés Thelma, qui se distingue par sa richesse de sens, mais aussi par son esthétique très soignée et la qualité de son interprétation. Mais aussi The Square qui a marqué la critique et dont on se souviendra longtemps, ainsi que Voyage of Time de Terrence Malick.

Prix "c'est beau, mais c'est triste" pour récompenser le meilleur drame, celui qui aura su nous toucher par un propos existentiel et une finesse psychologique rare.
Sont nominés Faute d'amour, dont Globule a livré une critique exhaustive, et Lucky pour la tendresse de son jeu et de son propos envers la mort, sorti peu de temps après le décès de l'acteur principal.

Prix "télérama approved" pour distinguer le faux-film indépendant qui répond à toutes les attentes des films artys ou misérabilistes dans les festivals.
Le très putassier Mother! qui a fait couler beaucoup plus d'encre qu'il ne le mérite en jouant sur des symboles plus lourds qu'un 32 tonnes en descente, et le faussement rural Seule la terre, qui évoque gratuitement l'homosexualité.

Prix "#balancetadictature" pour récompenser le film ayant le meilleur propos social, et qui l'illustrera avec le plus d'originalité et d'esthétique.
Sont bien évidemment nominés le très fort Téhéran tabou, critique acerbe de l'hypocrisie religieuse dans une théocratie insoutenable, le plus discret Taxi Sofia qui montre l'effondrement social de la Bulgarie, mais aussi l'étrange Lune de Jupiter, dénonçant la gestion hongroise de la crise des migrants, qui semble ne pas avoir rencontré son public.



Catégorie mauvais films:

Prix "oui, mais en fait non" pour ne pas récompenser un film qui partait sur une idée intéressante mais qui s'est subtilement viandé quelque part dans le processus de réalisation ou de production. Bref, pour aboutir à un ratage malgré de bonnes intentions:
Sont nominés, clairement, Suburbicon de Georges Clooney, qui a perdu son humour noir quelque par au montage et A ghost story, dont l'originalité s'est perdue dans la gestion du temps.

Prix "la suite de trop..." pour distinguer la séquelle, le reboot ou remake inutile et parfaitement oubliable de l'année qui n'a rapporté de l'argent que par sa stratégie de matraquage publicitaire.
Sont nominés les très oubliables (et déjà oubliés) Gardiens de la Galaxie 2, sur lequel il n'y a rien à dire, et Justice League, qu'on a attendu pour rien. Mais je pense que le prix est largement mérité par Pirates des Caraïbes, la vengeance de Salazar, que tout le monde a oublié.

Prix "n'allez pas le voir c'est une merde" pour distinguer le navet le plus oubliable de l'année.
Largement mérité par Geostorm, qui plagie honteusement le film d'étudiant de Roland Emmerich, mais qui subit en France une concurrence assez rude avec La deuxième étoile de Lucien Jean-Baptiste.

Prix "ça va coûter cher aux studios!" pour distinguer les plantages financiers les plus cruels de l'année, mais qui sanctionnent de mauvais films! Ne peuvent pas être nominés les bons films qui ont loupé leur public à cause d'une mauvaise communication.
Mother! Qui a coûté 30M$ a certes récolté de très bons papiers dans la presse, mais le public ne s'est pas laissé avoir (ou plus probablement, le public s'est en partie fait arnaquer car les bandes-annonces vendaient un film d'horreur et se retrouve avec un thriller mystico-existentiel). Mais il a récolté seulement 44M$ à l'échelle mondiale, ce qui suffit à le rembourser... Mais ne couvre pas les frais marketing. Un échec des studios.
Ghost in the shell, le remake honteux frôle les 170M$ pour un budget de 110M$, c'est-à-dire qu'il se rembourse intégralement mais ne réalise pratiquement aucun bénéfices si l'on déduit les coûts marketing. Du point de vue financier, il était plus intéressant de placer 110 millions sur un livret A à la Caisse d'épargne pendant un an que de produire ce film.
King Arthur : Legend of the Sword, avec Charlie Hunan, perdu entre ses reshoots, sa post-production interminable, sa communication douteuse et ses qualités... discutables... Ce film est une exception de l'industrie! Il réalise 148M$ de recettes à l'international pour un budget de... 175M$ !!! C'est donc un film qui a fait perdre de l'argent au studio! Et qui peut potentiellement couler la carrière des acteurs principaux...
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#768 Message par lax » 21 déc. 2017, 18:33

Drahe, certes c'est le solstice d'hiver mais tu as oublié et cela m'étonne de toi que c'est surtout la journée mondiale de l'orgasme.....

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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#769 Message par Drahe » 21 déc. 2017, 18:35

lax a écrit :Drahe, certes c'est le solstice d'hiver mais tu as oublié et cela m'étonne de toi que c'est surtout la journée mondiale de l'orgasme.....
Je n'étais pas au courant, je l'ai appris grâce à environ trois-cent spams dans ma boîte mail... Il faut que je décoche certaines cases quand je m'inscris sur des sites douteux.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#770 Message par Drahe » 25 déc. 2017, 23:22

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Pretre a écrit :
Drahe a écrit :
Pretre a écrit :Shadowrun porté à l'écran mais sans la licence officielle. Espérons que ça ne soit pas une bouse.
Bright le film
Will Smith + un yes man à la réalisation... Désolé, ce sera une bouse. Il n'y a que la production Netflix qui peut tenter quelque chose d'original, mais visiblement ce n'est pas le projet... Sinon, ils n'auraient pas mis ensembles Will Smith et le yes man responsable de suicide Squad.
Même si je ne suis pas confiant je pars du principe de toujours laisser une chance. Rien n'est écrit dans le marbre sinon la vie serait bien triste.
Bon, Bright est sorti sur Netflix, beaucoup de gens l'ont vu et pas mal de critiques s'accordent à dire que c'est plutôt un mauvais film... Comme je l'avais prédit, donc je pourrais en profiter pour rire sournoisementet prendre un grand verre de "Je te l'avais bien dit!"

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...Sauf que non. Pour faire court, je dois des excuses à Prêtre: Bright n'est effectivement pas le film de l'année, mais pour des raisons complètement différentes que ce que je sentais dans la bande-annonce, et ce n'est pas un mauvais film.

Je pensais que Will Smith serait un défaut parce qu'il fait le même rôle depuis le début de sa carrière... Sauf que c'est un atout: parce qu'il est un personnage cliché et prévisible, il devient un repère dans un univers aussi original, avec des prophéties, des elfes, de la magie, un seigneur des ténèbres, des fées, des orcs, des centaures... Donc merci Will Smith de jouer le même rôle que d'habitude, tu nous fais gagner du temps car ton personnage n'a pas besoin d'être exposé, on le connait: tu es un badass et tu aimes ta famille, comme dans pratiquement toute ta filmo ces vingt dernières années.
Je croyais, à tort, que le film allait se limiter à de l'action vide, mais la production Netflix a accordé suffisamment de dialogues et d'exposition pour que l'univers soit développé. Pas trop les personnages secondaires, et c'est dommages, on y reviendra, mais l'univers est exposé clairement et largement exploré dans de nombreux dialogues.


Maizalors, pourquoi les critiques semblent-ils d'accord pour dire que c'est un ratage?
D'une part, parce que les critiques sont des cons. Tous les critiques que j'ai pu voir comparent le film à Suicide Squad parce que c'est le même réalisateur, ils y voient une revanche de l'artiste sur les studios hollywoodiens, passant à l'ennemi (Netflix) pour fuir la corruption artistique (la Warner). Alors que non: c'est un peu plus complexe que ça, le projet a mis du temps à naître et je parierais ma chemise (ou mon plus beau T-Shirt Star Wars) que le réalisateur David Ayer bossait déjà sur Bright avant d'apprendre que la Warner l'avait complètement baisé sur le montage de Suicide Squad en défigurant son film. Mais ce serait une belle histoire, et le parallèle est trop tentant: les critiques de cinéma aiment l'évidence. D'autre part, les critiques n'ont pas l'air de connaître Shadowrun, alors que l'allusion est évidente: comme d'habitude les rôlistes ont une belle longueur d'avance dans la culture de l'imaginaire.
Mais par contre: il y a deux problèmes majeurs dans ce film.
1) L'exposition des personnages: seul le personnage principal (qui n'est pas Will Smith, en fait... mais son coéquipier Orc) est vraiment développé. Les autres viennent remplir des cases: les Elfes jouent des Elfes, les gangsters latinos jouent des gangsters, même Will Smith joue un Will Smith (certes, il ne sait pas jouer autre chose)... Donc les antagonistes du film sont un peu ratés, et ça déséquilibre la dramaturgie.
2) Le rythme: il y a une relative mollesse du montage (fine, pas affreuse, juste un poil trop lente) qui fige l'action. Sur le papier (littéralement à la phase papier: quand ils dessinaient les plans du film sur une story-board), ça devait péter de partout. Les scènes d'actions devaient être nerveuses, dangereuses, hallucinantes, les héros sur le fil... Mais dans la pratique, tout ça nous est enlevé par un montage qui anesthésie l'action: il y a un vrai problème de rythme qui distancie le danger, rend les scènes molles quand elles devraient être nerveuses, et surtout nous éloigne du sentiment de menace. Vues les scènes, on devrait craindre pour leur vie à chaque seconde... Mais non. Parce que le monteur de ce film nous a clairement fait comprendre qu'ils s'en sortiraient quoi qu'il arrive. Cela gâche aussi l'humour: les dialogues pourraient être drôles. Sur le papier, je suis sûr qu'ils l'étaient. Mais comme le montage perd le rythme des blagues et des chutes, les répliquent comiques sont surtout gênantes, la tension relâchée (et ça ruine la dernière scène qui devait être un dialogue comique qui devient très, très malaisant).

Heureusement, Bright a réussi une chose, peut-être la plus importante pour les rôlistes que nous sommes: introduire correctement son univers. Pas de carton au début qui vous explique: "Avant, les Orcs servaient le seigneur des ténèbres, il a été vaincu il y a deux mille ans mais aujourd'hui les orcs sont toujours persécutés, et une prophétie dit que..."
Non, vous apprendrez tout de cet univers par les personnages, par les dialogues, par ce qu'ils disent ou ce qu'ils voient (beaucoup d'informations passent par les tags de rue, je n'ai jamais vu un film baser à ce point son background par le visuel). Et c'est un excellent point.
Est-ce que Bright est un bon film? Et bien ça dépend. Si vous attendez un bon film d'action: oui, c'est pas trop mal. Si vous attendez un univers original: putain oui, c'est du repompé de Shadowrun (il y a même l'apparition très rapide d'un dragon), mais c'est original et bien tourné, introduit avec intelligence, donc il y a matière à faire un univers étendu et une franchise. Est-ce que c'est une belle histoire? Là, par contre, ça pêche... Trop de choses ont été rabotées et nous manquent.
C'est un film qui essaye, en affrontant les difficultés, en prenant des risques, et ça mérite qu'on le regarde sans mépriser le travail accompli.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#771 Message par Mike » 27 déc. 2017, 01:25

J'ai enfin vu Star Wars 8 et je l'ai honnêtement trouvé pas trop mal. Je penses que le principal défaut du film c'est de vouloir nous raconter TROP de trucs, ce qui fait que rien ne va jamais vraiment au bout de ce qui devrait être dit et tout est plus ou moins expedié. Je penses que les gens ont dans l'ensemble une trop haute estime des films Star Wars qui sont globalement pas ouf en terme de réalisation, de scénar et de dialogue. Donc oui selon moi c'était un bon Star Wars, mais c'était un film que je qualifierait selon la terminologie du Djez de "moyen plus".

Prochain objectif: Coco. Qui a l'air génial !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#772 Message par globule » 28 déc. 2017, 19:02

Pour ceux qui auraient oublié que Ridley Scott restera toujours un génie du cinéma :https://www.youtube.com/watch?v=JOBTFfHJjV8
Gnô!

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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#773 Message par Djez » 28 déc. 2017, 23:39

J'ai vu MA VIE DE COURGETTE, un très bon film d'animation sur un gamin qui va se retrouver en orphelinat et apprendre à nouveau à profiter de la vie. C'est vraiment pas très beau (même si l'animation est pas mal du tout), mais le récit fonctionne bien, et si on est dans du très classique, le ton juste des personnages et la simplicité désarmante de traitement de scènes pourtant pas évidentes font que le film est toujours drôle, attachant et touchant. Un vrai beau film, quoi !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#774 Message par Drahe » 29 déc. 2017, 13:59

Djez a écrit :J'ai vu MA VIE DE COURGETTE, un très bon film d'animation sur un gamin qui va se retrouver en orphelinat et apprendre à nouveau à profiter de la vie. C'est vraiment pas très beau (même si l'animation est pas mal du tout), mais le récit fonctionne bien, et si on est dans du très classique, le ton juste des personnages et la simplicité désarmante de traitement de scènes pourtant pas évidentes font que le film est toujours drôle, attachant et touchant. Un vrai beau film, quoi !
Juste au passage: Ma vie de courgette est resté en salle TRES longtemps, battant pas mal de records cette année pour la durée de projection (il est resté en salle largement plus longtemps que Justice League, par exemple). Parce qu'il est resté projeté à certaines horaires pour enfant dans beaucoup de cinoches parisiens, pendant plus de douze semaines (ce qui est énorme, la durée de vie moyenne d'un film est de quatre semaines en salle, cinq ou six semaines pour un gros succès (les nouveaux Star Wars restent huit à dix semaines environ, le record absolu étant de 23 semaines pour Bienvenue chez les Ch'tits). Du coup, c'est étrangement un des long-métrages les plus longuement diffusés en salle cette année en France.



Le crime de l'Orient-express: Un film... putassier. Mais c'est un remake douteux qui partait avec beaucoup de handicaps. Faisons l'inventaire rapide de la situation:

Problème n°1: Le livre a déjà été adapté par Sidney Lumet lui-même (LE réalisateur qui a posé les bases du cinéma moderne avant le nouvel Hollywood, qui a enchaîné des succès sévèrement burnés avec de grands acteurs populaires (il a tourné avec Al Paccino, Marlon Brando, Sean Connery...), qui était particulièrement humble sur la place du réalisateur et qui a écrit un bouquin sur la manière de tourner au cinéma, le très célèbre Faire un film, qui fait référence. Donc faire un remake de Sydney Lumet c'est un peu comme sculpter une nouvelle version du Penseur de Rodin, ou proposer une nouvelle Joconde, il faut avoir le culot de soutenir le projet tout en s'adaptant à son époque.

