[Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

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Drahe
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[Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#1 Message par Drahe » 02 oct. 2017, 08:15

Je crée le sujet pour éviter de poster systématiquement dans le topic comptoir des infos à caractère scientifique.

Je vous mets une petite conférence, parmi les plus intéressantes du cycle "les mardis de l'espace des sciences", avec l'astrophysicien Jean-Pierre Bibring, qui parle de la planète Mars.

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La conférence contient pas mal de résultats récents (même si elle date d'avant 2014) et m'a permis une grosse mise à jour de ce que je pensais savoir sur Mars et son passé.

Notamment, si vous avez la flemme de regarder le tout, sautez directement à la 31e minute: il y a l'explication de l'erreur sur les supposés océans martiens (et pourquoi cette image d'artiste d'une Mars océanique est complètement erronée). Quels étaient-ils? De quand datent-ils? Quelles traces ont-ils laissé et pourquoi? Au final, c'est assez pessimiste pour les hypothèses d'une Mars "habitable" dans un passé lointain.
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Drahe
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#2 Message par Drahe » 09 avr. 2018, 01:49

Toujours sur l'astrophysique, quelques nouvelles de Mars avec cette mission de la NASA qui fait progresser les théories sur la formation planétaire.

https://www.nasa.gov/feature/jpl/marsqu ... ry-science


Une autre niouze qui pourrait fortement impacter ce que nous savons de la formation planétaire: l'observation d'exoplanètes, bien sûr. Le télescope spatial Kepler nous a déjà permis d'en découvrir un paquet (en examinant plus de 150 000 étoiles!) mais sa mission s'arrêtera bientôt, courant 2018.

Deux projets complémentaires sont en construction, des télescopes spatiaux spécifiquement dédiés à la recherche et l'observation d'exoplanètes:

Tess, un quadruple télescope spatial de la NASA, sera lancé ce 16 avril. Avec ses quatre appareils de diamètre moyen, elle devrait couvrir de belles portions de l'espace, mais ne pourra pas rester braquée trop longtemps (4 mois max) sur la même étoile.

L'ESA de son côté lancera Cheops, qui emportera un télescope de large diamètre (plus de 30cm), donc bien plus précis mais avec un champ de vision beaucoup plus étroit. Cheops ne devra pas découvrir des exoplanètes en observant beaucoup d'étoiles, mais se concentrer sur les étoiles dont on sait déjà qu'elles ont des planètes pour les observer plusieurs fois et analyser leur atmosphère par spectrographie.

Les deux appareils sont donc deux instruments complémentaires: un pour l'exploration et la découverte couvrant de larges zones du ciel, l'autre pour l'analyse de précision et l'approfondissement des données sur des étoiles précises.


Leur mission est de découvrir de nouvelles exoplanètes par l'observation des transits planétaires: la réduction de la lumière reçue lorsqu'une planète passe devant son étoile (autrement dit, nous observons des éclipses sur des étoiles lointaines). Cette méthode est très fiable et permet au passage d'analyser la signature spectrographique de l'atmosphère planétaire, donc d'en déduire partiellement la composition chimique (donc de savoir si une planète est semblable à la Terre ou non, et si son atmosphère comporte de l'oxygène). Mais c'est aussi un gros inconvénient: on ne peut constater la présence d'exoplanètes que si leur orbite passe entre leur étoile et le télescope, par un gros coup de chance.
Il existe une autre méthode de détection: observer l'effet Doppler dans l'émission de lumière d'une étoile lorsqu'elle bouge autour de son centre de gravité... Car elle ne bouge ainsi que si elle est perturbée par une planète massive. De cette façon, on peut en déduire la présence d'une ou plusieurs planètes sans les observer directement, donc sans pouvoir analyser leur atmosphère. Mais on peut ainsi confirmer la présence d'exoplanètes sur des étoiles bien plus nombreuses, pas seulement autour de celles dont l'écliptique se trouve miraculeusement alignée avec notre point d'observation.