Problème n°2: Le concept même de l'histoire est daté. L'histoire policière a connu plusieurs époques, avec un de ses âges d'or qui correspond à Hercule Poirot, l'enquêteur rationaliste qui s'oriente à travers l'obscurité des faits, démasquant les criminels par la force du raisonnement, si possible dans un huis-clos où la façade de civilité britannique sert de camouflage au meurtrier tout en exposant les protagonistes à sa menace. De nos jours on a de nouveaux archétypes: les enquêteurs qui doivent plonger dans l'irrationnel pour comprendre le fonctionnement de criminels exceptionnels (les fameux profileurs, comme Clarisse dans Le silence des agneaux), ou l'enquêteur technicien, qui pousse la rationalité dans les sciences forensiques (l'expert en tâches de sang qu'est Dexter, l'experte en anatomie dans la série Bones, et on pourrait imaginer d'innombrables concepts du même genre). Ou, plus ridicules et moins crédibles, les autistes géniaux qui sont rationnels parce qu'ils sont inadaptés à la vie sociale (l'exemple le plus intelligent est une série comique: Monk, portée par l'excellent Tony Shalhoub, mais on connait d'autres autistes ou mentalistes du même genre, qui deviennent grotesques si on les prend au sérieux).
Hercule Poirot, proposé aujourd'hui, ne peut plus être un Hercule Poirot, parce qu'Hercule Poirot a déjà existé. Il faut donc le moderniser, mais comment?

Problème n°3: Le casting! Sidney Lumet proposait un huis clos, il a donc mis le paquet sur le casting de rêve: Sean Connery, Lauren Baccal, Ingrid Bergman, Anthony Perkins... Comment trouver des acteurs à la hauteur de leur popularité et de leur jeu?

Voici les problèmes à relever pour une nouvelle adaptation du Crime de l'Orient-Express. Il faut adapter le livre, l'adapter à son public d'aujourd'hui, et soutenir la comparaison avec le chef-d'oeuvre de Lumet. Faisons le bilan:

Echec n°1: L'histoire est mal racontée. C'est-à-dire que le huit clos n'est pas respecté, les indices qui permettent de comprendre la situation de fin ne sont pas placés correctement dans l'intrigue, certains personnages apparaissent en cours de route... C'est un ratage complet sur la manière d'introduire les personnages et la situation, qui rend le film pratiquement incompréhensible, un peu comme si le scénariste avait déclaré entre deux cafés "bon, de toute façon ils connaissent déjà l'histoire, on va se concentrer sur autre chose..."

Echec n°2: Le personnage de Poirot était le symbole d'une autre époque de l'histoire policière: comment l'adapter? Et bien la réponse du scénario: de la manière la plus ridicule possible! En faisant de l'original mais distingué Poirot une sorte d'autiste génial, un Adrian Monk pas drôle, mais qui se prend au sérieux. Le film a recentré toute son intrigue sur le cas Poirot, son personnage, le crime de l'Orient-Express est un accessoire du personnage, finalement pas plus important que sa moustache. Ce qui compte, c'est qu'on vous vende Poirot, pas le crime, ni l'enquête, qui n'ont aucun sens et sont franchement bâclés. Parce qu'à la fin, quelqu'un glisse à Poirot: "Il y a eu un meurtre sur le Nil!" Et sur ce clifhanger, la production nous promet que du Poirot, on va en bouffer...

Echec n°3: L'anachronisme complet de la situation. Puisque le soucis de de film est d'introduire Hercule Poirot pour une longue, loooonnnnngue franchise, une suite, peut-être une série, des produits dérivés, achetez le BluRay et ses bonus, les vingt premières minutes ne s'intéressent pas aux personnages qui vont partager le wagon de l'Orient-Express, mais montrent une mini-enquête de Poirot à Jérusalem. Comme ça, gratos, histoire d'insulter trois religions et de jouer sur le conflit israélo-palestinien pour montrer que Poirot, lui, arrive à voir clair dans ces magouilles. On s'aperçoit au passage qu'on est en face d'une Jérusalem fantasmée, dont la situation correspond exactement à celle d'aujourd'hui, comme si l'armée israélienne n'avait rien fait de spécial depuis les soixante dernières années, ou que l'O.N.U. n'avait jamais rien dit, ou que la population n'avait jamais changé. Ca va gueuler au complot sioniste sur les réseaux sociaux, et ce sera la faute du scénariste avec ses anachronismes à la con. Et puis l'histoire originale ne commençait pas à Jérusalem, je ne vois pas l'intérêt de placer Poirot là-bas... Peut-être pour oublier que l'histoire commençait à Istanbul, dans une ville réellement multiculturelle et bariolée à l'époque du récit?

Echec n°4: La fin n'a aucun sens. Je ne peux pas révéler ce défaut sans gâcher le dénouement, mais le personnage de Poirot est censé évoluer, subir une transformation pour aller au bout de l'enquête... Et puis non, la vie reprend son cours, il est toujours le même... C'est un aveux d'échec placé dans le film, et c'est impossible de ne pas s'en rendre compte.

Donc pour conclure: un ratage à presque tous les niveaux. On retiendra: des personnages mal foutus et inintéressants, un crime mal expliqué et incompréhensible, une enquête mal filmée et peu captivante, un personnage d'Hercule Poirot qui prend tout l'espace disponible, parce que vous comprenez, il faut bien vendre la suite du film, hein, on est là pour vendre une licence nous, on s'en fout de l'enquête.... Et un personnage de Poirot adapté de la pire façon possible, faisant de lui un archétype ridicule, moralisateur et pompeux, un peu comme moi quand je fais la critique d'un film de Denis Villeneuve après trois Malibu-Coco.



La promesse de l'aube: Si vous n'aimez pas Charlotte Gainsbourg: allez-y quand même! Elle est méconnaissable, transfigurée, stupéfiante, métamorphosée, bref: elle joue bien!
Le film raconte la vie surréaliste de Romain Gary dans un biopic qui gère très, très bien les transitions et vous emmène doucement dans l'irréalité de ses aventures. Peut-être le meilleur biopic de l'année? En tout cas, le plus sincère et le plus émouvant. A voir!
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#775 Message par Mike » 03 janv. 2018, 00:28

J'ai vu Coco, et ça a été ma patate filmique de fin d'année. J'ai très beaucoup la flemme de faire un vrai avis détaillé mais ça parle de musique, de jour de la mort au Mexique et de la culture du souvenir des êtres qui nous étaient chers. Je le dit sans honte, ce film m'a profondément touché et j'ai lâché une larmiche à la fin du film. Encore une fois Pixar nous montre qu'ils sont capable de faire des films intelligent, drôle et touchant pour les gamins comme pour les adultes.

@Drahe: j'avoue ne pas avoir eu l'occaz d'aller voir le Crime de l'Orient-Express, je penses que j'y jetterais quand même un oeil à un moment, par curiosité, mais je me jetterais pas au cinéma du coup :P
Cependant, je m'oppose sur un point: Dans un roman d'Agatha Christie il est extrêmement rare qu'un lecteur/spectateur puisse comprendre le fin mot de l'histoire. Tout simplement parce qu'au moment de la résolution, Hercule Poirot révèle un élément qu'il était le seul à avoir en possession. Typiquement: "J'avais demandé au préalable à ma secrétaire de réunir des informations sur tel truc et du coup je sais que c'est machin."
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#776 Message par Djez » 03 janv. 2018, 23:50

Après avoir attendu par erreur dans la salle de "Santa et Cie" (erreur de l'equipe du petit cine de Strasbourg ou on était avec Dianoia), on a finalement pu voir COCO (en manquant quand même les 5 premieres minutes, temps pour nous de voir que Chabat tourne a nouveau dans une bouse).

Et je suis d'accord, COCO est vraiment un tres bon Pixar, bien rythme, fun, touchant... Perso, y a quelques menus details scenaristiques qui m'empechent de trouver que c'est un chef d'oeuvre absolu, mais ca ne m'a pas empeche de trouver ca vraiment tres tres sympa et drole. Cerise sur le burritos, l'univers graphique hyper colore est tres reussi, avec une mention speciale pour les animaux guides des esprits tous tres cool !

Bref, a voir !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#777 Message par Drahe » 18 janv. 2018, 15:50

Je suis heureux de voir que tout le monde a aimé Coco, car c'est un petit bijou narratif, rempli de poésie et d'onirisme dans un sujet quand même pas cool: le rapport à la mort.
Cela fait maintenant trois bonnes semaines que je n'ai pas posté, donc j'ai eu le temps de voir 2-3 films.


Tout l'argent du monde: L'histoire romancée de l'enlèvement d'un des plus grands milliardaires du XXe siècle. Ce film est un commentaire sur l'indécence de l'argent, avec un personnage de Jean-Paul Getty glaçant de cynisme. Le film reste anecdotique mais participe à la tendance de la décennie 2010 de critiquer ouvertement les ultra-riches dont nous découvrons les fraudes et les crimes depuis la prise de conscience qui a suivie le crash de 2008 (qu'on appelait "crise des subprimes" au début).
Ici, Jean-Paul Getty est presque une caricature d'ultra-riche: il fraude le fisc en se déclarant comme une fondation, refuse de dépenser de l'argent à chaque occasion (il va dans un hôtel de luxe en Italie mais fait sa lessive lui-même, accrochant ses caleçons dans la salle de bain parce que: "pourquoi payer le pressing alors que je peux le faire moi-même?") Mais d'un autre côté, il a ses passions et peut dépenser des millions dans des oeuvres d'art volées pour enrichir sa collection privée.
Une réalisation au poil, mais il film malheureusement anecdotique, qui ne dépassera pas le biopic moyen. La suppression de Kévin Spacey au casting n'a pas aidé la production à boucler la sortie dans les temps, car l'acteur s'est retrouvé au coeur d'un scandale sexuel (il fait partie de ces gens qui chutent après qu'on révèle leurs histoires d'attouchements et autres pratiques douteuses dans le sillage d'Harvey Weinstein). Il a donc été retiré du film en post-production et TOUTES les scènes où apparaît le milliardaire Jean-Paul Getty ont été tournées à nouveau, avec un autre acteur (qui fait très bien le job). La post-production a fourni un travail de titan pour masquer ce bricolage au montage, et ça ne se voit pas du tout, je ne l'aurai pas soupçonné une seconde si je n'avais pas entendu parler de l'anecdote d'abord.


The leisure Seeker (traduit par L'échappée belle, un titre tellement banal qu'il se perd dans la masse): Ce film indépendant italien porte étrangement sur un couple américain de vieux retraités qui prennent leur antique camping-car dans un road-trip pour échapper au projet de maison de retraite concocté par leurs enfants. Ils vont vivre une aventure qui semble bien partie pour être la dernière, entre l'Alzheimer du père, ancien prof de littérature à la fac qui débite ses cours sur Hemingway à toutes les serveuses de restauroutes, et sa femme déterminée à ne rien laisser paraître de l'échec de sa chimiothérapie. Un film qui tire la larme à l'oeil mais reste honnête avec son spectateur, ne présentant rien d'autre qu'une bonne histoire de vieux qui s'aiment.


Fireworks: Un animé un peu conceptuel, qui va plonger notre héros, un adolescent frustré de ne pas sortir avec la plus belle fille du lycée, dans la possibilité de revivre les événements de fin d'année, quand il va l'inviter à venir aux feux d'artifice. Le film a un côté expérimental et permet au personnage principal d'explorer plusieurs possibles, négociant avec la réalité pour aboutir son projet. Assez intéressant.


Les heures sombres: Toucher à Churchill, c'est toucher à un personnage controversé pour son époque qu'on a ensuite érigé en héros de guerre. Et si le Churchill historique était assez amusant pour faire un bon personnage, la manière de le représenter n'est jamais libre d'une idéologie politique.
Ici, Churchill est présenté comme un gueulard menteur et têtu, mais populaire, qui se révèle avoir raison contre tout le monde. Ce qui est 1) historiquement faux et 2) peut être analysé comme une très, très douteuse tentative de légitimer la brutalité et le manque de diplomatie (euphémisme de l'année) de Donald Trump.
Le portrait populiste de Churchill est bien filmé, mais son propos de fond est cynique: un homme politique investi de suffisamment de conviction, qui a souvent tort et manque de jugement, peut être la personne dont on a besoin en cas de guerre.
C'est à mettre en regard avec Churchill tel qu'il était réellement. D'abord, orateur brillant, excellent connaisseur de l'histoire (il passait du temps à lire et pouvait citer les historiens antiques de mémoire, ce que le film tente d'imiter avec un passage sur Cicéron), mais également grand connaisseur des technologies militaires de son temps et excellent tacticien (ce que le film veut démentir en le montrant inculte en manière de technologie militaire).
Donc encore une fois, un film mensonger sur Churchill... C'est le deuxième cette année les mecs, va falloir arrêter le tir (le film est déjà sorti en 2017 aux U.S.A.)


Downsizing: Un film qui claque la porte au rêve américain. En montrant une technologie nouvelle et improbable (une réduction cellulaire qui permet aux gens de rapetisser), le film s'intéresse d'abord à la manière dont le héros se l'approprie: vivre le rêve américain en vivant dans un palace cinq étoiles de soixante centimètres de haut. Puis il aborde la manière dont les gouvernements du monde s'approprient cette technologie: une manière de supprimer les opposants politiques sans les tuer, en contournant les lois sur le génocide ou l'incarcération. Des dizaines de régimes brutaux et inhumains réduisent des populations de force quand ça les arrange (par exemple, le gouvernement israélien réduit de force la taille des palestiniens). Ce qui nous amène à un retour des problématiques géopolitiques dans le monde miniature. Les riches américains miniaturisés de leur plein gré pour vivre comme des millionnaires sur un smic, maintenant qu'ils utilisent tout en petite quantité, se retrouvent avec une immigration illégale de personnes miniaturisées contre leur gré dans des pays en développement qui sont politiquement instables. Donc on retrouve une lutte des classes dans le monde miniaturisé.
La suite semble avoir perdu pas mal de gens dans le public: notre héros, loin de vivre comme un millionnaire, fait partie des pauvres car il divorce. Il va aider des immigrés un peu par hasard, en prenant soin d'une opposante vietnamienne réduite contre son gré dans une prison, qui s'est évadée en se faisant poster aux U.S.A. dans un colis contenant une télévision. Leur histoire humaine va le reconnecter à la réalité en le faisant sortir du rêve américain, qui s'avère bien fade et particulièrement cynique.