Pour faire court: la découverte et le catalogage d'exoplanètes a rapidement progressé depuis 1999, mais l'année 2018 voit le lancement de deux appareils spatiaux complémentaires et spécifiquement dédiés à leur recherche et observation. On peut déjà spéculer que 1) la découverte d'exoplanètes va exploser fin 2018, avec des découvertes accélérées (car depuis les observations du satellite Kepler, rien ne permet de supposer que la formation planétaire soit un phénomène rare, il est bien possible que la majorité des étoiles aient des planètes) et 2) les découvertes pourraient bien perturber fortement ce qu'on pense savoir sur la formation planétaire. Les observations du satellite Kepler ont déjà montré qu'on trouvait facilement des planètes semblables à la Terre autour de petites étoiles, ou très proches de leur étoile, ce qui a remis en question la théorie préexistante.
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stoning
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#3 Message par stoning » 09 avr. 2018, 18:06

Les observations du satellite Kepler ont déjà montré qu'on trouvait facilement des planètes semblables à la Terre
je vais juste revenir là dessus, surtout sur le "semblable". Là on parle de ressemblance en terme de taille, de masse et de proximité avec l'étoile pouvant permettre la présence de l'eau à l'état liquide; ce qui, pour le coup, est plus explicite car ton raccourci, quoi que correct, est quand même un gros raccourci de cochon.

Pour ce qui est des exoplanètes, les découvertes sont très nombreuses et seul sont médiatisé les planètes susceptible de faire du "buzz" donc on en entends pas trop parlé mais c'est un milieu dans lequel pour le coup, la coordination scientifique entre les différentes branches marche plutôt bien ce qui lui permet d'être un milieu de la science qui fonctionne bien.
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#4 Message par Drahe » 09 avr. 2018, 20:16

stoning a écrit :Là on parle de ressemblance en terme de taille, de masse et de proximité avec l'étoile pouvant permettre la présence de l'eau à l'état liquide
On sait mesurer, avec les instruments actuels, la taille et la proximité d'une exoplanète avec son étoile. On peut aussi analyser le rayonnement filtré par son atmosphère pour en faire une spectrographie et en déduire la composition gazeuse de l'atmosphère. Mais pour la masse: non, on ne sait pas (pas moyen de la mesurer à distance). C'est d'ailleurs un gros problème, puisque la donnée est importante: peut-être qu'on a déjà trouvé de petites planètes telluriques qui sont en fait hyper-massives ou des géantes gazeuses anormalement légères... Mais on ne sait rien de leur masse pour le moment.
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stoning
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#5 Message par stoning » 10 avr. 2018, 17:43

On est d'accord que pour le moment savoir si une exoplanète est tellurique ou gazeuse est un peu complexe mais en se fiant à la taille approximative des celles-ci ont peu faire des estimations. Car dans le modèle "classique" les gazeuses sont toujours des planètes assez titanesques (il y a qu'a voir dans notre système, Jupiter a faillit etre une étoile hein^^) et les telluriques sont de taille plus modestes.
Mais encore une fois, c'est le modèle classique donc rien ne dit que cela soit la norme, cependant je pense que si une planète tellurique était "géante" cela pourrait poser de sérieux soucis à l'intérieur de son système; gravité en surface mais aussi par rapport au autre objet voisin notamment, sans parlé du fait de la lente, très lente, formation pour agréger le tout.

Cependant, pour revenir au sujet, le soucis pour le moment avec les exoplanètes observés, s'est la composition de celle-ci ainsi que la présence ou non de lune (certainement très importante dans l'apparition de la vie grâce au phénomène de marée). Après bon c'est pas comme si on en avait découverte une du coté de Sirius... ah si on me dit dans l'oreillette que c'est fait. Donc quand on arrivera à avoir des données très explicite sur celle-ci on pourra peut etre commencer à regarder plus loin. Sirius s'est un peu plus que 8 années lumière autant dire à coté à l’échelle de la galaxie du coup regardons d'abord nos voisins et après on pourra aller plus loin.
Commençons petit pour aller loin plutôt que s'épuiser à vouloir regarder loin et se perdre dans l'infinité de l'espace.
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#6 Message par Drahe » 11 avr. 2018, 04:29

stoning a écrit :On est d'accord que pour le moment savoir si une exoplanète est tellurique ou gazeuse est un peu complexe mais en se fiant à la taille approximative des celles-ci ont peu faire des estimations.
On peut effectivement estimer leur diamètre. Pour le moment, les astrophysiciens qui collaborent sur la mission Tess utilisent la classification suivante. Elle est un peu arbitraire, et varie légèrement d'un article à l'autre, mais ils s'en servent quand même pour qualifier les exoplanètes déjà découvertes avec le télescope spatial Kepler:

1 - Les joviennes, des géantes gazeuses semblables à Jupiter par la taille, qui font de 3.5 à 27 fois le rayon terrestre. On leur prédit une atmosphère très dense dans les zones chaudes.
2 - Les sous-Neptunes, des géantes gazeuses de taille similaire ou inférieure à notre Neptune (cette catégorie est majoritaire pour le moment dans les découvertes). Elles font 2.1 à 5.7 fois le rayon terrestre et on leur prédit une atmosphère dense dans les zones chaudes.
3 - Les super-Terres, des planètes telluriques plus grosses que notre planète (on découvre plus de super-Terres que de neptuniennes), qui font de 1.3 à 3.3 le rayon de la Terre. Elles sont intéressantes car on pense qu'elles peuvent abriter une atmosphère dense et capable de maintenir de l'eau liquide si elles sont dans la zone d'habitabilité de leur étoile.
4 - Les planètes comparables à la Terre, pour les planètes telluriques approximativement de 0.8 à 1.9 fois le rayon terrestre (qui constituent la plus petite minorité des découvertes). Elles sont les plus recherchées pour une raison évidente: elles pourraient abriter la vie telle que nous la connaissons si leur atmosphère est suffisamment dense et qu'elles sont dans la zone d'habitabilité de leur étoile.

A noter qu'il n'y a pas de catégorie pour des exoplanètes plus petites que la Terre (comme Mars ou Mercure par exemple). Pas parce qu'elles n'existeraient pas, mais parce qu'on ne les observe pas: elles ne font pas suffisamment varier la luminosité de leur étoile quand elles passent devant pour la sensibilité du télescope Kepler. On espère que Cheops saura détecter des corps célestes plus petits en examinant des étoiles déjà porteuses d'exoplanètes.
2e remarque sur cette échelle: il y a des zones qui se superposent! Une planète peut être qualifiée de Terrestre ou de Super-Terre dans cette classification, parce qu'elle tient compte des disparités entre les scientifiques, qui ont tendance à redéfinir l'échelle dans leurs articles. Pour le moment, cette classification est un peu lâche (mais comme je le disais au début: c'est légèrement arbitraire).



Puisque cette classification (sommaire, mais nécessaire vu le nombre d'exoplanètes découvertes) est utilisée par les astrophysiciens qui travaillent sur Tess pour la NASA, et qu'ils collaboreront avec les scientifiques de l'ESA pour croiser leurs données avec celles de la mission Cheops... On peut supposer que cette classification va devenir internationale très vite, se préciser et s'uniformiser dans un but de clarté des articles scientifiques.


Pour faire court: plus une planète est grosse et proche de son étoile, plus ses éclipses sont faciles à observer. C'est pour ça que la plupart des exoplanètes découvertes en premier sont des "Jupiter chaudes", des géantes gazeuses avec une orbite assez proche de leur étoile. Plus les instruments utilisés sont précis, plus on découvrira de planètes de petite taille ou éloignées de leur astre (mais peut-être pas les deux, en tout cas pas tout de suite).

Une classification beaucoup plus précise existe déjà, bien sûr (en fait, plein! Beaucoup de gens essayent de mettre en place une typologie des exoplanètes avec plus ou moins de pertinence, certains proposent même qu'on reprenne la classification inventée dans la série Star Trek). Mais en voici une plus plausible. On retrouve le même vocabulaire que dans les catégories utilisées par les chercheurs de la mission Tess. Problème massif: c'est une classification par masse, justement notre donnée manquante sur les exoplanètes, dont on ne connait que la taille. Du coup, elle est à considérer avec beaucoup de prudence: elle marche pour les planètes de notre système, mais les découvertes à venir pourraient bien la rendre caduque.
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#7 Message par Drahe » 31 juil. 2018, 03:18