Burn out: Un film de genre français qui passe complètement à côté du propos social qu'il aurait dû avoir (qu'il aurait pu avoir, tous les ingrédients étaient là).
Synopsis: Quand il découvre que son ex planque de la drogue pour les gitans et qu'elle s'est fait voler la cargaison par son nouveau copain, notre héros essaye de sauver le coup. Il va voir le gang des gitans pour négocier. Ils lui proposent un deal: puisque notre héros est un pilote de moto qui veut passer pro, ils se serviront de lui comme passeur. Sa mission: faire passer des kilos de poudre de Rotterdam à Paris, en bombant sur l'autoroute et en semant les flics. Notre héros va donc faire le boulot, et jongler douloureusement entre: son travail de cariste à mi-temps dans un entrepôt, ses sélections pour devenir pilote professionnel et ses courses nocturnes pour la contrebande. Pour tenir le choc, il commence à prendre des amphétamines pour dormir moins, jusqu'à l'inévitable explosion.
Spoiler: Quand les gitans essaieront de le forcer à bosser plus longtemps que prévu, il pètera les plombs et concoctera un plan à moitié improvisé: faire en sorte que son meilleur pote, un caïd de la cité, flingue les gitans et récupère leur planque.
Et TOUS ces propos sont désavoués par la scène de fin.
A la fin, le héros qui a traversé tant d'épreuves, qui a renoncé à ses rêves et risqué sa vie pour sauver la connasse moralisatrice qui l'a mis dans la merde, se retrouve à un carrefour en face d'une bagnole de flic. Et là, sans AUCUNE raison, il accélère pour déclencher une poursuite dans laquelle il les sèmera sûrement... Et générique!

Donc on a un film qui:
- Montre la précarité de l'emploi chez les jeunes.
- Parle des cités.
- Parle explicitement de la fracture sociale et du racisme.
- Place une partie de son action dans les grandes émeutes de 2005, quand les banlieues brûlaient des bagnoles et que l'Etat imposait le couvre-feu.
- Parle de surmenage au travail et de l'usage professionnel de la drogue...
- Montre un renversement du pouvoir dans une mafia, le thème révolutionnaire bien français prenant une place prépondérante...
Et tout ça pour se terminer par "Putain comment je sème les keufs quand j'accélèèèèèèèèèèèèèèèèèèère!!!"
Personnellement, j'ai terminé la séance en m'écriant "Mais... Mais c'est nul comme fin!" à voix haute dans le cinéma. Ce qui a provoqué une vague d'approbation chez mes voisins de siège.

Je suppose que le film était tiraillé entre deux volontés (d'où viennent-elles? Je ne sais pas, mais j'imagine que ça se passe entre le scénariste, le réalisateur et la production). D'une part la satyre sociale, d'autre part la volonté de vendre un mélange improbable de Drive et Fast & Furious à la française pour draguer le beauf de service. J'en veux pour témoin la beaufitude du film:
- les insultes gratuites et le comportement cliché de tous les personnages de banlieue du film.
- C'est un film sexiste: le personnage féminin est la cause de tous les problèmes et se permet de critiquer une fois qu'on lui sauve la vie. Il y a UNE femme dans ce film (cherchez bien, je n'ai pas vu d'autre personnage féminin), et c'est une pétasse irresponsable mais bien gaulée, ce qui justifie apparemment de risquer sa vie pour elle. Si j'étais le héros de ce film ça aurait duré une heure et demie de moins: je me serais barré en la laissant se démerder.
- C'est un film xénophobe: le héros est un français blanc qui a grandi en pavillon, comme toutes les personnes honnêtes du film, sa copine qui le met dans la merde est d'origine portugaise, son pote dealer est noir, la mafia est celle des gitans, et quand un plan se passe mal ou qu'il y a une arnaque dans un deal, c'est la faute d'un arabe. Le film a l'intelligence de jouer la diversité pour noyer son propos, mais reste parfaitement racist-friendly dans son intrigue. On ne va quand même pas prendre le risque de ne pas vendre des places aux xénophobes, ce serait dommage.
- La manière de filmer les motos sous tous les angles et cette scène chargée d'une intention érotique grotesque dans laquelle le héros caresse sa moto avant de partir en virée...
Donc c'est dommage, car on avait le potentiel d'un film de genre à propos social, qui se transforme en piège à beauf pour vendre des places à Kévin et Jordan, ainsi que leur père Jean-Michel, qui a voté Marine au second tour. Un gâchis extraordinaire.
Cerise sur le McDo: le héros n'a pas de raison d'être. Son travail de contrebande à moto n'a aucun sens: on l'emmène du point A au point B en camionnette, il trouve sur place une moto préparée et le contact qui lui donne la marchandise, puis il doit rejoindre le point A en bombant sur l'autoroute, avec la consigne de ne pas s'arrêter au péage. Sauf que 1) pourquoi ne pas ramener la drogue dans la camionnette ou dans un autre véhicule? On va nous faire croire qu'il y a des contrôles sur les routes françaises? Et 2) il se fait poursuivre par la police UNIQUEMENT parce qu'il grille le péage. S'il s'arrêtait une minute pour glisser un billet de 10€ dans la machine, il n'y aurait pas de scène de poursuite...


Le grand jeu: Ce biopic nous raconte l'histoire romancée d'une "princesse du poker", incarnée par une Jessica Chastain pornolicieuse qui va organiser de grosses tables de poker après qu'un accident ait mis fin à sa carrière dans le sport olympique. Attrapée par le fisc, elle fait appel au meilleur avocat de l'univers: Idris Elba.
Le montage est nerveux, l'histoire est bonne, les acteurs excellents, le film ne manque ni de comique ni d'action et montre comment une femme navigue entre ses complexes, sa réussite et son procès. Tous les ingrédients sont là, le mélange est parfait, à voir.


Normandie nue: Un film où François Cluzet demande à des éleveurs normands de se mettre à poil, ça devrait marcher. Sauf que... Si le film est bien mené, sa conclusion est parfaitement décevante, car désamorcée et sans impact.
Synopsis: Un petit village de Normandie est dirigé par leur maire François Cluzet, un éleveur qui comprend ses électeurs, des agriculteurs sans le sou qui se font dépouiller jusqu'à l'os par l'agro-buisness (pour faire court, ils hypothèquent leur testicule gauche aux banques pour continuer de vendre leur testicule droit à la grande distribution et se suicident quand ils comprennent qu'il ne pourront jamais rembourser ni continuer). Jusqu'à ce qu'un photographe d'art américain très célèbre passe par là par hasard, à cause d'une route bloquée par des tracteurs, ce qui l'empêche de rejoindre directement l'aéroport. Il trouve un champ dans lequel il veut prendre une photo: des Normands à poil, pour un projet dont on ne comprendra jamais vraiment les intentions artistiques. Mais François Cluzet comprend qu'avec la renommée de cet artiste, il pourra utiliser le cliché dans un but politique: montrer que les agriculteurs français sont littéralement à poil, démunis financièrement.
Les thèmes abordés sont donc franchement prometteurs, non? En tout cas, ça mérite qu'on en parle et les personnages ont l'air suffisamment attachants pour que le potentiel comique empêcher le drame de déprimer le spectateur. En plus, le casting est excellent et les acteurs plutôt justes (sauf les jeunes, qui jouent comme dans un téléfilm France 3). Mais ça ne marche pas vraiment. Au lieu de se renforcer mutuellement, la comédie et le drame s'annulent dans une fin insignifiante. Je dois maintenant révéler le dénouement pour analyser: ne lisez pas ce qui suit si vous comptez voir le film.
Spoiler: A la fin, le village se comporte tellement comme des Gaulois fous que l'artiste américain renonce, décide qu'on s'est foutu de sa gueule et repart vers l'aéroport Charles de Gaulle. Devant cet échec, le village se mobilise une nouvelle fois grâce à un jeune qui comptait vendre la boutique photo de son père, et qui va s'approprier le projet photographique pour prendre le cliché lui-même. C'est donc une happy end très vaine: la photo est prise par quelqu'un du village, les Normands se mettent à poil sur un champ, et le film s'arrête sur cette image de fin sans autre développement.
Personnellement, pendant ce plan final, je me disais "Oui, et maintenant?" Maintenant, la photo n'a aucun avenir et l'utilisation politique que voulait en faire le village est ruinée. Car 1) ce n'est plus une photo d'art proposée par un artiste reconnu internationalement, donc le cliché a très peu de chances de faire parler de lui, 2) c'est un plagiat pur et simple de ce que proposait le photographe américain, donc si la photo a la moindre utilisation commerciale, les habitants s'exposent à un procès... 3) Puisque l'avenir de la photo est condamné, celui des éleveurs aussi. L'intrigue est parfaitement ficelée pour que leur message de désespoir ne soit pas entendu. On est tenté de dire: une photo pour rien, donc un film pour rien.
Sur le sujet des éleveurs français, voyez plutôt le premier film d'Hubert Charuel, Petit paysan, sorti fin août, qui vous fera beaucoup mieux comprendre les enjeux de ce sujet sans maquiller le tout en comédie familiale.
En attendant: tuez un éleveur français, devenez végan!


Ami-ami: Une comédie française à la con? Oui, mais attachante, et avec des plans nichons pour maintenir l'attention du spectateur (d'où l'intérêt d'embaucher des actrices sublimes et peu connues, qui peuvent accepter de montrer leur (superbe) poitrine pour devenir célèbre). Comme dans toutes les comédies romantiques françaises, l'intrigue tient sur un quiproquo ridicule et n'a pas lieu d'être. Seul intérêt: on est allé le voir en avant-première avec Machette, et il y avait l'équipe du film sur place (les 4 acteurs principaux, le réalisateur et un des producteurs). A voir si vous aimez ça, sinon...
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#778 Message par Drahe » 25 janv. 2018, 04:21

L'échange de princesses: Un film étrange, sur un échange diplomatique de deux filles (dont une vraiment enfant) afin d'assurer la paix entre l'Espagne et la France, pendant la période où le futur Louis XV a treize ans. L'idée est de son Régent, Philippe d'Orléans, et fait ses preuves dans la mesure où elle permet effectivement d'éviter la guerre.
Le propos du film est de démontrer le peu de cas qu'on faisait des femmes à l'époque: la princesse est de "la chair à marier" dira un personnage féminin. Même si le propos à du sens dans notre époque où le féminisme émerge comme une idée de plus en plus partagée, le film a une action très réduite, pas spécialement captivante et franchement, on se demande si tout ça a servi à autre chose qu'à donner du travail aux équipes des costumes.
Lambert Wilson, qui joue Philippe V d'Espagne, qui donne sa fille de cinq ans en échange d'une autre princesse, est poussé au surjeu... Et Lambert Wilson ne demande que ça, de surjouer! Du coup, si vous voulez le voir s'autoflageller en philosophant sur la brièveté de la vie et l'importance de la souffrance en costume espagnol du XVIIe siècle, allez-y, sinon...
Les personnages sont plutôt stéréotypés, ce qui est bien dommage puisque l'un des intérêts du film historique, c'est de s'appuyer sur des personnes réelles et d'échapper aux clichés.
L'intrigue n'est pas spécialement intéressante. Les princesses sont échangées sur une île, la cérémonie est parfaitement conforme à une étiquette grotesque... et c'est le climax du film.
Pour faire court, un film extraordinairement chiant, qui n'a pas su capter l'attention de grand-monde dans la salle.
Je dédie cette critique à la cruche assis devant moi, qui emmenait sa fille de huit ans au ciné voir ça (pourquoi pas, après tout...) et qui a passé la totalité du film à regarder son portable. Le pire étant que ce n'était pas la seule, j'ai pu voir des quadragénaires se tripoter l'écran tactile en me retournant. Donc peut-être que je n'aurai pas du entrer dans ce cinéma à Odéon, car j'avais l'impression d'être en compagnie de gens qui se forçaient à voir quelque chose de culturel entre deux parties de CandyCrush.


24h limit: Une merde. Mais avec Ethan Hawk! Un mercenaire doit abattre l'homme qui va témoigner pour dénoncer les crimes de guerre pratiqués par leur organisation (la fictionnelle "Red mountain", qui semble clairement faire allusion à la tristement célèbre agence mercenaire BlackWater, dont les crimes ont amené l'armée américaine à ne plus les employer pendant la 2de Guerre du Golfe).
Pour faire court: il échoue et se fait plomber. Mais on le ramène à la vie par un processus expérimental, qui ne lui laisse qu'une espérance de vie de 24h. Entre regrets, flashbacks honteux et scènes d'action improbables, il va se rebeller contre Red Mountain et tenter de protéger le témoin gênant contre une armée de mercenaires crapuleux.
Cliché, grotesque, chiant et pompeux, cette bouse met une femme chinoise en second rôle pour s'attirer la sympathie du marché asiatique, et ça ne sert à rien: il fallait d'abord faire un bon film. Le seul rayon de soleil est qu'on y retrouve le très sympathique acteur irlandais Liam Cunningham, que vous connaissez pour son rôle de Ser Davos Seaworth dans Game of Thrones.