Pour revenir sur le lancement de Tess (que j'ai regardé en direct sur le site de Space X, et c'était émouvant) et la chasse aux exoplanètes en général, ces nouveaux lancements prennent place dans une phase où le bon vieux télescope Kepler (le plus gros instrument de découverte d'exoplanètes) est en fin de vie, car très bientôt à court de carburant. Vous pouvez trouver tout un tas d'articles là-dessus sur le net, mais ce sont tous des resucées (j'adore ce mot!) de cet article publié par la NASA elle-même.


Pour revenir sur Mars, je n'ai pas eu les moyens de faire de longs commentaires au moment de la découverte (pas de PC pendant ma petite semaine d'escapade, je postais depuis mon portable), mais je veux réagir à cette "trouvaille" qui a fait la une pendant quelques jours: le fameux lac d'eau liquide sur Mars

D'une part, c'est une mauvaise illustration sur l'article du Monde, parce qu'elle vous montre l'équateur de Mars avec le superbe et très spectaculaire canyon de Valles Marineris, qui n'est pas du tout l'endroit où ce lac est supposé être. Non, le lac souterrain a été découvert près de son pôle sud, à un endroit qui ressemble plutôt à ça:

https://www.casimages.com/i/180731031351935269.jpg.html
Crédit photo: orbiteur Mars Express, E.S.A., 2004


Ensuite, et c'est très important: il y a tricherie sur le vocabulaire. Ce n'est pas un "lac", puisque l'étendue se trouve à 1,5km environ sous la surface de Mars. On pourrait parler de nappe phréatique... Et encore.

D'autre part, toujours dans le vocabulaire: c'est bien de l'eau... Mais de quel genre? Une eau très salée, bourrée de potassium ou d'autres minéraux pour se maintenir à l'état liquide. D'autre part, l'état liquide pourrait s'expliquer par la très forte pression, qui empêche l'eau de geler.

Des réactions sceptiques de la communauté scientifique, bien expliquées dans cet entretien avec notre Jean-Pierre Bibring préféré (un des responsables de Mars Express à l'ESA, et c'est la deuxième fois que je le cite dans ce topic, qui démarrait carrément par une de ses conférences de 2014, sur la présence d'eau à la surface de Mars).


Le lien suggéré par les journalistes, et par les scientifiques qui font ces communiqués (parce que toutes les erreurs du monde ne viennent pas QUE des journalistes), est le suivant: eau liquide = possibilité de la vie. C'est effectivement un lien que nous sommes entraînés à considérer, mais qui n'est pas suffisant. Encore faut-il la bonne acidité, la bonne pression, donc la bonne température de l'eau. Que de l'eau liquide soit présente sous la calotte polaire sud de Mars, ce n'est pas une réelle surprise dans la mesure où les scientifiques s'attendaient à une liquéfaction de l'eau en profondeur, due à la pression exercée par la calotte glaciaire. Mais cela n'a malheureusement rien à voir avec la possibilité de la vie telle qu'on la connaît (surtout si l'eau en question a une composition chimique très agressive).

Ce qui est en jeu ici, c'est l'orientation des futures recherches et missions martiennes. L'ESA et la NASA doivent-elles investiguer cette liquéfaction sous la calotte polaire, ou chercher dans des zones aujourd'hui arides, mais qui ont connu du ruissellement dans un passé très lointain?
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#8 Message par stoning » 31 juil. 2018, 18:13