Last flag flying: Un peu long, ce film existentiel prend un casting de rêve pour montrer comment trois vétérans du Vietnam réagissent à la mort du fils de leur ancien camarade. Incarné par Steve Carrel, ce père en deuil fait le chemin avec le cercueil de son fils, tué en Irak en 2003, accompagné de deux personnages hauts en couleur. D'une part, la bonne conscience, l'illusion, la religion, incarnées par son ancien camarade junkie et alcoolique devenu pasteur (joué par Lawrence Fishburne). D'autre part, la lucidité, le courage de voir la réalité en face, le pragmatisme incarnés par son ancien ami Marines, qui a perdu son mariage dans l'alcool et possède un bar miteux (joué par le très bon Bryan Cranston).
Les trois personnages s'embarquent dans un road movie existentiel où ils affronteront la douleur, l'absurdité des guerres auxquelles ils ont participé et le grotesque du décorum militaire qui entoure le retour des cerceuils. Ecoeurés du patriotisme hypocrite, ces anciens camarades vont se serrer les coudes malgré leurs différences pour offrir un enterrement digne au fils de leur ami.
Parfois long, ce film explore correctement les facettes et donne l'occasion de voir d'excellents acteurs débattre de sujets polémiques. Dans le discours d'un jeune militaire sur la 2e Guerre en Irak, ils retrouvent tous les éléments de propagande auxquels ils ont eu droit au Vietnam.


La surface de réparation: Un film pour rien? En tout cas, la production peut remercier le monteur de la bande-annonce, qui a réussit à vendre comme un thriller psychologique rythmé ce qui se révèle une triste fiction sur la vie de merde d'un ancien footeux raté. Soyons clairs: je ne suis pas rentré dans le film. Je n'ai pas compris ce film, je ne vois pas le propos (à par dire que rester fidèle à sa ville, c'est un peu con). On a suivre un personnage tellement borné qu'il reste attaché au club qui l'a viré quand il était en centre de formation, il va devenir une espèce de coach de l'ombre, qui surveille les boîtes de nuit pour éviter que les jeunes talents y ruinent leur carrière. Mais il tombe amoureux d'une fille qui pratique le "kiss and tell", couchant avec des stars pour publier des photos et SMS scandaleux.
Franchement, le film est d'une lenteur et d'un vide sidérant, c'est un essai sur l'ennui (ce qui me paraît approprié pour un film sur le sport le plus chiant et stupide de l'univers, mais on m'avait vendu un thriller: il y a tromperie sur la marchandise). L'intérêt que j'y vois, c'est l'actrice principale, Alice Isaaz, qui a un faux-air de Clara Morgane à sa grande époque (et si vous trouvez que c'est une comparaison dégradante, dites-vous qu'il vaut mieux ça que d'être un sosie de Martine Aubry, on peut se l'avouer).
L'autre avantage, c'est qu'on ne peut pas vraiment vous spoiler le film: il ne se passe pas grand-chose, et la transformation du personnage principal ne l'amène pas loin... Il avait une vie de merde avant, mais après, il a une vie de merde salariée.


Three billboards: La claque cinématographique de janvier. Cet excellent film de vengeance est servi par un casting de premier choix (on y retrouvera avec affection Woody Harrelson et Peter Dinklage, avec un des meilleurs rôles de Sam Rockwell depuis longtemps). Ce film est déjà sorti aux U.S.A. en 2017, donc il y a une ressource infinie de discours, réactions, analyses et commentaires disponible. Pour faire court: tout le monde en parle, tout le monde a aimé (sauf les Inrocks, qui comprennent rarement quelque chose au cinéma, donc c'est plutôt bon signe). Je n'ai rien à dire sinon: c'est génial, c'est beau, rien n'est gratuit, ce film est parfait, allez le voir.


Pentagon Papers (titre original: the Post), le dernier Spielberg avec les immenses, les colossaux, les titanesques, les cyclopéens Tom Hanks et Meryl Streep, qui ont tellement d'oscars à eux deux qu'ils pourraient s'en servir comme quilles de bowling dans une partie où ils inviteraient Leonardo Dicaprio pour lui mettre la misère.
Ce très bon Spielberg se concentre sur l'enjeu démocratique de la presse, comment Nixon a tenté de baillonner le New York Times et comment la presse a réagit pour défendre la liberté d'expression. Le film comporte principalement des dialogues, tourne autour des mensonges d'Etat sur la guerre du Vietnam, mais est agrémenté de beaux montages courts et nerveux sur l'industrie de la presse, la fabrication du journal, de la rédaction à la distribution. On y voit notamment quelques plans sur la fonte des caractères en plomb qui vont permettre d'imprimer.
Parmi les Spielberg adultes, abordant des sujets politiques, c'est un des meilleurs.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#779 Message par Drahe » 07 févr. 2018, 15:22

Revue de quelques sorties parmi les dernières:


Veronica: Un beau petit film d'horreur espagnol, un pays qui sait produire du film de genre intéressant, lui! Il y a de belles idées visuelles, une mise en scène intéressante qui sert bien son propos, et l'actrice principale est à croquer (c'est pas moi qui le dit, c'est le chef-op avec sa lumière sur la peau tendre de Sandra Escacena, et le réal avec ces petites scènes qui montrent discrètement que les passants la reluquent quand elle va au lycée).
Le soucis principal, c'est que tout en adaptant une histoire supposée vraie, ce film de genre colle trop bien aux codes de l'horreur occulte: une séance de spiritisme qui tourne mal, un personnage hanté par un démon... On ne décolle pas de l'attendu, et c'est bien dommage.
Le film prétend nous donner un choix, puis le bazarde.
Spoiler: On fait semblant de nous proposer une interprétation rationaliste: elle serait folle et jouerait la présence démoniaque depuis le début. Mais ce n'est qu'une ruse pour que le démon la pousse au suicide. Le film prend ensuite clairement position pour l'existence du surnaturel. C'est assez dommage car il y avait une piste avec une belle petite scène: elle traverse la rue et hésite après avoir croisé quelqu'un qui lui ressemble beaucoup, qu'on ne voit que de dos. Comme il elle venait de croiser son double et de n'en prendre qu'à moitié conscience. A quoi sert cette scène? Peut-être à proposer une interprétation alternative que je n'ai pas déchiffrée. En tout cas, elle tente de bannir le démon en refaisant une séance de spiritisme, et demande à son petit frère un peu couillon de recopier sur chaque mur une rune de protection trouvée dans une revue d'occultisme. Le petit frère le fait bien pour couvrir un pan de mur, puis il s'ennuie et tourne la page, histoire de recopier un autre dessin... Qui est cette fois un symbole d'invocation et non de protection.
Note personnelle: Je suis simplement heureux d'avoir remarqué qu'elle essaye de se protéger avec le symbole viking de Vegvisir, et que le "symbole d'invocation" n'est autre que le sceau de Goétie du démon-roi Asmodée. Je coche la case et je passe à 25% en Occultisme sur ma fiche de perso.



Wonder Wheel: Un Woody Allen sympathique, mais pas si mémorable en comparaison de certains. J'aime les personnages qui se mentent à eux-mêmes dans ses films, mais là c'est un peu poussé. Et la performance de Jim Belushi (qui est aussi mauvais que peut l'être un bon acteur) ne permet pas de s'attacher au tout. Heureusement que Juno Temple est à la hauteur, juste et absolument délicieuse (filmée sous tous les bons angles avec une perversité experte: merci Woody!)
On peut par contre noter la performance technique: ce film est très bien éclairé, très bien filmé, les plans sont composés avec attention... En fait, c'est même beaucoup mieux filmé que la plupart des Woody Allen récents, la production du film par Amazon a du apporter plus de moyens, ou son chef-op l'a persuadé de revoir certaines choses, je ne sais pas.



Marie Curie, le courage du navet: Une merde terrifiante, qui prétend rendre hommage à Marie Curie, mais sert à la place une purée sentimentaliste, aux acteurs mal doublés (oui, un film français doublé... Certains acteurs ne parlaient pas français, donc on les a doublé en post-production), avec des scènes de nu gratuites dans un rétro-éclairage doré... Quand on a l'habitude de la télé et de ses doublages honteux, on reconnait immédiatement la fausseté des dialogues et le fait que leur enregistrement ne coïncide pas avec la scène, et on a l'impression de regarder un mauvais film érotique italien doublé dans un sous-sol M6. Ou pire: un téléfilm franco-allemand!
Ce film a des problèmes! Prenons les choses dans l'ordre, puisqu'on dit qu'un film s'écrit trois fois: au scénario, au tournage puis au montage.

1) Dans le scénario: L'intention de départ est louable et intéressante, puisqu'il s'agit de raconter une séquence moins connue de la vie de Marie Curie, son combat pour la reconnaissance de ses travaux après la mort de Pierre Curie (alors que la découverte du radium a déjà été traitée dans d'autres téléfilms).
Mais l'écriture est pensée pour un public télévisuel (ou pour l'idée que se ferait un producteur télé du public féminin), donc notre chercheuse franco-polonaise devient le prétexte d'un mélodrame vu mille fois: une femme tiraillée entre ses prétendants. Non seulement chaque scène devient un prétexte au drame facile (scène de ménage, menace de mort, etc...) mais en plus le message féministe est renié par la forme de l'intrigue. On a un personnage qui agit comme une femme fantasque, avec des scènes de nu parfaitement gratuites, mais qui prononce des discours sur l'avancée de la femme... Il ne suffit pas de coller une étiquette Nutella sur un pot de merde pour que les gens se l'arrachent, mais ça marche en partie: Femme actuelle a donné une excellente critique de ce film (prouvant que soit ils ne comprenaient pas, soit ils étaient piégés par leur ligne éditoriale, contraints d'encourager une très mauvaise production parce qu'elle parle d'une femme).

2) Sur le tournage: C'est peut-être le plus réussi, et je n'ai pas grand-chose à dire. Le travail de la lumière est épatant (même si un peu mièvre), et s'autorise de beaux effets sur les étagères de radium. Le chef-op a fait un excellent boulot, les costumes sont bien pensés, l'époque est rendue correctement par les décors (un beau tournage à la Sorbonne en plus)... C'est du bon.

3) Au montage: c'est le massacre! La production a égorgé le film dans une baignoire et mis de l'acide partout en espérant qu'on ne remarque rien.
Le montage est rapide, saccadé (un effet de surcut dans un téléfilm européen, je vous assure, ça choque), et pas brillant du tout. Il n'y a pratiquement aucun raccord (c'est con dit comme ça, on dirait une remarque de spécialiste, mais pas du tout: initié ou pas aux codes du cinéma, quand il n'y a pas de raccord pendant une heure quarante et qu'on change de plan toutes les trente secondes, je vous assure, ça fatigue). On sent que la réalisatrice a tourné des scènes supplémentaires et qu'il n'y a pas eu la volonté de les couper ou de les laisser clairement, donc ils sont partis sur un compromis nul: accélérer le rythme en mettant 15 secondes de toutes les scènes inutiles, ce qui ne permet pas de les suivre, bousille le rythme du récit et donne un côté "zapping" au résultat. Si vous n'avez pas suivi une scène ou manqué le début, ce n'est pas grave, de toute façon le film n'a pas pris le temps d'expliquer, donc vous ne serez ni plus avancé ni plus perdu que ceux qui ont tout regardé.
Ultime erreur en post-production: les acteurs qui jouaient en Allemand ont été doublés en Français de façon dégueulasse, à faire rougir de honte les doubleurs de chez Dorcel dans les années 1990. Ce qui se sent très vite, on voit que les dialogues sont trop propres, que la voix est au même volume quelle que soit la position du personnage à l'écran, bref que la prise de son n'est pas issue du tournage. On a la dangereuse impression que la moitié des dialogues a été réenregistrée en studios et collée sur le film comme une affreuse couche de peinture rose PQ sur des murs de brique.

Bref: Marie Curie, le téléfilm honteux qui n'aurait jamais du parvenir dans vos salles de cinéma.



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Oh, Lucy!: Un excellent film nippo-californien, décrivant la fugue amoureuse à Los Angeles d'une quadragénaire d'Okinawa, pour retrouver le professeur d'anglais dont elle est tombée amoureuse au bout d'une séance. Problème: le professeur d'anglais en question est retourné à Los Angeles avec la nièce de notre héroïne, une belle adolescente qui servait dans un bar à soubrettes.
Touchant, drôle, ce drame en demi-teinte parle de sujets plus graves qu'il ne semble: le suicide, les faux-semblants, l'imitation, l'hypocrisie sociale et la dépression.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#780 Message par Drahe » 08 févr. 2018, 11:47

Dans le cadre de notre festival de cinéma "Je l'ai regardé sous la couette parce que mon établissement est fermé à cause de la neige", j'ai vu le petit Cloverfield paradox produit par Netflix.

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Et ça n'est pas brillant.
Mais vraiment pas.

Les films Cloverfield sont géniaux parce qu'ils relient entre eux des films de genre différents, par le thème de l'invasion et avec des créatures fascinantes. Cloverfield était un found footage, et clairement un des meilleurs du genre. 10 Cloverfield lane était un huis-clos angoissant, psychologique et vraiment troublant: est-ce que ce mec dit la vérité? Est-ce qu'il y a même une invasion extra-terrestre? Est-ce un pervers qui tue des adolescentes dans son bunker avec cette histoire d'invasion?

Ici, on a malheureusement droit à un film d'horreur dans l'espace très, très classique. Avec des phénomènes surnaturels relativement banals expliqués par un bête "dimension parallèle". A part dans des bouses comme Geostorm ou Pacific Rim, j'ai rarement vu un scénario aussi fainéant dans son exposition: l'interview d'un auteur lambda explique que "le réacteur va provoquer la fusion de deux dimensions, ce sera la fin du monde!" Et c'est effectivement ce qui se passe. Le moteur du film vient d'être expliqué par l'interview du Dr. Cassandre sur CNN, à vous les studios!

Ensuite, j'ai un immense problème avec le point de départ de ce scénario: nous allons suivre une mission à bord d'une immense station spatiale internationale, qui doit démarrer un réacteur assez nouveau, tellement dangereux qu'il fallait le construire dans l'espace en cas de pépin. Et ils doivent absolument construire ce réacteur pour éviter la guerre sur Terre, car les nations sont au bord de l'explosion à cause d'une pénurie d'énergie...

Relevons les problèmes majeurs:
1) C'est un prétexte fainéant pour placer l'intrigue avec un drama focalisé sur les personnages: ils ont le poids du monde sur les épaules, mais sont seuls dans l'espace. Sur le papier, la tension est à son maximum. Dans la pratique...
2) Est-ce que le mot "énergie renouvelable" est parvenu dans l'univers de Cloverfield? La crise énergétique décrite dans ce scénario implique que les seules ressources exploitables seraient fossiles, donc amenées à disparaître. Dans un monde qui exploite l'hydro-électrique depuis un demi-siècle, l'éolien depuis des décennies et dans lequel le solaire progresse rapidement depuis vingt ans, une telle crise n'est tout simplement pas crédible. Et ça me pose problème parce que le scénario fait comme si les solutions énergétiques renouvelables n'existaient pas, au profit de leur scénario. Le drame n'aurait pas été moins intense en enlevant cette incohérence, et on n'était pas obligé de nier l'existence des énergies éco-responsables pour faire marcher un film, même pendant la présidence de Trump.
3) Un accélérateur de particules ne produit pas d'énergie, il en consomme (beaucoup!) Son bilan énergétique est très largement négatif et partir du principe qu'on a besoin d'un accélérateur de particules pour faire tourner un générateur, c'est un manque de recherches de la part du scénariste. Ce n'est même pas justifié esthétiquement: on ne voit jamais l'accélérateur (ça aurait pu être cool), juste un faisceau lumineux produit par leur générateur. A ce niveau, c'était pour placer des mots de physique connus dans un scénario, et c'est dommage.
Si on veut placer des mots de physique dans le scénar en restant crédible, ça prend trente minutes de recherche maximum. Vous cherchez des choses sur la physique nucléaire et la fusion dans Wikipédia, et vous regardez les procédés expérimentaux intéressants. On aurait pu parler d'un Tokamak ou d'un Stellerator, des procédés de générateur à fusion expérimentaux, dangereux et crédibles sur lesquels il y a de vraies recherches (et une esthétique à développer).
Vous croyez que je chipote? Mais c'est que Cloverfield m'a habitué à mieux: il dissimulait un vrai soucis du détail, et les angles de caméra à l'épaule justifiaient quelques révélations sur la physionomie de la créatures, visiblement on avait consulté un biologiste pour le design de cette créature et questionné sa crédibilité scientifique avant de faire son portrait final. Je regrette que le scénariste de Cloverfield paradox n'ait pas pris le temps de passer un coup de fil à un physicien pour apprendre que produire de l'électricité avec un accélérateur de particules, c'est un peu couillon.
4) Cette histoire de monde parallèle n'a rien à voir avec l'univers de Cloverfield, et vient le perturber plutôt qu'autre chose. Les monstres sous-marins, les extra-terrestres, il y avait une cohérence avec une fausse compagnie responsable de leur émergence dans le premier film, une crédibilité de la récolte dans le second film... Et là, c'est un clin d'oeil. Littéralement deux plans viennent indiquer qu'on est dans l'univers Cloverfield en faisant allusion aux créatures, sans apporter le moindre indice ou développement sur leur origine (du coup, est-ce qu'elles viennent d'une autre dimension? C'est contradictoire avec les deux autres films!) Là, on a un film de série B qui se réclame d'une license avec deux plans, mais nous raconte une histoire déjà vue (dont l'ambiance rappelle le nanardesque Event Horion avec Sam Neil qui se dit qu'il aurait mieux fait d'arrêter la science-fiction avec Jurassic Park et Lawrence Fishburne qui n'avait pas encore joué dans Matrix. Du coup, si vous ne l'avez pas vu, Event Horizon, c'est le Pr. Grant et Morpheus dans un vaisseau spatial qui traverse l'enfer).
Alors, ce Cloverfield paradox, c'est juste un coup de pub? Malheureusement... C'est surtout un scénar déjà vu dans une licence qui mettait en avant son originalité. Du coup, les fans de Cloverfield viennent de se faire pisser dessus par la production, un peu comme les fans d'Indiana Jones à la sortie du quatrième opus.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#781 Message par Drahe » 17 févr. 2018, 01:28

A tous les cinéphiles, je conseille cette carte, qui permet de visualiser le cinéma comme un territoire cartographié.


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La ligne rouge montre le parcours "autoroute", le parcours rapide de tous les films à voir le plus facilement.
En jaune, les différentes routes vers des genres, à explorer aussi car on y croise plusieurs chef-d'oeuvre.

Les films marqués d'une étoile blanche dans un rond noir sont les chef-d'oeuvre à voir absolument, les monuments de la culture cinéphile. Les cercles noirs sont des "must-see", des films qu'il vaut mieux avoir vu. Les petits carrés noirs sont des films mineurs (bien que remarquables).

La carte détaille particulièrement bien les genres: par exemple entre les Teenage Islands et la Drama Valley, séparés par la Mer des Larmes, il y a la "Coming of Age peninsula" (la péninsule des parcours initiatiques, les films d'entrée dans l'âge adulte), qui se termine par une presqu'île entièrement remplie de la saga Harry Potter. Et dans la forêt du Mindfuck, au centre du Lac de la Folie, on trouve une petite île... Shutter Island, évidemment!

Bref, à consulter sans modération, pour trouver d'une autre façon des idées de film à voir.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#782 Message par jasmin » 18 févr. 2018, 08:55

Merci Drahe c'est vraiment bien foutu cette map.
"Qu’est-ce que c’est que ce style de bouffer des petits machins tout secs et trois gallons de flotte par jour ? Si la jeunesse se met à croire à ces conneries, on se dirige tout droit vers une génération de dépressifs ! Le gras, c’est la vie."

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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#783 Message par Drahe » 08 mars 2018, 01:17

Ojala: Alexia et Rudy est un court épisode de 6 minutes, extrait d'un court-métrage auquel j'ai participé, sur l'école en banlieue. Comme vous pouvez le voir, on est dans le ton réaliste avec des acteurs amateurs, mais talentueux (surtout un).
Le tournage était très sympa, et si je ne connaissais pas les acteurs dans les rôles principaux, certains des figurants sont vraiment mes anciens élèves de Terminale de l'année dernière.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#784 Message par Sambre » 08 mars 2018, 21:54

@Drahe : Cloverfield Paradox est juste très mauvais et convenu du début à la fin malgré certains très bons acteurs qui se sont perdus en chemin (Daniel Bruhl, pourquoi ?).

PS : on en parle du personnage chinois qui est le seul à ne pas parler anglais dans la VO ? (mais toute l'équipe, elle parle/comprend le chinois...)
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#785 Message par Djez » 09 mars 2018, 00:08

Je viens de finir de voir la mini-série netflix (7 épisodes de 1h10 chaque) GODLESS... Et j'ai trouvé ça vraiment TRÈS bien.

Je suis très fan de western classique, et celui-ci reprends tous les bons vieux éléments (vieux shérif sur le déclin mais attachant, femme forte et indépendante, héro tourmenté beau gosse et dieu du tir, indien mystique, méchant ambigu qu'on adore haïr, décor sublimes, scènes avec des chevaux, allusions à des guerres anciennes, etc...) mais avec un dynamisme, une lecture et une qualité de narration bien moderne. Notamment, la série n'est pas sexiste tout en évitant les persos "jeux vidéos", et ça ça claque !

Bref, j'ai trouvé ça très bon, bien amené, et sans déception. Mention spéciale au dernier épisode qui remplit pleinement les attentes d'un fana de western !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#786 Message par Drahe » 09 mars 2018, 00:46

Sambre a écrit :@Drahe : Cloverfield Paradox est juste très mauvais et convenu du début à la fin malgré certains très bons acteurs qui se sont perdus en chemin (Daniel Bruhl, pourquoi ?).

PS : on en parle du personnage chinois qui est le seul à ne pas parler anglais dans la VO ? (mais toute l'équipe, elle parle/comprend le chinois...)
C'est vrai que c'était particulièrement scandaleux: comment draguer le marché chinois avec un personnage-cliché. Dans les années 70 à 90, avec la fin de la ségrégation aux U.S.A. on a eu droit à des noirs clichés: le noir-qui-meurt-en-premier, le noir-moustachu-chef-de-la-police, le seul-soldat-noir-de-son-escouade-au-Vietnam, etc... Et dans les années 90-2000, l'enfant-métis-du-ghetto-insupportable-mais-attachant. Et là, quand on regarde des films de séries B (la suite inutile d'Independance day, la bouse 24h limite, et maintenant Cloverfield paradox, on a droit à une mannequin chinoise dans le camp des gentils... parce que si on met un méchant Chinois, la Chine interdit la diffusion du film sur son territoire. Même Star Wars VIII s'est plié à l'exercice en mettant une Chinoise loyale et dévouée... Seule originalité: dans Star Wars, c'est une petite grosse au lieu d'être une mannequin).
Et je suis profondément d'accord avec toi: pourquoi Daniel Brühl s'est-il perdu là-dedans? Qu'allait-il faire dans cette gal... station spatiale bloquée dans une dimension parallèle?

Sinon, je n'ai pas publié de critique de puis déjà 3 semaines, parce qu'avec les vacances et la neige je n'ai pratiquement pas bougé, me livrant corps et âme à mon seul véritable amour: ma couette.
Je critiquera dans un post à venir les dernières sorties, notamment Lady Bird, vu avec des Nains qui ont courageusement défié tous les périls du RER B: Globule et Flabadu.



Le retour du héros
Synopsis: un capitaine des dragons napoléoniens vient de se fiancer quand il reçoit l'ordre de partir à la guerre. Il promet à sa fiancée de lui écrire tous les jours, et ne le fait évidemment jamais. La soeur de cette fiancée décide de lui écrire de fausses lettres pour la consoler de son chagrin morbide. Dans ces lettres, elle fait du capitaine un héros de guerre, un personnage d'aventure digne d'un feuilleton, qui ne revient pas car l'Empereur lui a confié une mission aux Indes. Jusqu'à ce que le vrai capitaine revienne dans leur vie: il n'a plus rien, est réduit à la mendicité car il a déserté. Mais quand il découvre qu'un village entier le vénère comme un héros, il décide de jouer son personnage à fond pour en tirer un maximum...
Jean Dujardin incarne un Jean Dujardin sauvage, lâché dans un décor historique pour une séance de cabotinage sous l'oeil complice de Mélanie Laurent, qui en avait marre d'être une bonne actrice et a préféré s'amuser dans ce tournage. Assez divertissant, ce film mélange plaisir coupable et vraie réflexion sur l'écriture d'un personnage, grâce à des mythomanes qui travaillent leur arnaque. Dommage que les moments de confusion entre jeu et réalité soient si rares, car ce sont les plus drôles.
Mon petit moment préféré: quand Jean Dujardin décrit une arnaque financière, grâce à l'histoire de sa mine de diamant... Une arnaque qui est en fait une chaîne de Ponzi, la même combine utilisée par Bernard Madoff, qui ne s'est effondrée qu'en 2008.

Cro-Man: Ce petit film d'animation en stop-motion prétend montrer la préhistoire du monde de Wallace et Groomit. L'idée est intéressante: des blagues sur la préhistoire, ça peut me vendre le truc. Malheureusement, le film ne tient ce sujet que pendant les dix premières minutes d'exposition, puis dérive vers un film de football ridicule et convenu, dans lequel l'équipe des braves nuls triomphera de l'équipe professionnelle et connards prétentieux grâce à la force de l'amitié... Autant dire que la descente a été rude: on est proche de l'escroquerie narrative et du non-film. C'est d'un manque d'imagination grave, d'une beaufitude consternante et d'un grand mépris pour la franchise Wallace et Groomit, utilisée de manière strictement commerciale pour refourguer un scénario moisi.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#787 Message par Sambre » 10 mars 2018, 11:03

@Drahe : tiens d'ailleurs, tu as vu la forme de l'eau ? Pour ma part, ça a été une petite déception... mais je n'en dis pas plus si tu ne l'as pas vu !
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#788 Message par Drahe » 10 mars 2018, 15:28

Sambre a écrit :@Drahe : tiens d'ailleurs, tu as vu la forme de l'eau ? Pour ma part, ça a été une petite déception... mais je n'en dis pas plus si tu ne l'as pas vu !

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La forme de l'eau: Que j'ai personnellement rebaptisé Amélie Poulain découvre l'orgasme avec un Profond est un beau film réutilisant la formule de Guillermo Del Toro (la monstruosité, un homme violent et destructeur, la répression de la sexualité, etc...) appliquée à une histoire qui pourrait être la préquelle de Hellboy tournée par Jean-Pierre Jeunet.

Synopsis: Une trentenaire muette, jouée par la sensuelle Sally Hawkins, dont je me souvenais dans Happy-Go-Lucky (qui a déjà dix ans, je suis vieux), est employée comme femme de ménage dans un laboratoire secret gouvernemental, au début de la guerre froide. Passant la journée à nettoyer les toilettes et les galeries souterraines, elle et sa collègue sont appelées en urgence pour nettoyer le plus rapidement possible les traces de sang dans une salle spéciale, contenant une piscine et plusieurs tuyaux remplis d'eau. Elle fera la rencontre d'une créature aquatique, un humanoïde palmé avec lequel elle apprendra à communiquer en lui apprenant la langue des signes.

Ici, l'eau symbolise la sexualité. Elle est débordante et lieu de plaisir pour notre héroïne, qui se masturbe tous les matins dans sa baignoire en se chronométrant avec un minuteur. Mais elle est aussi contenue et maîtrisée pour l'antagoniste, un agent du gouvernement qui prend toujours un verre d'eau cylindrique à la main, et ne prend sa femme qu'en missionnaire, en lui demandant de se taire. Et comme la sexualité, l'eau n'a pas de forme propre: elle s'écoule et se moule dans les situations disponibles. C'est pourquoi le meilleur ami de l'héroïne est un homosexuel, et qu'elle-même développe une attirance inter-espèce (qu'on appellerait "interracial" en Anglais, avec un double-sens intéressant).

Comme souvent (toujours?) chez Del Toro, le monstre n'est pas une créature mais un homme, si possible un soldat. La répression de la sexualité n'apporte que la tristesse. En explorant les mêmes thèmes que le Labyrinthe de Pan (une autre métaphore sexuelle, ce titre) et en plus explicite, la Forme de l'eau est un retour à son style aimé. Avec des allusions nettes et claires au cinéma de Jean-Pierre Jeunet (la scène de salle de bain inondée est empruntée à Delicatessen, par exemple, et notre héroïne au serre-tête rouge rappelle discrètement notre Amélie nationale).