d’après les articles scientifique que j'ai pu parcourir rapidement, je suis assez d'accord avec tous ce que tu cites; cependant il y a un point sur lequel je voudrais revenir, l'état liquide de l'eau.
Bien que cela soit probable, aucune preuve n'est encore suffisante pour confirmer cet état, cela va demander encore de nombreuses investigations bien que des pistes soit favorable (comme la pression que tu as cité). Après pour ce qui est de la vie, l'eau bien qu'indispensable, à la vie tel que nous la connaissons, n'est peut etre pas le seul liant permettant la vie; n'oublions pas non plus le rôle majeur de la lune et les marées qu'elles génère dans le process.
Cependant, SI l'état liquide de cette eau est confirmer je pense que le plus gros impact que cela provoquera sera certainement la possibilité de refaire le plein de la fusée car oui le carburant est souvent composé d'hydrogène et quoi de mieux qu'une jolie piscine de milliard de litre de flotte pour cela, ajouté a cela la plus faible gravité de Mars par rapport à la Terre et cela pourrait (omfg que j'aimerai ça) a terme nous permettre d'en faire une base de lancement avancée pour des missions plus lointaine du système...
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#9 Message par Drahe » 05 oct. 2020, 14:29

Ethologie du rat, pour Djez: L'étude n'est pas neuve (elle est même un peu vieillotte: 2011), mais il y a eu preuve expérimentale d'un comportement d'empathie chez un rat. Un rat placé prêt d'un autre rat emprisonné, dans une cage qui peut s'ouvrir avec un petit mécanisme simple, va apprendre le fonctionnement de la cage pour libérer son congénère.
Variante de l'expérience: ça marche aussi, même si la cage du rat emprisonné communique avec un autre vivarium et que les deux rats ne se verront plus.
Autre variante: Si on propose de la nourriture au rat libérateur, il va aussi libérer son congénère et lui mettre une croquette de côté... C'est assez édifiant.
Conclusion: nous assistons à un comportement d'entraide, qu'on peut facilement qualifier d'empathie, chez les rats.
Source: https://www.washingtonpost.com/national ... story.html


Astrophysique, pour tous les joueurs de Terraforming Mars et autres amateurs de SF: L'info a été largement commentée et amplifiée au-delà du raisonnable, il paraît qu'il y a des bactéries qui pètent de la phosphine dans les nuages de Vénus! Oui, de la phosphine (PH3), ce gaz toxique longtemps utilisé comme pesticide, brièvement comme gaz de combat. Le truc que Walter White utilise pour se débarrasser de dealers encombrants dans la saison une de Breaking Bad.
Source putàclic: le New York Times titre "De la vie sur Vénus? Les astronomes voient un signal dans ses nuages". Et sous-titrent: "La détection de gaz dans l'atmosphère de la planète pourrait tourner les regards des scientifiques vers cette planète longtemps ignorée par la recherche de vie extra-terrestre". Merci le New York Times pour faire exactement ce qu'il ne faut pas faire en journalisme: commencer par des grosses affirmations pourries et sous-titrer au conditionnel.
https://www.nytimes.com/2020/09/14/scie ... louds.html

En réalité, j'ai lu l'article paru dans Nature, qui est très pédagogique, et explique parfaitement que l'équipe d'astrophysiciens ne croit pas du tout à la présence de vie sur Vénus. Et ils l'expliquent sans ambiguïté.
Source: https://www.nature.com/articles/s41550-020-1174-4

Après avoir expliqué leurs méthodes, leurs mesures, leurs doutes et tout ce qu'ils ont envisagé par rapport à ces mesures, voici leur conclusion: il y a de la phosphine dans les nuages de Vénus, et on ne sait pas pourquoi parce que tous nos tests ont échoué à déterminer une origine certaine. Ils écrivent à la fin:

"Even if confirmed, we emphasize that the detection of PH3 is not robust evidence for life, only for anomalous and unexplained chemistry. There are substantial conceptual problems for the idea of life in Venus’s clouds—the environment is extremely dehydrating as well as hyperacidic. However, we have ruled out many chemical routes to PH3, with the most likely ones falling short by four to eight orders of magnitude (Extended Data Fig. 10). To further discriminate between unknown photochemical and/or geological processes as the source of Venusian PH3, or to determine whether there is life in the clouds of Venus, substantial modelling and experimentation will be important. Ultimately, a solution could come from revisiting Venus for in situ measurements or aerosol return."