Du sexe, du fantastique, du sexe, de l'émotion, Sally Hawkins qui se masturbe dans une baignoire, un sauvetage héroïque, un saut dans l'inconnu, et du sexe: bref, que du bonheur!
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#789 Message par Sambre » 10 mars 2018, 17:53

Bon et bien nous ne serons pas d'accord.
Pour ma part, je trouve que justement la romance ne marche pas du tout. Personnellement, je n'éprouverais aucune attirance sexuelle pour une otarie qui sait dire "sardine" et "ensemble" avec ses "mains", même si elle a des tablettes de chocolats et une forme vaguement humanoïde. L'empathie et l'affection c'est une chose, mais là c'est juste... pas plausible... Ok je veux bien la métaphore avec l'eau, mais bon, elle a ses limites.
Le minuteur (pour les œufs durs) et le coup de la masturbation, c'est juste complètement gratuit. Ça donne l'impression que c'est la seule solution pour une femme muette qui ne peut pas trouver quelqu'un qui la comprenne et l'accepte, hormis sont amie noire et son ami homosexuel (AU SECOURS)... Et puis bon, pour couronner le tout, dans sa vie pro, elle récure des chiottes (merci le pathos). Heureusement que Bob l'amphibien/truc va arriver ! Ça tombe bien, il ne parle pas non plus, olala.

Et mon dieu, les méchants sont très très méchants et les gentils sont très très gentils. Et comme c'est les années 50 ou 60, les hommes sont juste tous à peu près insupportables (très très racistes, très très mégalo, très très misogynes) sauf les "marginaux" de l'époque (homosexuel et ... espion russe on ne sait pas trop pourquoi).

Bref, je vois un film au scénario facile et convenu, à la romance ratée avec certes, de très belles images. Même Alexandre Desplat, qui est pour moi est très bon compositeur de B.O. (CF : Danish Girl) est ici facilement oubliable.

Beaucoup d'oscars pour un Arlequin chez les zoophiles à gros budget, un Amélie sans Poulain (ou plutôt.... bref !).
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#790 Message par Mab93 » 12 mars 2018, 22:15

Pour le coup, je suis presque du meme avis que Sambre.
C est un film gentillet, une romance trop facile. Malgré de belle scène ( la salle de bain qui se remplit d eau avec les 2 dedans)ca ne merite pas un oscar...
Et pendant tout le film je me suis dit que c etait un remake de la belle et la bete ( une fille que tout le monde trouve etrange, une bete qui finalement est gentil, un mechant qui se la pète..)

Donc j ai pas détesté, car j aime bien certains films à l eau de rose.. sil passe a la tv dans 3 4 ans. Je le regarderais a nouveau je pense.

le labyrinthe de pan je l ai vu il y a des annees, et je me rappelle l avoir trouvé sympa mais bizarre mais je pense qu il devrait etre bon de le revoir maintenant. Jvais essayer de le revoir et voir si je retrouve ce meme style.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#791 Message par Drahe » 16 mars 2018, 01:02

Je rattrape tous les films que j'ai vu et oublié de critiquer depuis trois semaines!


Moi, Tonya: Vu avec un Gus virevoltant, ce biopic nominé nous montre une Margot Robbie déterminée à en découdre avec l'adversité. Bravant toutes les épreuves, élevée par une mère trop exigeante, défiant la pauvreté et les barrières sociales, elle sera rattrapée par le sort à cause d'un mythomane pathétique. Inspiré d'une troublante histoire vraie, ce biopic fonce dans son sujet avec audace, nous prévient dès le départ qu'il part de témoignages délirants et contradictoires. Le scénario est original, les acteurs se donnent à fond et le montage est une leçon de rythme. A voir absolument.


Black panther: Un Marvel comme les autres, loin du chef-d'oeuvre vanté partout, il a surtout le mérite de mettre en avant un propos géopolitique tout en restant un bon film de divertissement (ce que Captain America: Civil War avait complètement raté en mettant en concurrence le dramatique et le comique, l'un désamorçant l'autre à chaque fois). Ici, il y a une réflexion politique sur la colonisation, la discrimination et en même temps un divertissement populaire, les deux marchant ensembles au lieu de se contrer. C'est en ce sens qu'il est réussi. Le Wakanda va devoir décider de ce qu'il fera de ses ressources à l'avenir dans un monde arrogant (l'arrogance étant personnifiée discrètement par l'ambassadeur... français!)
Dans la liste des éléments trop invraisemblables pour que j'y crois (bref, les détails qui m'ont sorti du film parce que c'est quand même très gros à avaler):
- Ce n'est pas comme ça que marche l'O.N.U., mais alors pas du tout. Que foutait le roi du Wakanda à une réunion de l'O.N.U. alors qu'il n'est ni état-membre, ni état observateur?
- C'est bien gentil de mettre "Wakanda" en travers de la carte d'Afrique avec des frontières fictives, mais... C'est peut-être le prof de géo qui parle, mais il y a des trucs, là, en fait... Genre le Soudan du Sud, la République Centrafricaine, le Cameroun, le Tchad, l'Ouganda, le Rwanda, un (bon) bout de la République Démocratique du Congo... Non? Non, on s'en fout, on va marquer "Wakanda" sur la carte, on vend le film à des occidentaux qui n'ont jamais entendu parler de ces pays, nions leur géographie. C'est bien connu, personne n'a jamais regardé une carte de l'Afrique. Ensuite, le coup du "ce pays a longtemps été protégé par ses forêts impénétrables", je trouve que ça fait roman d'aventure du XIXe. Au XXIe siècle, la forêt impénétrable, ça se déboise pour cultiver le blé et le maïs OGM, tout en envoyant la sciure chez Ikea pour la revendre sous forme de plaque d'agglo à assembler pour faire des étagères Gröstglfr.
- Black Panther représente un héros potentiellement chiant, car au bord de l'invincibilité avec son costume en...
- ...vibranium, l'élément-qui-fait-tout, le "ta-gueule-c'est-atomique" de chez Marvel. Un élément à la fois radioactif, psycho-actif, médicinal, pratiquement indestructible, à la fois source et moyen de stockage de l'énergie... Je sais que la physique, c'est super, mais au bout d'un moment la physique peut aussi dire non (élément de cohérence chez Marvel, on entend le nom du vibranium dans Spiderman Homecoming, lors d'un quizz de physique pendant un voyage scolaire).


The greatest showman: La comédie musicale avec Wolverine Jackman dans le rôle de Phineas T. Barnum, qui escroque les banques pour monter un cirque de l'impossible, avec des humains de foire, des animaux qui souffrent, et des numéros à la con. D'un côté, on cerne bien le personnage, son rapport à l'argent et à la publicité (le film ne parle littéralement que de ça), mais d'un autre côté, le film angélise son personnage, en fait un mari trop fidèle, un défenseur des droits civiques malgré lui, un précurseur de son époque... Je n'avais rien contre l'idée de suivre un escroc génial, mais le film a essayé de me le faire passer pour un modèle de vertu au passage, et je n'ai pas apprécié. Pourtant, si l'on rentre dans la comédie musicale et qu'on adhère aux chansons, c'est une pure décharge de bonne humeur.


Lady Bird: Vu en compagnie de Flabadu et d'un Gus initiatique, ce très beau film contemplatif nous offre une tranche de vie, l'éveil au monde d'une adolescente prisonnière d'une petite communauté catholique à Sacramento, qui va essayer de s'extirper de sa monotonie pour parvenir à son rêve: étudier à New York. Les espoirs se confrontent à la réalité, pour une jeune femme qui trouve ridicule d'accepter son nom de naissance, et préfère se surnommer elle-même "Ladybird".


La ch'tite famille: Un film de Dany Boon assez tendre, toujours aussi cliché, mais qui a l'avantage d'épuiser définitivement toutes les blagues à la con sur l'accent chtimi. Au bout d'un moment, quand on écrit une scène dans laquelle un orthophoniste vient corriger l'accent du ch'nord, je ne sais pas si on peut aller plus loin.
Ce film fournit à la fois une conclusion à l'humour de Bienvenue chez les Ch'tis (vous savez, le film-phénomène aux vingt millions d'entrées que vous avez déjà oublié, parce qu'il était creux et chiant), mais c'est aussi une réflexion sur la carrière de Dany Boon (au cas où ça intéresserait quelqu'un d'autre que Dany Boon): de la sincérité à la fausseté, de sa région à la capitale, puis de retour vers une synthèse personnelle et accomplie. Bref, comment défendre avec démagogie le régionalisme pas cher et véhiculer tous les clichés du monde sur le Nord et sur les Parisiens.... Le film n'est pas vraiment drôle ou intéressant, mais il est bien écrit et bien construit (et c'est aussi l'occasion d'apprendre que Line Renaud est toujours vivante, comme quoi la vie est pleine de surprises).


Eva: Un film un peu vain sur un thème qui ne parle pas à tout le monde: l'impossibilité d'être aimé d'une prostituée qui nous fascine. Un auteur un peu escroc récupère la dernière oeuvre inédite d'un auteur qui ne la publiera pas, parce qu'on le considère comme has been (et c'est lui qui le dit). Il fait une crise cardiaque pile au moment qui arrange le scénario, ce qui permet à notre personnage de récupérer le texte et de faire jouer la pièce comme si c'était la sienne.
Le film se perd un peu dans ce prologue inutile, pour nous exposer tardivement son sujet réel: en panne d'inspiration, il tombe amoureux d'une prostituée quadragénaire dont il voudrait faire sa muse. Il commence à nouer une relation toxique, qui va empoisonner sa vie au lieu de la séduire. C'est un gâchis d'Isabelle Hupert, qui certes est la plus à même de jouer une femme de cette trempe, mais méritait un meilleur scénario, et un retour raté de Gaspard Ulliel, qui ne parvient pas à jouer dans un succès depuis Hannibal rising.


Phantom Thread: Extraordinairement long, ce film raconte une histoire d'amour (littéralement) toxique entre un monomaniaque absorbé par son travail, et une de ses modèles qui le veut pour elle seule. Comment rendre intéressant un film avec un sujet aussi ridiculement futile que la couture? Réponse du réalisateur: on s'en fout un peu. La couture n'est pas vraiment explorée, le "fil fantôme" caché dans les doublures est une métaphore vite expédiée en début de film, et sert de prétexte à l'intimité rapide de leur relation amoureuse, qui exige qu'elle se dénude pour qu'il prenne ses mesures. En réalité, c'est un film sur un homme consacré à son travail: il aurait pu faire des chaussures, coder des logiciels ou exporter des oranges, peu importe, la seule chose qui compte est sa dévotion, les sacrifices qu'il est prêt à faire pour cela et la frustration que cela engendre chez sa prétendante. Fait rare: j'ai regardé l'heure plusieurs fois pendant la séance... En ressenti, le film dure au moins quatre heures: préparez-vous psychologiquement!


Mary et la fleur de sorcière: Vu en compagnie de Flabadu et Z3phyr, qui en parleront quand même vachement mieux que moi puisqu'il ne se sont pas endormis pendant la séance, eux...
Leur ressenti général est qu'on a vu un sous-Miyasaki clientéliste, manquant d'originalité et en retard sur son époque. C'est une critique féroce et injuste, mais au moins, ce n'est pas la mienne: je dormais!


La nuit a dévoré le monde: Du zombie parisien, qui tente de faire décoller le film de genre français! C'est un projet audacieux, qui a pris des risques de production et qui a du être une torture à tourner dans Paris... Et tout ça pour nous livrer une performance très moyenne, hélas. Notre acteur franco-allemand échappe au massacre par pur hasard, et se découvre en survivant-surprise de l'apocalypse zombie à laquelle il ne comprend pas grand-chose. Usant et abusant de plusieurs poncifs du cinéma (notamment le fameux : "ouf, c'était un rêve"), ce film ne répond pas à nos questions. Notamment: y a-t-il d'autres survivants? Le héros ne pensera jamais à allumer une radio pour vérifier, ni à utiliser son téléphone pour autre chose qu'écouter ses messages.
Je comprends bien sûr le propos de fond: notre personnage principal s'est fait larguer, vient récupérer ses affaires chez son ex, et survit parce qu'il s'est endormi dans une pièce fermée à clef. La conclusion du film l'amène à prendre le risque de sortir de l'immeuble qu'il a barricadé, le message est donc: "ayez le courage de sortir de votre routine, confrontez-vous à de nouveaux espaces même s'ils semblent parsemés de monstres"... C'est bien mignon, mais c'est d'un convenu...
Dans les plus: il y a un beau travail esthétique sur la musique et les compositions toujours amusantes du personnage principal, qui bricole des percussions avec des objets récupérés, et des décors parisiens qui n'ont pas du être faciles à mobiliser pour le tournage. Dans les moins: les acteurs ne sont pas français et articulent leur texte avec une pointe d'accent, ce qui ne les aide pas à faire sonner juste des répliques déjà pas bien subtiles. De plus, le film s'encombre de clichés et ne développe jamais son univers.
Pour faire court: c'est une adaptation moyenne et ça se sent. Je ne m'étais pas renseigné, mais j'ai compris pendant le film que certains passages étaient adaptés d'un roman: il y a des scènes qui doivent trouver leur cohérence en littérature, mais qui deviennent des facilités d'écriture dans le passage à l'écran.
Je retiendrai du film que les solos de batterie à la double-pédale dans un morceau de punkrock risquent fortement d'attirer les zombies, même en fermant les fenêtres.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#792 Message par Drahe » 25 mars 2018, 15:52

On parle souvent d'enlèvements par des aliens... Comme si c'était facile pour les aliens, de venir nous embarquer sur leur soucoupe avec un rayon tracteur.

Mais la vérité est plus complexe: les aliens doivent passer leur "permis enlèvement" pour kidnapper des Terriens... Et c'est plus difficile qu'on ne le pense.

La preuve en image, avec ce court-métrage des studios Pixar.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#793 Message par Sambre » 28 mars 2018, 10:38

à tous les cinéphiles

Dans le cadre de la prochaine expo du musée du quai branly (#corporate), "Enfers et Fantômes d'Asie" (je ne bosse pas dessus malheureusement mais à mon avis, ça va tabasser), la salle de cinéma du musée propose un cycle de films dont vous trouverez le programme détaillé ici :
http://www.quaibranly.fr/fr/expositions ... ts/cinema/

C'est gratuit et perso, il y a plusieurs séances qui me bottent bien ! Avis aux amateurs.... (il a l'air d’avoir aussi de sacrés nanars XD)

PS : oui, on a une salle de cinéma, et une salle de concert/théâtre aussi, et des salles de cours, et accessoirement, des espaces d'exposition :p
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#794 Message par Flabadu » 28 mars 2018, 20:07

Excellent, perso je suis bien tenté par JU-ON 2 et The Ring que je n'ai jamais vu ! Y a peut-être moyen de lancer un "Le Nain'P a les chocottes."
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#795 Message par Sambre » 28 mars 2018, 20:25

Excellente idée Flab' ! Perso, j'avais aussi remarqué un Yokai machin et je ne sais plus quoi d'autre des années 60 qui doivent pouvoir faire d'excellent nanar à pop-corn aujourd'hui.
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#796 Message par Drahe » 13 avr. 2018, 18:16

Le topic s'enfonce dangereusement: il est temps de reparler de cinéma avec quelques-unes des dernières sorties! Depuis le temps que je n'ai pas posté, j'ai pu braver les grèves pour aller dans les salles obscures voir deux ou trois films.


La belle et la belle: assez moyenne, cette petite production française montre un décalage temporel assez intéressant qui permet à une adolescente de rencontrer sa contre-partie adulte: elle dans vingt ans. Vendue comme une comédie, c'est en fait un drame avec quelques gags, et une mauvaise utilisation de Sandrine Kiberlain. A voir pour les seins d'Agathe Bonitzer, qui tombe le sous-tif pour un plan nichon inutile.


Hostiles: Cette merveilleuse apologie du meurtre nous montre l'ouest sauvage, dans une époque de transition, quand le territoire est ceinturé, et suffisamment d'Amérindiens massacrés pour qu'on commence à les parquer tranquillement dans leurs réserves. Ils sont devenus trop peu nombreux pour être une menace, et le gouvernement US peut se permettre quelques considérations humanistes maintenant qu'ils ne peuvent plus revendiquer de territoire. C'est un capitaine qui a fait la guerre aux Natifs toute sa vie qui va devoir s'occuper d'escorter un ancien chef sur les terres sacrées de son clan. Notre héros, qui ne comprend pas le changement politique qu'il est en train de vivre, se retrouve donc malgré lui à protéger son ancien ennemi. En route, il croisera une Rosamund Pike aussi blonde que sauvage, qui vient d'échapper à un raid Comanche. Une histoire touchante, sanglante et brutale, à l'image de la conquête de l'Ouest et de l'idéologie de destinée manifeste.


Les bonnes manières: Vu en compagnie d'un Gus lunaire, c'est pour l'instant le meilleur film brésilien de l'année qui montre une romance avec une louve-garou lesbienne. Improbable, drôle, touchant et assez gore quand il le faut, ce n'est pas un film d'horreur, ni un drame social, mais un peu des deux. Un film fantastique avec une belle intrigue et beaucoup de tendresse, sur le thème de la monstruosité.


L'intelligence des arbres: Ce long-métrage est en fait composé de deux documentaires collés bout à bout pour atteindre 1h30. Le premier doc est français, donc truffé de défauts et d'une complaisance coupable pour le mysticisme et les relents de patchoulis que véhiculent certains protagonistes, pour qui les arbres résonnent à la fréquence de Gaïa. Comme souvent dans des documentaires français, science et pseudo-science se mélangent dans un arrière-plan spirituel sirupeux qui aura au moins le mérite de faire écouler des produits inutiles chez Nature et Découverte.
Le second documentaire est à la fois Anglais et Allemand: il va interroger des gardes forestiers, des scientifiques et des botanistes pour démontrer avec plus de clarté ce que le premier documentaire essayait de cibler: l'existence d'une coopération entre les arbres, le rôle de facilitateur de certains végétaux envers d'autres, le partage des ressources entre végétaux par le mycélium présent dans le sous-sol et la menace que l'homme fait peser sur les forêt. Intelligence des arbres? En tout cas, partage avéré des ressources en réseau, symbiose, et présence d'organes récepteurs du son et des vibrations chez les végétaux.


Ready Player One: Faites-vous partie des crétins prétentieux qui disent "nân mais c'est que du fan-service, j'ai même pas envie d'aller le voir", et qui jugent les films trop hâtivement? Si oui, rassurez-vous: comme d'habitude, vous avez tort.
Ce film de Spielberg nous montre une belle histoire d'émancipation dans un futur pas très rose, bourré de références aux années 1980. Le fan-service est là, bien entendu, mais se trouve justifié par l'obsession du créateur de l'univers virtuel par les références pop-culture. Le propos est d'ailleurs tourné en ridicule par les équipes "d'oolologues" qui sont là pour déchiffrer les références (c'est devenu un métier). De plus, les personnages savent qu'ils nagent dans cet univers de références et s'en jouent.
Le film est un peu gonflant parce qu'il surexpose son intrigue, il expose tout, en permanence. La voix off ne nous lâche pas et nous guide à travers les références. Mais malgré tout, une certaine situation de fin nous laisse sans réponse explicite et fait confiance au spectateur.
Le film a un propos déjà vu, bien sûr, mais a le mérite de démontrer une maîtrise parfaite des effets spéciaux. C'est visuellement magnifique et intéressant à suivre.


Madame Hyde: Avec un propos de départ très intéressant, et une intention de fond particulièrement louable (le retour de la rationalité à l'école, le côté salvateur des sciences), ce film se gaufre méchamment par une réalisation et un montage très amateurs. La direction d'acteur est aléatoire, souvent mauvaise avec les acteurs débutants ou moyens, mais le casting sauve une partie des scènes (merci Isabelle Hupert et Romain Duris).
Les seuls moments qui vaillent la peine sont dans la bande-annonce, donc épargnez-vous ce film. J'apprécie l'effort et l'intention (montrer le travail d'enseignant en lycée pro, la difficulté de l'enseignement et le paradoxe avec ce que le savoir peut apporter aux élèves sans qu'ils le sachent). Mais le résultat est brouillon et confus.


Carnivores: Un drame français à l'intrigue évidente (une rivalité entre soeurs, l'une devant prendre la place de l'autre...) mais à la réalisation parfaitement réussie. Les actrices sont justes, le drame fonctionne, la réalisation est excellente... Mais ça n'intéresse pas plus que ça. Un manque de propos de fond, peut-être? Pourtant, il y avait tout pour nous livrer un excellent drame.


Dans la brume: Un excellent film fantastique avec Romain Duris, qui arrive à très bien transmettre son sujet, qui met en place beaucoup de scènes intelligentes et pleines de tension, et un message de fond particulièrement adapté à notre époque (pour faire court: laissez crever les vieux). Bref, c'est beau, c'est bien filmé, et ça montre l'apocalypse à Paris sans les éternels plans obligatoires de la Tour Eiffel: que demande le peuple?
Nota: Je constate que la loi, passée sous Hollande, qui permet de réduire l'imposition des productions cinématographiques à Paris s'est révélée extrêmement bénéfique, en nous fournissant pas mal de films qui profitent des décors urbains de façon intéressante et originale. C'est aussi le cas de Dans la brume.


Gaston Lagaffe: J'avais peur, bien sûr. Les adaptations françaises de BD franco-belge ne nous ont pas habitué à des chef-d'oeuvre (demandez à Djez ce qu'il a pensé de l'adaptation de Seuls).
Mais force est de constater: ce Gaston de PEF est magnifique, coloré et très fidèle à l'esprit de la BD. On retrouve un Gaston rebelle malgré lui, contestataire, écolo et rempli de (plus ou moins) bonnes idées. Mais malgré tout apprécié de ses collègues, pour des raisons qui porteront le film.
L'adaptation est intéressante: au lieu de travailler aux archives (qui s'encombre encore avec des archives papier à l'heure du numérique), Gaston a été embauché aux livraisons dans une start-up parisienne pleine de bobos sympathiques. C'est d'ailleurs ce milieu social un peu décalé qui permet l'introduction de la couleur, nécessaire dans l'univers de Gaston.
Le scénario du film fait un bon mélange entre la situation actuelle des entreprises (des start-up conçues pour être vendues dès qu'elles décollent suffisamment) et les personnages classiques de la BD (les fameux contrats de Demaesmaker prennent une signification particulière pour l'entreprise, quand ils étaient flous dans les BD).
Pour faire court: je ne sais pas si vous aimerez. Mais si vous aimez Gaston, allez-y, vous avez plus de chances d'accrocher que d'être écoeuré, même si vous êtes un fan casse-couille qui ne comprend pas le mot "adaptation".


La mort de Staline: A voir absolument! Ce film d'humour noir, sur fond historique, montre l'hypocrisie et l'absurdité de la dictature en URSS lorsque les membres du Présidentium se déchirent pour savoir qui succédera à Staline.
Etrangement banni en Russie (ce qui est incompréhensible, car à part donner envie au Russes de le voir parce que c'est interdit et faire monter la popularité du film, je ne vois pas l'intérêt), ce long-métrage est extraordinaire. C'est un chef-d'oeuvre du film historique (si si) et une des meilleures comédies de l'année. Tout marche, tout est intelligent, chaque scène fait mouche, même le générique de fin est intéressant à suivre.


Red Sparrow: Vu en compagnie d'un Gus anti-poutiniste, ce très bon film d'espionnage n'est pas qu'une excuse pour faire des plans nichons avec Jennifer Lawrence (mais ça ne gâche rien, avouons-le). Il défend une vision particulière de la géopolitique, dont Poutine est en partie responsable: la théorie du monde chaotique, résultat d'un éclatement en sous-conflits de la Guerre froide, qui ne s'est jamais arrêtée mais a simplement dégénérée.
On y voit une Jennifer Lawrence prise au piège des services secrets, qui devra accomplir un certain nombre de missions pour eux en apprenant à devenir une "sparrow", une agent de séduction qui manipule les cibles en apprenant à les satisfaire.
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Drahe
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Re: Cinéma, télé et DVD (JdR)

#797 Message par Drahe » 02 mai 2018, 20:32

Rampage: Un film de monstre très moyen, qui exploite la côte de sympathie de Dwayne "The Rock" Johnson pour dépasser le budget "direct to VOD" et tenter la catégorie poids-lourd.
Entre les allusions à King-Kong et Gorilles dans la brume, cette série B sympathique met trop en avant son Dwayne Johnson, qui est invincible, a toutes les compétences requises pour survivre à un scénario catastrophe et séduit toutes les gonzesses du film, comme le fera habilement remarquer le gorille en langue des signes. C'est donc un méchant très méchant qui a conçu un pathogène d'édition génétique (ça fait du bien de voir une technologie récente et révolutionnaire dans un scénar de SF aussi rapidement: enfin des scénaristes qui font des recherches au lieu de se réfugier derrière un "ta gueule, c'est génétique") pour le militariser. Comme dans Aliens, Jurassic World et Alien Résurrection (rayer les mentions inutiles). Mais notre héros est un spécialiste du comportement animal capable de communiquer avec la bête, comme dans Jurassic World, L'aube de la planète des singes et Instincts (rayer les mentions inutiles). Il va donc utiliser le pouvoir de l'amitié pour sauver la ville, comme dans... Tous les films catastrophe du monde?
Vous l'aurez compris, on ne va pas le voir pour l'originalité, mais pour voir Dwayne Johnson utiliser un lance-grenade accompagné d'un gorille géant albinos qui fait des blagues de cul (si si).
Une série B amusante, mais qui surjoue son Dwayne Johnson... Qui risque d'être victime de ce que les spécialistes appellent le "syndrome de Vin Diesel": accepter des rôles de mâle alpha à répétition, jusqu'à ce que sa personnalité écrase les rôles, et détruise la dramaturgie de chaque scénario... Ce qui pourrait nuire à sa carrière dans la foulée. Rappelons qu'actuellement, le dernier grand rôle de Vin Diesel est la voix de Groot dans Avengers... D'ailleurs, puisqu'on en parle...


Avengers: Infinity War... Tout ça pour ça? Et en même temps, /!\ [spoiler] pour une fois le méchant invincible gagne effectivement, on ne peut pas le vaincre par le seul pouvoir de l'amitié. Pas inhumain, mais radical, Thanos est suffisamment bien développé pour être un antagoniste convaincant (mais un peu ridicule, avec son physique de Bruce Willis fripé violet).
J'ai un soucis avec ce film: je trouve que la conclusion nous est volée. On voit Thanos corrompu par quelque chose, sa peau s'assombrissant, va-t-il mourir et pourquoi? Que deviendront les pierres? On sait qu'il reviendra car un carton de fin l'indique... Et Nick Fury meurt bêtement dans une scène post-générique. Samuel L. Jackson en avait marre à ce point?
Autre soucis: le plan de Thanos est assez convaincant. Oui, c'est inhumain, mais... Face à nos questionnements sur la surpopulation et l'effondrement écologique qui menace l'humanité, la légitimité d'un génocide devient plausible. Si on pouvait sacrifier la moitié de l'humanité pour sauver l'autre, et s'il n'y avait pas d'autre choix, le génocide peut-il devenir moralement acceptable? Non s'il discrimine sur la base d'une idéologie, mais Thanos est assez logique là-dessus, il souhaite une élimination aléatoire, conservant 50% de la population au hasard... Les riches n'étant pas plus certains de survivre que les pauvres. Alors aussi affreux que ça puisse paraître, si ça peut sauver une planète, empêcher l'humanité de détruire l'écosystème et lui laisser le temps de se régénérer... Mais je suis d'accord! Je dis Thanos président! Votez Thanos 2018!!! [/spoiler] /!\
Donc, le film progresse lentement et nous donne un panorama de personnages avec des intrigues croisées. J'imagine que c'est difficile à suivre si vous n'avez vu aucun des films Marvel auparavant, mais il a ses qualités. Thor et Dr Strange sont assez bien exploités, la construction est efficace même si la recherche des pierres est très, très accélérée quand on voit à quel point cette quête ramait depuis le premier Avengers.