Traduction: Même si elle est confirmée, nous soulignons que la détection de PH3 n'est pas une preuve solide de vie, seulement d'une chimie anormale et inexpliquée. Il y a des problèmes conceptuels substantiels dans l'idée de vie dans les nuages de Vénus - l'environnement est extrêmement déshydraté et hyperacide. Cependant, nous avons écarté de nombreuses voies chimiques formant de la PH3, les plus probables échouant par un facteur de 4 à 8 ordres de magnitude. Pour mieux déterminer s'il s'agit de nouveaux processus photochimiques et/ou géochimiques à la source de la PH3 vénusienne, ou pour déterminer s'il y a de la vie dans les nuages de Vénus, des modélisations et expérimentations conséquentes seront importantes. Au final, une solution pourrait être de revisiter Vénus pour effectuer des mesures sur place ou ramener des échantillons aérosols."

Vous l'aurez compris, les astrophysiciens derrière cet article ne sont pas des croyants dans l'hypothèse de bactéries qui pètent des pesticides interdits en France dans les nuages de Vénus. Mais ils demandent très clairement de la thune - des crédits de recherche, tout en appuyant l'ambition d'une nouvelle sonde vénusienne (bonne chance, puisque les dernières sondes sur Vénus n'ont pas survécu longtemps, c'est un fiasco de la NASA).

Le youtubeur Astronogeek a fait une très courte vidéo sur cette actualité déformée.

Bref, on ne sait pas s'il y a de la vie dans l'atmosphère de Vénus. Probablement pas, mais s'il y en a, une chose est sûre: elle pète du gaz de combat.
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#10 Message par Drahe » 11 oct. 2020, 13:33

Nobel 2020

https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html


Je résume, pour ceux que ça intéresse de loin, les Nobel scientifiques 2020 (je ne vais pas me prononcer sur le Nobel de littérature, qui est une immense bouffonnerie, ou sur le Nobel de la paix décerné à l'ONU pour son programme d'aide contre la faim). Je précise que j'écris ce petit résumé moi-même, ce n'est pas un copié-collé, je vous synthétise ici ce que j'ai lu et appris en écoutant les différentes interviews et émissions radios consacrées à ces découvertes.


Nobel de Physique: on salue cet objet hyper-massif qu'est le trou noir, de sa conceptualisation à ses observations.

Penrose, entre autres, est un des physiciens qui ont fait émerger l'idée de trou noir. Conséquence logique de la relativité général d'Einstein, les trous noirs sont une de ces aventures de la physique moderne, qui a su prédire sur le papier l'existence d'un objet complètement inédit, qui a été observé quelques années plus tard. Pas aussi impressionnant que le boson de Higgs, peut-être, mais quand même: il y a environ 60 ans, peu de gens croyaient aux trous noirs. Aujourd'hui, ils sont dans l'imaginaire collectifs et bien assimilés (joliment représentés dans Interstellar entre autres).

Ce prix Nobel récompense donc théoriciens et observateurs de trous noirs, pour leurs travaux de prédiction et leurs efforts expérimentaux pour l'observation. C'est mérité, bien sûr, mais ce sont de "vieilles nouvelles", des travaux qui ont déjà plusieurs décennies et qui sont déjà célèbres.


Nobel de Médecine: on félicite la victoire contre l'hépatite C.

C'est un message d'espoir, l'hépatite C a été découverte à la fin des années 70 et le traitement le plus efficace (95% des cas sont sensibles au traitement) est disponible à partir de 2011. On a donc découvert, identifié, cartographié le génome, traité et férocement combattu la maladie (elle pourrait raisonnablement disparaître dans les décennies à venir) en une seule génération. C'est inédit dans l'histoire de l'humanité et un Nobel ne fait que constater l'ampleur du changement. La prochaine étape logique, une fois la maladie en pleine disparition, sera de voir apparaître des négationnistes qui nous expliqueront sur Youtube que l'hépatite C n'a jamais existé et que tout ça était un complot pharmaceutique: ce sera le dernier symptôme de cette pathologie mourante.
Les trois lauréats sont particulièrement bien choisis puisqu'ils sont les chefs d'équipe qui ont chacun joué un rôle-clef dans la lutte contre l'hépatite C:

Harvey Alter, pour avoir identifié la maladie.

Michael Houghton a cartographié le matériel génétique du virus, ce qui a largement accéléré son étude et sa caractérisation.