Place publique: Pas si terrible pour un Jaoui. Par contre, Jean-Pierre Bacri, passe en mode hardcore et devient beaucoup plus qu'un vieux blasé à qui on casse les couilles. Il joue un animateur télé vulgaire et ringard (on comprend vite que ça fait allusion à Thierry Ardisson, mais ça pourrait être Marc-Olivier Fogiel ou ce genre d'animateurs), et profite de sa notoriété pour mépriser tout le monde et envoyer chier la Terre entière... Et est récompensé pour son attitude. C'est très inhabituel, qu'un film d'Agnès Jaoui contienne une conclusion cynique, mais c'est une critique du monde de la télévision et de sa médiocrité.


The third murder:
Synopsis: Un criminel, ancien tueur sorti de prison pour un double-meurtre vieux de vingt ans, est actuellement en prison, accusé d'avoir tué son nouveau patron la semaine dernière. Son avocat est un jeune ambitieux, mais c'est aussi le fils du juge qui, vingt ans plus tôt, n'a pas condamné à mort ce meurtrier. Une fois dehors, il a récidivé en commettant son troisième meurtre... Etait-ce une erreur de ne pas le condamner à mort? Comment le fils va-t-il le défendre? Ce qui est particulièrement irritant, c'est qu'il avoue le meurtre, mais change de version sans arrêt lorsqu'on aborde ses motivations... A chaque interrogatoire, un nouveau motif apparaît, contradictoire avec les précédents. L'enquête semble sans fin, et la défense au tribunal plus que périlleuse...
Vu en compagnie d'un Gus dubitatif, cet excellent film jouera avec vos frustrations de spectateur en vous proposant une réflexion sur la justice, donc sans réponse claire.
Qu'est-ce qui fait un criminel? Est-ce une nature criminelle, contre laquelle on ne peut rien? Est-ce une détermination sociale, tout à fait explicable par l'examen du milieu social et des circonstances? Est-ce qu'un criminel veut vraiment quelque chose? Et s'il n'y avait pas de réponse, que le criminel était une coquille vide qui reflète les théories de celui qui l'interroge sans rien donner de réel? Ou plus inquiétant: si notre criminel était un justicier sacrifié, un héros qui ne veut pas et ne peut pas se vanter d'avoir fait justice, en assumant un crime dont il n'est pas coupable?
Ce sera à vous de comprendre la fin, les indices sont maigres et les possibilités effrayantes. Accrochez-vous, et foncez le voir si vous aimez vraiment les polars.
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Re: Cinéma, télé, DVD...

#798 Message par Drahe » 16 mai 2018, 01:54

La révolution silencieuse: Vu en compagnie d'un Gus libre-penseur, ce film d'adolescence expose comment une classe entière d'élèves de Terminale a choisi de fuir l'Allemagne de l'Est en 1955 (avant la construction du Mur de Berlin). Ce qui permet aussi de mieux comprendre le plébiscite par les jambes dont fut victime Berlin Est, et pourquoi les autorités de l'époque choisiront de construire un mur pour empêcher les gens de quitter le pays.
C'est un excellent film, que notre globule préféré vous résumera mieux que moi. Loin des clichés, tendre et servi par des acteurs très justes, ça vaut le coup d'être vu.


Otages à Entebbe: Vu en compagnie d'un Gus dépolitisé, ce film hésite entre l'action et l'historique, mais se décide fermement pour l'action dans sa conclusion. Le tout est servi par de très bons acteurs (l'incontournable Daniel Brühl, la désormais populaire Rosamund Pike et un Eddie Marsan méconnaissable, transformé par prothèses pour incarner le ministre israélien Shimon Pérez) et nous avons le réalisateur de la série Narcos derrière la caméra... Que demande le peuple?
Le film revient sur le raid du Mossad pour libérer les passagers israéliens d'un vol d'Air France détourné vers l'Ouganda en 1976. Le cocktail est explosif: le conflit israélo-palestinien en toile de fond, la politique de non-négociation par Israël, des révolutionnaires est-Allemands qui forment une alliance de circonstances avec des résistants palestiniens pour une prise d'otage qui fera d'eux des terroristes... Et le détournement de l'avion en Ouganda, pendant la dictature du fantaisiste (et réputé fou) Idi Amin Dada (qui a déjà eu son biopic improbable en 2006 avec Le dernier roi d'Ecosse, qui a valu son Oscar à Forest Whitaker... mais je m'égare).
Le film est à la fois réaliste, et extrêmement dérangeant. Pesons le pour le le contre...
Pour: Le film est perspectiviste! Il vous donne le point de vue des personnages et permet de comprendre de l'intérieur ce qui a amené la décision du raid. Pourquoi les révolutionnaires allemands sont dedans, pourquoi les résistants palestiniens s'engagent, pourquoi Shimon Peres met son poste en jeu avec cette opération, pourquoi le dictateur Idi Amin Dada va relâcher des otages... Chaque point de vue est éclairé par de multiples scènes explicatives. Donc lorsque la scène de fin arrive, la tension est montée mécaniquement: on sait pourquoi on est là et c'est prenant.
Contre: Ce qui est beaucoup plus dérangeant, c'est de filmer l'opération en faisant l'éloge des forces du Mossad de cette façon (en oubliant assez rapidement les 45 soldats ougandais dessoudés au passage, parce qu'ils gardaient l'aéroport... 45!) et en mettant sur un pied d'égalité les personnages. Les terroristes palestiniens ont autant de temps d'exposition que Shimon Peres, par exemple... Comme si le film jouait la neutralité tout en prenant parti pour Israël.
De plus, le film croit symboliser quelque chose en montant en parallèle la scène d'assaut et un spectacle de danse contemporaine joué en Israël au même moment... L'idée est qu'un des soldats de l'opération du Mossad est fiancé avec une des danseuses de la pièce. Elle se fait engueuler parce qu'elle n'est pas assez investie dans son rôle, lui manque sa cible à l'entraînement... Et au final: il va se dépasser pour mener l'assaut, et elle va se donner pleinement pour la pièce... Plusieurs dialogues nous ont montré que ce couple tenait grâce à des compromis qui nuisaient à leur carrière. Le sous-texte est clairement qu'on peut se dépasser, atteindre l'excellence en renonçant aux compromis... Ce qui permet l'achèvement de leur carrière, mais signifie aussi qu'ils vont se séparer.
C'est censé être un commentaire de la politique israélienne sur la non-négociation: s'ils ne négocient jamais avec les Palestiniens, Israël se transformera en prison, parce qu'il est enclavé par des pays de la Ligue des Nations Arabes, ouvertement anti-israélienne... Le film, dans son carton de fin racontant la suite de carrière d'Yztak Rabin et de Shimon Peres, indique un avenir optimiste: le sursaut de négociation et l'espoir d'un accord de paix avec les accords d'Oslo, au début des années 1990, qui leur vaudront le Prix Nobel de la Paix 1994 (partagé avec Yasser Arafat pour sa participation aux négociations). Des espoirs de paix qui s'envoleront en 2009 avec le gouvernement conservateur de Benyamin Netanyahu, dont le frère était justement le seul soldat israélien mort pendant la prise d'otage d'Entebbe: le film souligne que la mort de son frère marque l'entrée en politique de l'actuel Premier Ministre israélien.
Difficile, donc, à la fois de célébrer la démonstration de force du Mossad, et la possibilité d'un accord de paix israélo-palestinien... Ce film essaye de tenir une conclusion avec un double-propos contradictoire.


Deadpool 2: Critique sans spoils: Putain, mais c'est quoi la dubstep? Avec sa tonne de références culturelles et de gags, Deadpool 2 est la définition du fanservice décomplexé et assumé. Mais les personnages fonctionnent... presque.
[Spoiler]: Les scénaristes ont pété un plomb. Mais avaient-ils le choix? Deadpool ne peut pas mourir: essayez, au lieu de critiquer facilement, d'écrire une histoire avec un enjeu quand on vous colle un personnage principal qui ne peut pas mourir. Dans le premier film, on lui a donc filé une copine, qui n'existe pas dans les comics, mais qui a l'avantage de pouvoir crever normalement et constitue donc un enjeu dramatique (et Deadpool est à la fois un amateur de très belles femmes et un gros nerd, puisque sa compagne est jouée par Morena Baccarin... mais si: Inara dans Firefly, mais elle a aussi joué dans Stargate SG-1, Flash et Gotham, bref sa seule apparition suffit à déclencher des gémissements orgasmiques dans les conventions qui célèbrent la culture geek!)
Là, à grands renforts de facilités scénaristiques, on convoque aussi un collier magique qui permet de désactiver les mutations quand on le porte (après tout, on peut imaginer que ça dérive de la technologie anti-mutation développée dans X-Men 3). Cable vient du futur (mouais, on a déjà vu du voyage temporel chez les X-Men, donc pourquoi pas? Peut-être parce que le personnage avait de meilleures raisons de remonter le temps que celle présentée dans le film) et à la fin, Deadpool récupère son instrument de voyage dans le temps et l'utilise pour régler quelques problèmes dans la ligne temporelle des films Marvel. Le summum de la facilité d'écriture étant atteint avec le personnage de Domino, une mutante... Qui a de la chance. C'est tout. Quand on veut lui tirer dessus, le flingue s'enraye, quand elle lâche le volant, le véhicule se braque dans la bonne direction... Sympathique non? [/spoiler]
Mais le film fait le taf: une vanne toutes les 30 secondes, c'est l'abattage du rire et de la poilade obligatoire, avec des références geeks pour que vous puissiez dire: "j'ai compris la blague!" à vos voisins de sièges, incultes et dépités, qui contrairement à vous n'ont pas suivi la franchise Marvel en regardant tous les films depuis 2002 (peut-être parce qu'ils n'aiment pas le cinéma, ou parce qu'ils ont une vie, ces losers!)
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Re: Cinéma, télé, DVD...

#799 Message par Djez » 28 mai 2018, 22:52

Sur netflix, j'ai vu la série THE RAIN, du post-apo danois où l'on suit les aventures d'une nana et de son frère enfermé dans un bunker alors qu'une pluie contaminée décime tout le monde ; bien évidemment, nos deux héros finiront par en sortir et découvrir le monde post apocalypse... Une série classique mais plutôt bien faite, qui s'intéresse plus aux sentiments des personnages qu'à l'action où au spectaculaire. J'avoue que j'étais un peu dubitatif au début, mais finalement je me suis sincèrement laissé prendre par l'ambiance de la série. Malgré son côté "formaté télé", je l'a trouve plutôt bien rythmé et doté de son lot de suspense et de surprise. Une série très correcte pour les amateurs du genre !

J'ai aussi vu le film de zombi "sauce aborigène" CARGO, également sur netflix. On y suit le périple de Martin Freeman (The Hobbit, H2G2...) qui fait tout son possible pour trouver un lieu sûr pour les siens dans une Australie infestée de zombis. Loin d'un chef d’œuvre comme La Route, le film est tout de même cool à regarder, d'une part parce que Martin Freeman assure dans son rôle de père humain mais déterminé, et aussi parce que la narration sait rester suffisamment sobre pour ne jamais tourner au grotesque. N'attendez donc pas de déluge d'hémoglobine ou de fusillade à tout va contre des hordes de zombis, le film se concentre plutôt sur les (rares) vivants et comment ils vivent l'apocalypse. En résulte un film plutôt juste, qui s'il n'est jamais captivant, est toujours plutôt intéressant. Les personnages sont tous plutôt réussis et bien casté, et l'ambiance "bush australien" lui apporte une vraie originalité photographique. A voir pour les amateurs de films de zombis !
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Re: Cinéma, télé, DVD...

#800 Message par Tony bernouilli » 29 mai 2018, 20:27

Djez a écrit :Sur netflix, j'ai vu la série THE RAIN, du post-apo danois où l'on suit les aventures d'une nana et de son frère enfermé dans un bunker alors qu'une pluie contaminée décime tout le monde ; bien évidemment, nos deux héros finiront par en sortir et découvrir le monde post apocalypse... Une série classique mais plutôt bien faite, qui s'intéresse plus aux sentiments des personnages qu'à l'action où au spectaculaire. J'avoue que j'étais un peu dubitatif au début, mais finalement je me suis sincèrement laissé prendre par l'ambiance de la série. Malgré son côté "formaté télé", je l'a trouve plutôt bien rythmé et doté de son lot de suspense et de surprise. Une série très correcte pour les amateurs du genre !

J'ai aussi vu le film de zombi "sauce aborigène" CARGO, également sur netflix. On y suit le périple de Martin Freeman (The Hobbit, H2G2...) qui fait tout son possible pour trouver un lieu sûr pour les siens dans une Australie infestée de zombis. Loin d'un chef d’œuvre comme La Route, le film est tout de même cool à regarder, d'une part parce que Martin Freeman assure dans son rôle de père humain mais déterminé, et aussi parce que la narration sait rester suffisamment sobre pour ne jamais tourner au grotesque. N'attendez donc pas de déluge d'hémoglobine ou de fusillade à tout va contre des hordes de zombis, le film se concentre plutôt sur les (rares) vivants et comment ils vivent l'apocalypse. En résulte un film plutôt juste, qui s'il n'est jamais captivant, est toujours plutôt intéressant. Les personnages sont tous plutôt réussis et bien casté, et l'ambiance "bush australien" lui apporte une vraie originalité photographique. A voir pour les amateurs de films de zombis !
Maté les mêmes choses que toi :p
The Rain est sympa. Je l'ai regardé en VF car en danois ça fait vraiment bizarre. J'ai trouvé le rythme inégal et l'arrivé à la base finale très rapide. Après le danemark c'est pas les USA niveau superficie :D

Pour cargo me suis assez vite fait chier. Le début est bien mais très vite ça avance plus. Les humains survivants sont des stéréotypes vu 1000 fois. La présence d'aborigènes dans un film de zombies est le seul point positif.
Mention spécial aux 2 morsures de zombies les plus idiotes du cinéma :D
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