Charles Rice, enfin, a accompli un travail de fourmi qui a directement mené à l'émergence d'un traitement. Il a consacré sa carrière à l'étude de la réplication du virus. En voyant que les méthodes classiques de réplication en laboratoire ne fonctionnaient pas sur l'hépatite C, il a mis au point de nouvelles méthodes capables de cerner la manière dont ce virus se réplique. Non seulement il a permis l'existence d'un traitement, mais ces connaissances sont transférables et sa manière d'aborder les outils de réplication en laboratoire peuvent inspirer des recherches sur d'autres virus.


Nobel de Chimie: le ciseau génétique CRISPR-CAS9 enfin récompensé par un Nobel, il fallait bien que ça arrive.

Les média mettent en avant ce Nobel entièrement féminin, ce que je vais écarter tout de suite: les femmes dans la science, et le chercheur estonien écarté du Nobel alors qu'il a bossé avec elles, et pourquoi pas un Nobel de médecine, puisque c'est de la biochimie? je m'en fous complètement. Le féminisme, les injustices sociales, les inégalités et les difficultés d'accès aux postes de recherche pour les femmes, tout cela sont des débats bien réels et significatifs, je ne les sous-estime pas. Mais comparés à la portée (littéralement permanente) de leur invention pour l'humanité, tous ces débats circonstanciels autour de ce Nobel sont totalement et absolument insignifiants. Je n'exagère pas: dans 10 000 ans, on se souviendra (ou on aura reconstitué la trace par l'archéologie) du CRISPR-CAS9.

Le ciseau génétique permet de remplacer une séquence d'A.D.N. par une autre. Avec une extrême précision et une efficacité redoutable, pour une technologie relativement peu chère. Ce qui signifie que l'industrie n'a pas attendu le Nobel pour apprendre que ça existait: le CRISPR-CAS9 est déjà utilité pour produire des O.G.M. On peut insérer des fragments d'A.D.N. pour modifier directement des organismes, c'est un bond technologique immense dans le champs des technologies du vivant en général.
Mais en médecine, c'est aussi l'opportunité de guérir définitivement des maladies génétiques. Puisque les gènes seront modifiés, la personne ET sa descendance ne seront plus affectés par leur mutation désavantageuse... Ce qui signifie que même si le traitement coûte cher, n'est pas accessible tout de suite, etc... Il est permanent. Si les personnes qui ont accès à ce traitement ont des enfants, ils cesseront définitivement de transmettre ces maladies.
Vous pouvez donc commencer à faire la liste des maladies héréditaires dans l'humanité: si une thérapie génétique commence à se pratiquer, elle éliminera la maladie à terme. Peut-être dans 12 ou 15 générations, on ne verra pas les conséquences de notre vivant. Mais l'édition génétique de l'humanité, la possibilité de sculpter notre propre génome et d'en enlever les tares qui traînent (maladie de Charcot, mucoviscidose, myopathie, nombre de maladies orphelines...), pour les sortir définitivement de notre bassin génétique.
Sans compter que, pour l'industrie, les applications sont encore plus nombreuses, puisqu'on peut resculpter le génome de nos sources de nourriture: riz, maïs, poulet, légumineuses et bétail pourront bénéficier d'éditions génétiques pour créer de nouvelles souches plus performantes, moins sensibles aux maladies et possédant de meilleures défenses contre les insectes. Le CRISPR-CAS9 permet de réécrire l'A.D.N. Les applications sont infinies, les bénéfices durables, les possibilités innombrables.
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Re: [Comptoir jdr] Science-fiction, donc science quand même

#11 Message par Drahe » 27 oct. 2020, 09:44

Une pensée pour Manapoule:

https://www.youtube.com/watch?v=nzl8LMQReoA

Cette conférence d'aranéologie vient d'être diffusée la semaine dernière par l'espace des sciences de Rennes. Elle cible les néophytes et montre pas mal de spécimens intéressants (et devient suffisamment technique pour intéresser les amateurs ou spécialistes). Par la biologiste Christine Rollard, qui travaille au Muséum d'Histoire Naturelle pour leur section d'arachnologie.
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